Le cœur lourd, je me suis retrouvé confronté une fois de plus à ce personnage exaspérant. Marlon, avec son égo surdimensionné, devait choisir parmi trois tenues pour un évènement important où il allait être récompensé. Je finis de préparer les tenues lorsqu'il arrive, habitué à sa propre grandeur, arrive avec son arrogance habituelle. Ses premiers mots, teintés de son mépris, résonne dans l'atelier. Sa présence n'est jamais un régal, mais je m'efforce de rester professionnel malgré tout.
- Salut la grosse tu es toute seule ? cracha-t-il.
- Bonjour Marlon, oui Stephan est en réunion pour un prochain défilé. Tes tenues sont sur le portant là-bas près de la cabine.
Après lui avoir indiqué où elles se trouvent, il se dirige vers celui-ci. Il les enfile l'une après l'autre, se regardant avec complaisance dans le miroir. Je l'observe en silence, attendant ses commentaires qui ne tardent pas à arriver.
- Je sais que je suis beau, mais, tu peux arrêter de me regarder en plus, tu baves !
- Ce n'est pas toi que je regarde et je ne baverais pas pour toi, ce sont tes tenues que je contemple pour voir si tout va bien.
- Je sais encore m'habiller et Stephan a toujours fait du bon boulot.
Mon agacement monte, mais, je garde mon calme, bien que difficilement.
- Et ça recommence, il me gonfle dis-je dans ma barbe.
- Qu'est-ce qu'il y a encore !
- Rien
- Ben si, tu marmonne dans ta barbe, si tu as quelque chose à dire dis-le, sois franche.
- Tu veux vraiment que je te dise la vérité! Je te le répète encore une fois, ce n'est pas Stephan qui les créer en lui montrant les tenues.
- C'est qui alors, le pape ?
- Putain, mais tu te moques de moi en plus, c'est MOI !
- Mais bien sûr et la marmotte mets le papier d'alu. Tu n'as pas cet art dans les mains.
- Ah ouais et j'ai quoi alors !
- J'ai bien vu la dernière fois comme c'était moche.
- Je venais de commencer.
- J'espère que tu as vite arrêter. C'est ce que tu as de mieux à faire en plus tu fais perdre ton temps.
Son manque de respect envers mon travail et son attitude dégradante font éclater ma colère refoulée depuis longtemps. Je me retiens de le traiter de tous les noms.
- Ben tu sais quoi, c'est bon, tu as gagné. J'en ai marre, J'ARRETES TOUT ! TU VIENS DE METTRE MON REVE EN MIETTE !
Dans un élan de colère et de désespoir, je quitte l'atelier en courant, percutant maladroitement l'épaule de Stephan qui venait tout juste d'arriver. Mon regard embué de larme trahi toute frustration accumulée. Au moment où j'allais tomber, il me retient et comprend rapidement la situation et soupçonne l'implication de Marlon dans cet épisode. Sa réaction est immédiate, demandant où se trouve l'autre, conscient que cela aurait pu être à cause de lui que j'ai atteint ce point de rupture.
- J'en peu plus j'arrêtes. Je suis désolé Stephan de te laisser en plan. Je vais envoyer ma démission.
- QUOI, MAIS CA NE VA PAS ! Réfléchi avant de faire cette connerie. Rentre chez toi, te reposer et l'on en reparle. Il est où l'autre car je pense que c'est à cause de lui.
Je pointe du doigt la porte de l'autre pièce, puis je quitte l'atelier, submergé par un mélange de sentiments confus.
Le trajet vers chez moi était empreint de confusion et d'amertume. Les larmes continuaient de rouler sur mes joues, reflets de ma déception et de ma colère accumulées C'est comme une secousse sismique dans ma vie professionnelle. Les émotions tourbillonnent en moi, c'est comme si la porte que j'avais ouverte se refermait en un claquement de doigt laissant des souvenirs et des rêves éparpillés.
Cette journée marque un tournant, laissant derrière moi une partie de moi-même épuisée par des années de confrontation et de mépris. La décision de partir, bien que prise dans un moment de désespoir, était peut-être le début d'une nouvelle trajectoire, une possibilité de redéfinir mes priorités et de retrouver la sérénité dans un environnement plus sain.
En entrant chez moi, le silence ambiant semblait amplifié par le poids de ma décision. Je m'effondre sur le canapé, laissant la réalité de ma démission précipitée m'envahir. La voix de Stephan résonnait dans ma tête, tentant de me faire prendre du recul, de réfléchir posément avant de tourner le dos à des années de travail.
Alors que j'immerge dans mes réflexions, mon téléphone vibre. Je m'essuie les yeux avec ma manche et regarde le message. Je n'arrive pas bien à le voir à cause de ma vue trouble. C'est un message de Stephan, demandant si je vais bien et insistant sur l'importance de discuter avant de prendre des décisions irréversibles.
La soirée passe lentement, entre pensées tourbillonnantes et les larmes qui continuent de couler. Je n'ai même pas faim tellement j'ai l'estomac nouer. Je finis de m'endormir épuiser sur mon canapé entouré de mouchoir mouillés de mes pleurs.
Le lendemain, au réveil, avec une tête lourde et le cœur encore meurtri, après une nuit très agitée, je prends une profonde inspiration des larmes coulent toujours sur mon visage.
Je me sens vidé, déchiré entre l'envie de tout abandonner et le besoin de ne pas laisser Marlon et ses manières dégradantes avoir le dernier mot.
Je décide de ne pas envoyer ma démission immédiatement, mais plutôt de prendre le temps nécessaire pour réfléchir à mon avenir professionnel sur le pour et le contre. J'ai besoin de peser les conséquences de cette décision sur ma carrière et de trouver un moyen de ne pas laisser Marlon avoir le dernier mot et de ne surtout pas faire de bêtise en abandonnant mon rêve.
Le chemin à venir va être difficile, parsemé d'inquiétudes et d'incertitudes mais, j'ai désormais la certitude que cette étape douloureuse est-elle.
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Tu es ma haine
RomanceSophie une étudiante en stylisme va gagné le concours que son école organise. Elle va devoir créer pour Marlon un mannequin de renommé. Celui-ci la déteste sans la connaitre. Il va tout faire pour qu'elle arrête la mode.