Le procès

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Le vrai Toussaint fait l’ amour comme il crée.
Un monde de douceur, d’ élégance, d’ imagination. Il n’aime pas particulièrement les pénétrations. Il préfère les long préliminaires, les baisers interminables, proche de ce que nous faisions, ma curiosité malsaine disparue, il s’ abandonne avec bonheur , je le tourne et le retourne pour honorer chaque chaque partie de ce corps, son accent chantant m’ encourage : “ là, oui exactement là, encore…”
Je me découvre patient pour le mener vers le plaisir à son rythme ,en recueillant son discret soupir de jouissance.
J’ explore les jeux de vêtements de nuit, en se tournant dans son sommeil, son pantalon descend un peu me dévoilant  le haut de ses fesses rondes, je défait deux boutons de son haut , partant à la recherche de ses tétons frissonnants.

Cindy a eu une idée bizarre. Relier la boutique et l’atelier par une vidéo. La clientèle adore. L’atelier un peu moins. Aussi l’ espace filmé est très réduit, la machine que j’ adapte en fait partie. Jacques , l’ ouvrier trisomique l’utilise souvent mais il a de la difficulté avec la vapeur qui l’ effraie. Pour l'instant, il porte un masque intégral en plasticlass et de gros gants. Pas confortable.

– Jacques, dis moi : qu’est ce qui est difficile ?

– qu’est ce qui est difficile ?

L'ouvrière proche de moi s’esclaffe devant mon air stupide.

– Tu ne dois pas lui dire : dis moi. Il fonctionne au premier degré.
Ah ?

– Jacques, est ce que tu peux encore  me montrer comment tu fais fonctionner la machine ?

– Tu es idiot ou quoi ? Tu n’ as pas compris ?

Je dois réfléchir différemment. Il ne pense pas comme moi.

Je chantonne une tarentelle en fixant mon attention sur ses gestes.

S’il pense autrement…il ressent autrement.
Donc, je ne dois plus me centrer sur : comment il fait , je dois chercher ce qu’il ressent.

J’ arrête de chanter.

– Pourquoi tu t’ arrêtes ? J’ aime bien quand tu chantes.

Je reprends. Frederic m’ a parlé d’empathie, pour lui je perçoit inconsciemment ce que ressentent les autres.

Si j’ essayais ?

– Tu connais le jeu Jacques a dit ?

– En chantant ?

Ne pas être exaspéré. Ma chanson lui plaît.
Je peu m’ adapter. Pas lui.

Et je commence à décomposer tous ces mouvements, à l'écoute de son corps.

– Jacques a dit : pose le feutre.

Et je poursuis ma litanie.

Putain, j’ai compris! La pédale ! Il a peur de tomber !

– Jacques a dit : pose le pied sur la pédale.

Une hésitation, il cherche son équilibre. En actionnant la pédale, il a peur de tomber en avant et de se brûler !

– Amélie , on a toujours le déambulateur d’ Aurélie ?

– Je te l’ emmène.

Dès que Jacques voit le déambulateur, il proteste.

– Je ne suis pas un papy !

Il boude.
Je reprends ma tarentelle en faisant quelques pas de la danse sautillante pour le dérider.

Joshua, n’oublie pas qu’il ne pense pas comme toi, ni les autres d’ ailleurs.

Je positionne le déambulateur entre la table et moi. Je lui montre.

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