l' exposition.

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Je rallume mon téléphone. Une multitude de notifications, des pubs et surtout des messages. De mes parents, de mes amis, de l’office du tourisme, de Paul à propos d’un rendez-vous chez le notaire, de l'orphelinat. La juge veut que je la rappelle en priorité.
Je commence par mes parents.
Je suis enfin prêt à les entendre. Du moins à les écouter.
On décide ensemble d’un moment de partage.  Ils remettent en question leurs vies, notre éducation. Ils aimeraient bien la présence d’un modérateur. Si cela peut les soutenir, pourquoi pas. J’ ai aussi un service à leur demander, ma mère saute sur l’ occasion, je ne demande jamais. C'était difficile pour elle, cet enfant autonome, qui demandait peu, qui n’ aimait pas être câliné, toujours en mouvement.
Pour une fois, elle va pouvoir m’ aider.
Je raccroche, le cœur léger après une conversation sans tensions, sans reproches.

La salle à manger ! Exit les tissus, les épingles, les dessins, les meubles ont retrouvé leur place, leur austérité, j’ aimais ce joyeux désordre coloré, organisé.
Demain, elles s’en vont. Et Selim ? Toussaint ? Moi ?
Ce départ me saute à la figure, à la conscience. Il ne nous reste que quelques heures à vivre  ensemble.

Paul. Je lui demande de l’ aide qu’il m’ accorde bien volontier. Lui aussi voudrait que l’on parle de mon héritage. Il a fait de son mieux au jour le jour, il y a des décisions à prendre, les bâtiments n’ont pas éte très bien entretenu, et puis il y a ce projet de village médiéval, cela permettrait à quelques jeunes de rester dans la vallée, sans parler de l’ orphelinat et du manque de personnel.
Alfred , qu’ est ce que tu me demandes de résoudre ? Je regarde les étoiles, pas des toitures éventrées, je mesure en parsec, pas en mètre carré.

Je raccorde avec le temps des autres.
Mick descend les bagages, le frigo et le congélateur sont plein de boîtes. Ils sont heureux de retrouver leurs maisons, leurs chats et probablement leurs ébats, Philippe a eu un grand sourire à un chuchotis de son compagnon. Ils s'embrassent à pleine bouche avant de démarrer. Lola va être triste de ne plus avoir Lechien avec qui jouer.
Marilys veut absolument me voir en urgence demain matin.
Selim fait de mystérieuses pages de calligraphie.

Je respecte les consignes du cuisinier, un autre bol de bouillon avec une compote de pomme avant d’ aller me reposer.

Dans le salon, je découvre une console de jeu, le lit de camps encombré de vêtements, un Selim excité aux manettes.

– joshua, je viens de déménager dans le salon. Mme la juge est d’ accord. Tu l’ as eu au téléphone ?
J’ aurai dû te laisser ta chambre, tu n’ aurais pas eu froid dans cette tour. J’ ai mis un bâtonnet d’ encens et changer les draps.
Je m’ éloigne, ému, il bondit du canapé de nouveau absorbé par son jeu.
– Eh.. Joshua, prends une douche.
Ouaip, je le sais, je sens mauvais.

Je me réveille dans une agréable chaleur, mon dos s'appuie contre un torse fin, Toussaint et son petit pfff…pffff… Je suis bien entre ses bras, je m’enfonce un peu plus dans mon oreiller.
Pourtant, il ne voulait plus dormir ici.
– Bouge toi la marmotte. On a un vernissage tout à l’heure.
–Je ne veux pas y aller, trop bien ici.
Joueur, j’ enfonce mon bassin au creux du sien, en frottant mon nez contre sa main.
– Cindy va nous massacrer, elle a tout organisé. Et arrête de gigoter tes fesses.
– Mmmm… attends..je vérifie….mais oui…tu bandes…
En riant, il pince mon téton le plus sensible.
Et là… là où je ressentais si peu , mon sacrum se contracte sous une intense décharge …électrique ? Ce truc inouï  me fait gémir.
– Joshua ?
Je me tourne vers lui en mélangeant nos jambes. Il a ses yeux d’or, ses yeux de désir, perdu depuis notre arrivée dans cette demeure.
Je voudrais…je voudrais… ce mot est douloureux , chaque fois que je veux, je ressens la présence d’un interdit violent. Je dois rester derrière le mur de verre, si je sors , cela va être terrible, destructeur, je pourrais lui faire du mal.
Mon début d’ érection disparaît alors que la sienne pulse contre mon ventre.
Je descends vers elle, je renifle cette odeur tant aimée, parfum de l’onguent, de transpiration, de peau légèrement salé, je lui offre ma meilleure fellation sans vouloir comprendre, sans observer chaque soupirs, chaque contraction. Et puis, il y a toujours cet instant où il résiste, où j’insiste, où je deviens encore plus curieux, plus…intrusif ? J’ embrasse sa cuisse, l’ autre, je le laisse décider. Je pose ma tête sur le pli de l’ aine, je souffle dans les poils frisés. Il pousse son sexe entre mes lèvres, ses doigts crochètent les miens, son corps s’ arque, je ferme les yeux, dans mon ressentit, le mien. Et j’ aime ce que je ressens, un mélange de joie, d'excitation, de …plénitude ? Encore un reste de curiosité.
Je n’ aurai pas crû voir ses yeux encore plus dorés, des éclats de lumière les éclaire de l’ intérieur.
Instant tendresse. Je suis heureux, nous sommes heureux.
– Allez, zou, on se lève. Tu veux bien que je te coiffe ? Et si j’ aime bien ta barbe hirsute, ce côté homme des bois ne conviendra pas à la population bon chic bon genre d’un vernissage.

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