Piège

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Dernier câlin dans notre lit. Le tumulte de la vie nous rattrape. Les patients de Nathan l’ attendent avec impatience. Selim doit arriver aujourd'hui.
Je me sens encore un peu mal à l’ aise d’ avoir laissé exploser mon désir avec une telle vio… Nathan dit intensité…
Un fracas interrompt mes cogitations. Et nous jette hors de notre bulle.

Une partie de la toiture de la chapelle vient de s’effondrer sous le poids de la neige.

– Et bien…toi qui te demandais par où commencer les restaurations… la nature a choisis pour toi.

Le ventre noué, je le regarde partir. Le jour pointe son nez, les premiers rayons du soleil font scintiller mille paillettes dans la neige. Toussaint et son regard émerveillé…
Je m’ en veux. Je viens de passer des jours extraordinaires avec Nathan, et je pense à un autre …
Vite refermer la porte de ce souvenir.

Deux éducateurs encadrent un Selim taciturne.
Il a beaucoup grossi, le visage fermé marque un temps de surprise en découvrant cette nouvelle cuisine encore spartiate, puis se rembrunit .
Où est mon Selim fier et altier ?
Un troisième homme se présente, un juge.

Je préviens discrètement Anisha par sms. Elle a préparé un petit cadeau de bienvenue.

– Selim,Tu pourrais au moins saluer , lui fait remarquer un éducateur que je ne connais pas. L’ autre reste silencieux

– Vas te faire foutre

Du grand Selim, retour un an en arrière.

– J’peux aller à la cheminée ?

Je le laisse faire.

– Vous laissez pas marcher sur les pieds, ce n’est pas un tendre.

Mon ancien collègue lève les yeux au ciel.

– Je ne comprends pas, il devrait être en prison ! Pas ici à se faire chouchouter.
Enfin, s’il a des appuis…

Il me sort par les yeux !

Par politesse, par respect pour les valeurs d'accueil de ce lieu, je leur tends le plateau de café.

– Tiens Selim, Mick a fait tes biscuits préférés.

Il ne bronche pas,recroquevillé, en alerte, la tête entre les bras.
Le connard ne se prive pas d’en croquer un.

– Il a refusé de signer son inventaire de sortie.
Sa place était déjà prise. On a été obligé de passer outre.
Voilà pour vous.

Il ouvre le sac de Selim sur la table, déballe ses affaires sans considération en énumérant le contenul.
Je coche au fur et à mesure

– Deux pantalons. Trois t-shirts, cinq caleçons, cinq paires de chaussettes…l'énumération est rapide.

– On peut vérifier de nouveau verifier ?

Mon collègue commence à avoir un petit sourire en coin. Selim redresse un peu la tête. Le juge nous observe d’un petit air intéressé.

– Pourquoi ? Tout est là.

– On recommence. Il manque un truc.

L’ instit spécialisé prend ses aises, bras croisés.
Je sais désormais d'où vient l'agressivité de Selim.

– Voilà, tout est là.

– je ne signe pas. Il manque un truc.

– Tu vas pas nous emmerder…

– Je te l’ avais dit…. La cuisinière l’a récupéré dans la poubelle. Elle est dans le coffre de la voiture, claironne l’instituteur.

– Ne sape pas mon autorité…

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