Faire la fête.

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–Alors ?
J’arrive de la gare.
Cinq voix féminines s’impatientent.
J’ enlace mémé Aurélie.
–Parfait, pas une épingle à bouger.
Bras dessus, bras dessous, en cercle, nous hurlons en sautant.

– Il vous a contaminé ?
Il est enfin sorti.
Éclat de rire général.
Aurélie s’empare d’un bras, moi de l’ autre; il résiste un peu, pas trop.

Je sens sa hanche dure contre la mienne, son bras autour de mes épaules. Le mien contre ses omoplates. Je suis heureux comme je n’ai jamais été heureux.

Tout à coup, il bloque le mouvement.
– Allonge toi par terre.
– Mais…
– Allonge-toi sur le dos.
Il reforme un cercle un peu plus loin.
Elles chuchotent , pouffent de rire..
Aurélie s’incline vers mon visage, hilare
– Regarde moi bien , beau gosse.
Les autres m’ encerclent.
Quatre mains sous les épaules et les côtes,  quatre sous le bassin  et les cuisses, Aurélie et Cindy s'agrippent à mes genoux et à mes chevilles.
– Vous allez faire quoi là ? 
Je panique
– Un, deuuux, trooooiiiixxx…
Je m’ envole vers le ciel.
Je reviens au sol pour mieux m’ envoler….plusieurs fois.
Remis de ma surprise, je pousse un cri sauvage.
– J ’y crois paaaaaa…
Puis
– On a réussiiiii
Puis
– Merciiiii…

Elles me reposent au sol, pliées de rire.
Je bondis dans les bras de Joshua. Emporté par mon élan, je parcours son visage de bisous, je finis par sa bouche. Gourmand, la bouche ouverte, mes lèvres emprisonnent les siennes, ma langue fonce d’une commissure à l’ autre.
— Houououou…
Les voix surexcitées et son corps raidi me ramènent à la réalité. Il a toujours évité le plus petit de mes bisous

Je cesse mon mouvement, je lâche mes cuisses.
Un temps de flottement, il resserre sa prise.
– T’as d’beaux yeux tu sais.
…….
– Arrête de les rouler dans tous les sens et embrasse-moi…
……
– Houououou….
Je fonds sur cette bouche si désirée.
Avant de baisser les paupières, j’entrevoie cet éclair curieux. Je l’ ignore. Pas de demi mesure, puisqu’il est d' accord, je le dévore, vorace, exigeant. À l’ extérieur, à l’ intérieur, ivre de son goût, de son odeur.
Une érection bien carabinée me ramène sur terre, au propre et au figuré.
Je le lâche pour fuir.
Mamaaa… si tu me voyais…
Il me retient.

Je suis choqué.
Aurélie et Amélie se tiennent l’ entrejambe, malicieuses, goguenardes, en riant aux éclats.
Les plus jeunes les regardent, interloquées.
Très vite, Cindy les imite, en faisant un mouvement de va et vient obscène. Les deux autres n’ en reviennent pas.
– Mémé !!!! Maman !!!!!
Je me retourne contre lui, écarlate. Il maintient d’une main mon visage dans son cou, l’ autre descend sur mes fesses, me colle à lui par petites pressions.
Pas besoin du bois bandé de ma mère.
Il me semble que…. Il me semble que…lui aussi ?

– oh, il y a des chambres pour ça , clame Alice qui a fini par se dévergonder.
Aurélie en rajoute.
– Ce n’ est pas l’ heure de mettre le Jésus dans la crèche.
Mais qu’est ce qu’elle dit !!!!!
Joshua se fige, cette raideur annonciatrice de porte close.
Il me serre plus fort.
Des hoquets soulèvent sa poitrine. Il pleure ? Il pleure à chaudes larmes.
Les rires et les quolibets s'éteignent.
– Petit, excuse moi, j’ ai été trop vulgaire.
….
Un gémissement lui répond.
– Boudu , fils, je ne voulais pas te faire du chagrin.

Les larmes redoublent.
Il bredouille , je crois entendre : Alfred, Nathan..
Je ne sais pas qui ils sont.
Il ne parle jamais d’eux.
Cindy pose sa tête sur son épaule. Les autres font pareil tout autour de nous. Un cocon de tendresse. On se berce ensemble. On ne lui demande rien.

Il s’ apaise.

–C’est pas tout.
Cindy rompt le cercle.
–On a une surprise pour toi.
–J’ai aussi une surprise pour vous.
–D’ abord nous.
Main dans la main nous rejoignons la boutique derrière elles.

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