Point de vue d’ Alfred. Jour de Noel.Ma proposition acceptée à l’unanimité, dans un grand branle bas de rire, les hommes s’ installent pour dormir.
Le vieux lit de camps inconfortable casse mes os.
Un couple rejoint la salle de bain en pouffant.
Mais oui…mais non… ils vont nous entendre… mais non…viens…
Vraiment pas discret !
Ils sont jeunes. Qu’ils profitent…
Ça ne loupe pas… ils font un boucan d’ enfer. Les propos égrillard fusent.Les cartons s’ empilent dans l’ entrée.
Tout à coup, Philippe appelle avec des blbl paniqués.
Dans une pièce, il soutient tant bien que mal Joshua qui vacille. Il est d’ une maigreur effrayante.
Il a de nouveau dû arrêter de manger.
Une sœur ? Il a une soeur ?
Ses parents n’ en parlent pas.Monique nous presse, il neige dru là haut. Ça ne devrait pas tenir.
Je reste près de Joshua. Son teint livide ne me plait pas. Une larme coule sur sa joue. Il veut descendre seul, ses genoux le trahissent. Nathan le soulève sans difficulté.
Simon se rapproche , inquiet.
– Alfred, je ne le sens pas bien du tout. Tu es sûr ?
Je réfléchis quelques secondes. Que va t'il se passer pour lui à l'hôpital ? Ils sont sûrement débordés. Il va être tellement perdu.
– A part une perf et des prises de sang, ils vont lui faire quoi dans l'immédiat ?
– Tu as raison Alfred. Montez, mets le vite au chaud, je passe au cabinet et j’ arrive.Ses escarpins brillants sautillent dans la neige. Je l’ ai toujours connu sautillant, rieur. Il a eu son lot de misère aussi. Il prend toujours soin des autres. Trop parfois.
Si ces deux mâles se défient en permanence, ils le couvent du regard, des mains. Il le mérite bien. Deux pour un. Ça va jaser dans la vallée.Après un retour au pas dans la poudreuse accumulée sur la route, je grimpe le perron glissant. J’ entend un sifflement aigu, la tuile à loup. Les anciens positionnaient de façon bien particulière une tuile dans les tavaillons, au faîte du toit. Elle annonçait les grands froids apportés par les vents maudits du nord. Je crains que la tempête ne soit plus importante que prévu.
Le chauffage ne fonctionne plus. Les grandes dalles de pierre du sol sont glacées.
Ma cache de curé fait son effet.
J’ allume le charbon de bois de mon potager*, je mettrai l'eau à bouillir quand les braises seront bien rouges.
Simon installe une perf. Ma Lucie a terminé sa vie ici, j’ ai conservé une partie du matériel.
Simon est très inquiet, il marmonne , il aurait dû l’ emmener aux urgences, il n’ aime pas le sifflement de la tuile. Il peut encore le redescendre.
–Nathan reste avec moi, ne t'inquiète pas.
Ils repartent dans la tempête.
Au dessus, dans les tourbillons blanc, je vois la grosse lampe du belvédère de l ’hermitage s’ allumer.
Monique et Paul respectent la tradition.
Depuis la création de l’ hospice, lors des tempêtes, la grosse lampe guide les voyageurs perdus vers l’ abri de la maison.
J’ espère qu’ aucun inconscient, à part nous, n’ aura pris la route du col.Il pose un panier de bûches devant le potager.
– Je vais voir tes bêtes et redémarrer la chaudière.
En haute montagne, il faut souvent être bricoleur.
– Ramènes y du pot au feu de ta mère, au congel.
Je remplis deux bouillottes, je les fourre sous ses draps. Je le borde
Il me sourit, me dit qu’il m’ aime. Je ne sais pas trop quoi lui répondre. La pudeur de ma génération probablement.
Il s’ endort.
Jade, ma belle patou rampe au sol en gémissant. Je lui fait un signe, elle bondit sur mes épaules.
– Doucement ma belle, tu vas me faire tomber.
Soudain, elle renifle, file dans la cache. Elle tourne autour du lit en geignant.
– Oui ma belle, nous avons un invité.
Elle saisit délicatement sa main entre ses crocs, la secoue, jappe comme quand elle cherche une bête perdue.Là, j’ ai peur. Elle ne fait jamais ça. Elle se couche sur la descente de lit, les yeux rivés sur la couverture.
– Nathan, viens voir, Jade est bizarre.
Il l’ observe, l’ appelle, prend sa tension.
– Merde…merde… il est trop bas. Il est glacé. Tu as des oreillers ? Au moins cinq ou six ? Chez lui, il se couche dans un nid de coussins.
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Sortir
RomanceDepuis trois longues années, Joshua vit cloîtré dans sa chambre, volontairement. Il fait partie des invisibles, des hikikomori. Son rental brother ne peut plus l'accompagner. Un personnage inattendu, Alfred, va lui permettre d'ouvrir son cœur...