Et puis, un soir, sans que je l'aie vraiment vu venir, tout change. Nous sommes assis dans ce café où nous avons pris l'habitude de nous retrouver, et la conversation coule, comme d'habitude, autour de sujets légers, sans importance. Mais il y a quelque chose dans l'air, une tension différente, presque palpable.
Marlon se tait un instant, regarde sa tasse de café comme s'il y cherchait les mots qu'il peine à formuler. Puis il lève les yeux vers moi, et je sens que ce moment est différent. Ce n'est pas comme les autres fois où nous avons frôlé ce sujet sans l'aborder. Cette fois, c'est comme s'il avait décidé de ne plus détourner les yeux.
- On doit parler de..., dit-il finalement, sa voix basse mais ferme.
Je sens mon cœur battre plus fort, et tout mon corps se tend, prêt à encaisser ce qui va suivre. Je savais que ce moment arriverait, mais je ne me suis jamais vraiment préparée à y faire face.
- Cette nuit... On n'en a jamais parlé, continue-t-il, en me fixant de ce regard qui semble vouloir percer toutes mes défenses. Et je ne sais pas ce que ça signifie pour toi, mais pour moi, c'est toujours là. Ça m'a fait réfléchir. À nous, à ce qu'on est, à ce qu'on pourrait être...où si cela va tout gâcher
Ses mots restent suspendus dans l'air, et je sens le poids de sa confession m'envahir. J'ai envie de répondre, de lui dire que moi aussi, je pense à cette nuit, que moi aussi, je me pose des questions, mais les mots restent coincés dans ma gorge.
- On fait semblant depuis trop longtemps, ajoute-t-il, visiblement plus à l'aise maintenant qu'il a commencé. Je pense qu'on a besoin de savoir où on en est vraiment, tous les deux. Parce que ce silence, il nous tue, il nous empêche d'avancer.
Je prends une profonde inspiration, essayant de calmer la tempête intérieure qui menace d'éclater. Je sais qu'il a raison, qu'il est temps de faire face à la réalité, d'affronter ce que cette nuit a déclenché. Mais je suis aussi terrifiée à l'idée de perdre ce que nous avons réussi à reconstruire.
- Tu as raison, dis-je finalement, ma voix à peine audible. On ne peut pas continuer comme ça. Mais je ne sais pas ce que ça signifie non plus... Ce que je veux vraiment... »
Il hoche la tête, comme s'il comprenait exactement ce que je ressens.
- On n'a pas besoin d'avoir toutes les réponses tout de suite, répond-il doucement. Mais on doit en parler, essayer de comprendre ensemble. Parce que je tiens trop à toi pour laisser ce non-dit tout gâcher.
Je sens la tension dans l'air se densifier, comme si le poids de ce que nous nous apprêtons à dire était presque trop lourd à supporter. Mais il y a aussi un étrange soulagement, une sorte de libération imminente, comme si parler enfin de cette nuit pouvait nous permettre de reprendre notre souffle.
Je plonge mon regard dans celui de Marlon, cherchant du courage dans sa sincérité, dans cette détermination à ne plus fuir.
-D'accord, » dis-je, ma voix plus stable maintenant. Je pense qu'on a tous les deux besoins de savoir où on en est, de comprendre ce que tout ça signifie. Parce que, honnêtement, cette situation me pèse aussi.
Il esquisse un léger sourire, un sourire qui mélange la nervosité et une sorte de reconnaissance.
- Je suis content que tu le dises, répond-il. Parce que je n'aurais pas pu continuer à faire semblant indéfiniment. Chaque fois que je te vois, je me demande ce que tu penses vraiment, si tu ressens la même chose que moi... ou si cette nuit n'a été qu'une erreur à oublier.
Ces derniers mots résonnent en moi, et je réalise que c'est ce que j'ai craint aussi, qu'il considère cette nuit comme un faux pas regrettable. « Je ne pense pas que c'était une erreur, » dis-je doucement. « Mais je ne sais pas non plus ce que ça aurait dû être. C'est comme si cette nuit avait brouillé les cartes entre nous, et je ne sais plus quoi en faire. »
Marlon acquiesce, et pendant un moment, un silence s'installe, mais cette fois, il n'est pas pesant. C'est un silence d'acceptation, comme si nous avions franchi une première étape en admettant enfin ce qui nous tourmente.
- On pourrait essayer de comprendre ce que ça signifie, propose-t-il après un instant, sa voix pleine d'une hésitation timide mais résolue. Prendre le temps de vraiment parler, de ne rien précipiter, mais aussi de ne plus rien fuir.
Je sens une lueur d'espoir naître en moi, même si l'incertitude est toujours présente.
Oui, » dis-je en le regardant droit dans les yeux. Je pense qu'on devrait faire ça. Voir où ça nous mène.
Nous restons là, dans ce café, à contempler ce chemin que nous venons d'ouvrir, un chemin incertain mais nécessaire. Il n'y a plus de masque, plus de faux-semblants. Ce soir, nous avons choisi la vérité, même si elle est encore floue, même si elle nous fait peur. Ce moment, je le sens, est un tournant.
Peut-être que cela ne nous mènera nulle part, ou peut-être que ce sera le début de quelque chose de plus grand, plus profond. Mais quoi qu'il en soit, nous avançons ensemble, prêts à découvrir où ce chemin nous conduira, avec la promesse de ne plus rien laisser dans l'ombre.
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Tu es ma haine
RomanceSophie une étudiante en stylisme va gagné le concours que son école organise. Elle va devoir créer pour Marlon un mannequin de renommé. Celui-ci la déteste sans la connaitre. Il va tout faire pour qu'elle arrête la mode.