La première semaine passa assez rapidement. Nous nous appelions assez régulièrement, échangeant des nouvelles et partageant nos journées bien remplies. Chacun de nous semblait pris dans l'effervescence du travail, le rythme quotidien absorbant notre attention et réduisant la distance entre nous. Nos conversations étaient souvent brèves, mais elles suffisaient à maintenir ce lien fragile, cette proximité que nous avions instaurée malgré la distance.
Nous venions tout juste de raccrocher, nos voix encore résonnantes dans nos pensées, et je sentais cette connexion, si palpable même à distance. Pourtant, ce soir, une certaine impatience s'insinuait. Il ne restait plus que quelques jours avant son retour, mais ces derniers semblaient vouloir s'étirer indéfiniment.
Le travail m'occupait l'esprit, mais il ne suffisait plus à calmer cette légère fébrilité. Les projets se succédaient, les dossiers s'empilaient, et pourtant, il me semblait que l'attente, en arrière-plan, dominait tout le reste. Nos conversations, aussi banales soient-elles parfois, apportaient une chaleur bienvenue, un rappel constant de sa présence malgré l'éloignement.
Et chaque soir, en raccrochant, cette petite boule d'excitation mêlée d'angoisse revenait me serrer la poitrine. Dans quelques jours, enfin, il serait là.
Un soir, seule dans l'atelier, le cliquetis régulier de ma machine était la seule chose qui rompait le silence. La lumière tamisée baignait la pièce d'une lueur douce, presque apaisante, tandis que mes mains s'activaient machinalement sur le tissu étalé devant moi. Mes pensées, quant à elles, vagabondaient.
Soudain, une main sur mon épaule me fit sursauter. Mon cœur fit un bond dans ma poitrine, comme si le monde extérieur venait brutalement s'immiscer dans ma bulle. Je me retournai rapidement, encore un peu désorientée par la surprise.
C'était lui. Son sourire chaleureux, celui que j'avais tant imaginé ces derniers jours, s'étendait sur son visage. Ses yeux brillaient d'une lueur amusée en me voyant aussi surprise. Mon esprit, pendant une fraction de seconde, eut du mal à comprendre. Il était là, devant moi, plus tôt que prévu, et je ne savais pas si je devais rire, pleurer, ou simplement rester figée dans cet instant irréel.
— Surprise, murmura-t-il doucement, comme s'il craignait de briser ce moment suspendu. -Toujours aussi concentrée, à ce que je vois.
Mes mains, encore crispées sur le tissu que je manipulais, glissèrent lentement le long de la table. Je ne trouvais pas mes mots. Tout ce que j'avais préparé mentalement, toutes ces phrases que j'avais imaginées pour notre retrouvaille, semblaient s'évaporer. Il était là, en chair et en os, et rien d'autre n'avait d'importance.
Je me levai, presque sans réfléchir, et dans un élan, je me jetai dans ses bras. Cette étreinte, tant attendue, tant espérée, effaça d'un coup tous mes doutes et mes craintes. Le monde sembla se dissoudre autour de nous, ne laissant que nous deux, enfin réunis. Le bruit sourd de la machine derrière moi s'évanouit, tout comme les pensées qui avaient hanté mes soirées.
Nous restâmes là, sans un mot, savourant simplement la réalité de ce moment.
Le silence de l'atelier n'était plus qu'une toile de fond à cette étreinte, où tout semblait si simple et naturel. Nos respirations s'accordaient, lentement, et je sentais le battement de son cœur contre le mien. C'était comme si le temps avait suspendu son cours, comme si l'attente, les appels à distance, n'avaient jamais existé.
Après ce qui sembla être une éternité, je me détachai légèrement, juste assez pour plonger mon regard dans le sien. Il y avait dans ses yeux une douceur familière, mêlée à une étincelle de malice.
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Tu es ma haine
RomanceSophie une étudiante en stylisme va gagné le concours que son école organise. Elle va devoir créer pour Marlon un mannequin de renommé. Celui-ci la déteste sans la connaitre. Il va tout faire pour qu'elle arrête la mode.