ma chambre

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Petite information.
J’ ai commencé à signaler les pensées à haute voix de Joshua.
Cela alourdit le texte.
Je mettrais donc un petit emoji en début de phrase pour le signaler.

–Vous êtes ...vous êtes… Joshua Gauthier ?
Le sopraniste ? J’ ai tous vos albums, j’ allais à tous vos concerts dans la région. Quel dommage que vous ayez arrêté ! Vous aviez une telle présence sur scène ! Et votre voix ! Vous m’ avez manqué. Vous savez que vous m’ avez donné envie de chanter ? Mes parents m’ ont emmenée à votre premier concert. Extraordinaire !
J’ etais adolescente, je n' avais pas assez de talent, j’ ai un peu fait les chœurs, et puis j’ ai préféré devenir professeur de chant.

– Excusez-moi.

– Jeton.

Philippe me passe mon pot. Ça commence à m’ enerver, pas Philippe, ni le pot.
Tous mes désolés, tous mes excusez moi, tous les c’est ma faute. Je me sens fautif pour tout, pour le chat noir sur la table, les habitudes de la maisonnée perturbées, ne pas aider à mettre ou débarasser la table, pour mon lit fait au carré par le soldat, pour embarasser le sol lorsque Matilde, l’ assistante menagére passe la panosse…

Le couple mène rondement les choses.
Prof de chant. Une charmante dame, Virginie, la petite quarantaine, toute en rondeur me fixe avec admiration, redevient rapidement professionnelle.

– Vous voulez reprendre les concerts ?
– Non, uniquement pour le plaisir.
Suis toutes une batterie de test, d’ abord, un air simple de mon choix, ma voix déraille un peu.
– Désolé.
– hum..hum…

Ouais, voilà un jeton…
puis des séries de vocalises.
– Quel dommage de ne pas avoir poursuivi votre entraînement…
Le pot s’enrichit d’une bonne dizaine de jetons, plus besoin des hum..hum..
Virginie,finit par demander à quoi correspond ce rituel.
L'explication  me vaut deux ou trois jetons de plus.

L’ ambiance est si différente de l’ appartement familial. Leur bienveillance naturelle m’ accompagne dans un quotidien simple, ils vivent leurs différences sans conflits.

Alena m’ a ramené les copies du livre sur l’ horloge. J’ affine ma traduction grâce à l’ aide ponctuelle de Philippe. Il y a quelques passages en…chinois. Les chats ronronnent près de lui pendant qu’il écrit.
Mick grimpe probablement une côte à vélo avec Lechien.

Qui croirait que la vie les a séparé pendant trente ans ? Ils se comprennent à demi-mots, d’un regard…

– Jetons!
Le nouveau jeu à la mode !

Ils ont fini par me convaincre de faire quelques achats.
D’ après Paul, je peux me permettre quelques dépenses, sans travailler, je suis un rentier, grâce aux placements judicieux d’ Amédée et au sens de l’ économie d’ Alfred.

J’ ai hurlé au chantage, si je n’ emménage pas ma pièce à vivre, je ne rentre pas chez moi.
Me voilà en train de surfer sur internet à la recherche d’un frigo. Bah…n’importe lequel fera l’ affaire. Que nenni, je dois penser à son utilisation future, qu’est ce qui me plaît, de quoi ai je besoin…
Je tombe en arrêt devant un énorme frigo americain. Un rêve de gosse. Ou de parfaite ménagère. Avec des étagères bien éclairées, un distributeur de boisson, un autre de glaçon, un grand congélateur. J’ hésite. Je n’ ai pas vraiment besoin de tous ces gadgets. Si, se moque de moi Nathan, glace pour ta cheville et distributeur pour les canettes de vitamines de Simon.
Une gazinière, et un micro-onde pour le lapin de Selim.
Au tour de la vaisselle.

– Pas d’ arcopal, claironne Philippe.
– De nouvelles gamelles, j’ en peux plus de tes trucs à l’ émail éclaté. Parole de cuistot.
– Déso…
– Jetons…

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