Ombre et lumière.

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– Tu décides de le garder ?

– Mmmmm….

Nos chaussures claquent sur le goudron. Nous sommes subitement passés de l’hiver à l’été. Il fait encore un peu frais avant que la canicule ne nous tombe dessus…
Enfin, 35 degrés à notre altitude fait haleter toute la vallée.

– Tu as bien réfléchi ?

Notre premier désaccord. Nathan ne veut pas que je reste famille d’accueil pour Anselme.

– Il est dangereux, instable, il ne fait aucun effort .

– Un mois, encore un petit mois, si la situation ne se débloque pas, je baisserai les bras.

Il accélère. Il fait la gueule ? Il oublie que j’ai autant de souffle que lui.

– Nathan….  Le juge lui a supprimé son téléphone. Il devra passer davantage de temps avec son groupe d’ activité…

- Ouais… pour qu’il le surveille aussi bien …
….
– Et si l’ autre organise une agression…il a ton adresse…

Il n’ a pas tord. Dans sa section d'éducation surveillé, il avait droit à un quart d’heure de conversation téléphonique surveillé avec son père. l'éducateur, surchargé, rassuré par les premiers appels avait baissé la garde, le laissant seul.
Aussitôt, le père était passé à l'attaque. Il avait obtenu notre adresse, jurant à Anselme qu’il viendrait le chercher chez ses dégénérés.

Après l’ avoir menacé du retour en prison en raison de comportement, le juge avait réussi à obtenir ses aveux.

Face à son air de détresse, devant son air désespéré à la mention de la prison, j’ ai proposé de le garder quelques jours. Le temps de lui trouver une place dans une autre famille, ou une structure mieux adaptée.

Le juge a posé des sanctions. Pas d'écran sans un adulte. Plus de clé . Travail d'intérêt général, il va aider à la maison de retraite quelques heures par semaine. Suivie psychologique renforcé. Heures de sortie encore plus limitées.
Une interdiction de séjour du père dans notre département.

En descendant , il m’ a sifflé un : sale pd , avant de se réfugier dans sa chambre.

Depuis quelques jours, l’ ambiance glaciale plombe notre groupe.

Il est impolie avec nos amis, claque les portes, rechigne aux corvées, refuse de saluer Nathan , sous le prétexte qu’il n’est pas son gardien.
Je dois régulièrement le réprimander sur le harcèlement envers Leila.
Céleste ne comprend pas pourquoi son copain le rabroue. Il n’ ose pas s’en prendre au petit, sinon, je l’ ai prévenu, retour à la case prison immédiatement.

Leila… quelle étrange bout de femme… j’oublie qu'elle n’a que seize ans.
À notre retour du tribunal, elle m’ attendait de pied ferme avec les trois registres et un panier de cerises.
J’ ai mieux compris le message de Monique sur le chemin du retour

📱 Sacrée gamine ! Elle doit avoir des ancêtres savoyards .

– Assieds toi s’il te plait.
J’ ai bien réfléchi. J’ accepte de tenir les comptes de la maison. Tu devras me dire pour les autres factures, Alfred les notait toutes.

Une écriture ronde, malhabile orne une page.
“Livre de compte de Leila.”
Pas de nom de famille. Elle porte celui de ses bourreaux.

–Tu peux signer ? Je te les montrerai tous les mois.

Je n’ai pas le temps de répondre.

–  Je voudrais reprendre le jardin potager.

Son doigt me désigne ses premières observations météos.

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