Promesse

4 2 1
                                    

Marlon me regarde encore, son sourire toujours ancré sur ses lèvres, mais cette fois teinté d'une certaine douceur, presque vulnérable. Il s'étire légèrement dans sa chaise, ses doigts jouant machinalement avec la tasse de café encore chaude devant lui.

– Tu sais, commence-t-il après un long silence, je n'ai pas souvent des journées comme ça... des journées où tout semble s'aligner.

Sa voix est plus grave, plus posée, comme s'il confiait une pensée qu'il n'avait pas l'habitude de partager.

Je ne dis rien, mais je hoche la tête doucement, le regardant avec une compréhension muette. Je sais ce qu'il veut dire. Nous avons tous ces journées où rien ne presse, où rien n'est compliqué, où le monde extérieur semble s'éloigner juste assez pour que nous puissions respirer pleinement, vivre l'instant sans entraves. Et c'est exactement ce que je ressens en ce moment.

Le brunch se termine dans une légèreté silencieuse, entre quelques sourires, des regards furtifs et des éclats de rire discrets. Marlon débarrasse la table, insistant pour que je reste assise, me demandant de profiter encore un peu du moment pendant qu'il finit de ranger. Je l'observe, appréciant ce côté attentionné et minutieux qui émerge chez lui. Chaque geste est empreint de cette délicatesse tranquille qui semble faire partie de sa nature.

Le soleil, maintenant haut dans le ciel, inonde la cuisine d'une lumière vive, rendant les ombres plus nettes, les couleurs plus éclatantes. Je me lève finalement, incapable de rester à ma place plus longtemps. Je le rejoins à l'évier, attrapant un torchon pour l'aider à essuyer les quelques assiettes. Il me jette un regard amusé.

– Ah, tu ne peux pas juste te détendre, hein ?

Je souris, haussant les épaules.

– Disons que je préfère être utile, je réponds en riant doucement.

Nous travaillons ensemble en silence, dans une coordination silencieuse qui ne demande pas d'effort, comme si nous avions l'habitude de ces gestes communs. Quand tout est rangé, il pose le dernier verre sur l'étagère et se tourne vers moi, me fixant de ce regard intense que je commence à bien connaître.

– Tu sais, dit-il en s'appuyant contre le comptoir, je me dis que cette journée, elle est comme une sorte de... de promesse.

Il semble chercher ses mots, hésitant.

- Pas une promesse qu'on doit tenir, mais plutôt une promesse de ce que pourrait être la vie, parfois. Simple, douce.

Sa voix s'éteint, et je sens le poids de ses pensées qui m'atteignent.

Je m'approche de lui, sentant le besoin de combler la distance qui nous sépare. Mes mains glissent instinctivement dans les siennes, nos doigts s'entrelacent à nouveau.

Il baisse les yeux vers nos mains entrelacées, un léger sourire flottant sur ses lèvres. Son regard devient pensif, presque rêveur, et je sens qu'il est en train de réfléchir à ce qu'il vient de dire. Moi aussi, je me laisse emporter par ses mots. Cette idée de promesse, non pas comme une obligation, mais comme une possibilité, une vision de ce que la vie pourrait être... elle résonne en moi de façon inattendue.

– Une promesse... de simplicité, de douceur, je murmure presque pour moi-même, comme si dire ces mots à voix haute les rendait encore plus vrais.

Il hoche doucement la tête, relevant le regard pour le plonger dans le mien. Il y a une lueur dans ses yeux, quelque chose de fragile mais plein de sincérité, une vérité qu'il tente de partager. Je sens qu'il y a quelque chose de plus profond derrière ses paroles, quelque chose qu'il n'ose peut-être pas encore formuler complètement.

– Oui, c'est ça, répond-il doucement. Tu sais, je me suis souvent dit que la vie devait être compliquée, que pour que les choses aient de la valeur, il fallait toujours se battre, se débattre même. Mais aujourd'hui... je ne sais pas, c'est comme si je découvrais que parfois, c'est dans ces moments-là, ces moments simples et inattendus, qu'on trouve quelque chose de précieux.

Je ne peux qu'être d'accord avec lui. Aujourd'hui est l'un de ces rares jours où tout semble en harmonie, où chaque détail, aussi banal soit-il, prend une importance particulière, comme si le monde entier s'était mis en pause pour nous laisser vivre pleinement cet instant.

– C'est vrai, dis-je en me rapprochant un peu plus de lui, ma voix à peine un souffle. Peut-être qu'on complique trop les choses, que parfois, il suffit juste de s'arrêter, de prendre le temps...

Il me regarde avec une intensité douce, ses mains se resserrant autour des miennes, comme s'il voulait prolonger cet échange, cet instant partagé. Puis, lentement, il relâche une de mes mains pour la porter à son visage, caressant doucement ma joue du bout des doigts. Ce geste, tendre et silencieux, me fait fermer les yeux un instant, savourant le contact, la chaleur de sa peau contre la mienne.

– Tu me fais voir les choses différemment, murmure-t-il. Avec toi, c'est comme si tout prenait un sens, même les petites choses... comme faire la vaisselle ensemble ou partager un simple repas.

Je souris, touchée par ses mots, et je dépose ma main sur la sienne, l'encourageant à rester là, dans ce moment de vulnérabilité qu'il me confie.

– Moi aussi, Marlon, dis-je avec une sincérité que je ne cherche même pas à cacher. Avec toi, je me sens... plus légère. Comme si tout devenait plus simple, comme si le monde extérieur n'avait plus d'importance.

– Tu sais... je crois que c'est la première fois depuis longtemps que je me sens vraiment bien, dit-il doucement. Sans pression, sans avoir l'impression de devoir prouver quelque chose. Juste... bien.

Son regard se plongeant dans le mien avec une intensité qui me fait battre le cœur un peu plus fort. Il semble absorbé par mes mots, par cette vérité que nous venons de partager, sans fioritures, sans barrière. Il se penche légèrement, son visage s'approchant du mien, et je sens son souffle contre ma peau, chaud, rassurant. Nous restons ainsi, à une fraction de seconde l'un de l'autre, dans cette bulle où plus rien d'autre n'existe.

– Tu n'as aucune idée de l'effet que tu me fais, murmure-t-il, presque comme un aveu. C'est comme si, avec toi, je pouvais enfin être moi-même, sans jouer de rôle, sans essayer d'impressionner qui que ce soit.

Ses mots me touchent profondément, faisant écho à mes propres sentiments. Avec lui, je me sens enfin libre, libérée du poids des attentes et des faux-semblants. Il y a une simplicité dans notre lien qui me rassure, une authenticité que je n'avais jamais trouvée ailleurs. Je souris doucement, me laissant porter par cet instant de vérité partagée.

Je lève doucement ma main, la posant sur son épaule, mes doigts effleurant sa peau à travers le tissu léger de sa chemise. Il ferme les yeux un instant, comme s'il savourait ce contact, comme si chaque geste, chaque toucher avait un poids plus grand, une signification plus profonde.

Tu es ma haineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant