Première page

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Le lendemain de l'avant-première du film, Stephan entre en courant dans l'atelier avec des journaux dans la main.

- Qu'est-ce qu'il t'arrive, pourquoi est-tu excité comme une puce ?

- Toi, tu n'as pas vu les journaux. Regarde ça ! cria Stephan en agitant les journaux sous mon nez. On parle de toi et Marlon partout !

Je pris un des journaux qu'il me tendait et lus rapidement les gros titres. "Nouveau prodige du cinéma : Marlon et sa mystérieuse styliste éblouissent lors de l'avant-première". Mon cœur ratait un battement. Les photos de Marlon et moi ornaient les pages de plusieurs journaux, capturant des moments de la soirée précédente. Mon esprit tourbillonnait.

-Incroyable, murmurai-je en feuilletant les pages.

Stephan souriait de toutes ses dents.

- Bon, il y en a quelques-uns qui vous voient en couple.

- On est juste ami.

- Je le sais, mais, qui sait peut-être un jour.

- Nous sommes trop différents.

- Peut-être, mais vous êtes bien en raccord tous les deux, répliqua-t-il en me lançant un clin d'œil.

Je soupirai en reposant le journal sur la table. Les articles étaient flatteurs, mais ils ajoutaient aussi une pression supplémentaire. Être sous les feux de la rampe signifiait que chaque geste serait scruté, chaque mot analysé.

Je pris une profonde inspiration, essayant de calmer le tumulte dans mon esprit. Les journaux avaient créé une histoire sensationnelle, et l'idée que Marlon et moi formions un couple faisait sourire Stephan.

- En tout cas, ça ne fera qu'attirer plus d'attention sur votre travail, dit Stephan en haussant les épaules.

- Oui, mais je n'aime pas qu'on invente des choses sur ma vie privée, répliquai-je en refermant le journal.

Stephan me regarda avec bienveillance.

-Tu sais, dans ce milieu, tout est une question de perception. Ce qui compte, c'est ce que tu fais avec cette attention. Vous avez tous les deux un talent immense. Utilisez cette lumière pour briller encore plus.

Je savais qu'il avait raison. Il y avait une opportunité, malgré l'inconfort que cela pouvait engendrer.

- Tu as raison, admis-je finalement. Nous devons rester concentrés sur notre art, lui pour le cinéma et moi, pour la mode.

- Exactement, dit Stephan avec un sourire encourageant.

Je roulai les yeux avec amusement.

- Bon, assez parlé de ça. On a du travail à faire, dis-je en m'éloignant pour retourner à ma table de travail.

Stephan me suivit, toujours souriant. Nous nous remîmes au travail, les articles des journaux posés sur le côté, comme un rappel silencieux de notre succès récent et des défis à venir. Tandis que je m'immergeais dans mon travail, je sentais la détermination se renforcer en moi. Nous étions sur le point de créer quelque chose de grand, et rien ni personne ne nous détournerait de notre chemin.

Je soupirai, réalisant à quel point notre succès allait attirer toutes sortes de spéculations. Juste à ce moment, mon téléphone vibra. Un message de Marlon.

- C'est Marlon, dis-je à Stephan avant de lire le message. "Tu as vu les journaux ? C'est fou, non ? On peut se voir à l'atelier pour discuter de tout ça ?"

Je tapai rapidement une réponse. "Oui, j'ai vu. À tout à l'heure."

- Il arrive bientôt, ajoutai-je en rangeant mon téléphone dans ma poche.

Stephan hocha la tête avec enthousiasme.

- Parfait. Vous allez sûrement avoir des propositions de projets à la pelle. Il va falloir être sélectifs. Tu deviens une star maintenant.

Je hochai la tête, sentant à la fois l'excitation et la pression de la situation. Notre petit atelier allait devenir le centre de bien des attentions.

- En attendant, il faut qu'on finisse les tenues pour le prochain shooting, dis-je en me dirigeant vers la table de travail. On ne peut pas se reposer sur nos lauriers.

Stephan me suivit, toujours souriant.

Tu as raison. C'est ce qui fait de vous des professionnels. J'espère que personne ne te proposera un contrat alléchant et que tu partes ?

- Je n'ai aucune envie de partir. J'aime travailler avec toi, tu m'apprends beaucoup et nous formons un duo de choc.

- Ҫa c'est sûr. A ce rythme, l'entreprise va surement te proposer un contrat définitif. Ils ne voudront pas perdre une perle comme toi.

- Je ne pense pas.

Alors que nous nous remettions au travail, la porte de l'atelier s'ouvrit à nouveau, laissant entrer Marlon, l'air aussi abasourdi que moi plus tôt.

- Salut, lança-t-il avec un sourire nerveux. C'est la folie dehors. Il y a pleins de photographe à l'entrée du bâtiment.

Je lui tendis un des journaux.

- Oui, regarde ça.

Il feuilleta rapidement les pages, ses yeux s'agrandissant à chaque mot.

- Wow... c'est... c'est énorme, murmura-t-il, presque sans voix. C'est bien la première fois que l'on met la personne qui m'accompagne en avant. Je suis désolé pour ce que je t'inflige. Je vais demander que quelqu'un t'accompagne quand, tu seras seule. Ce sera juste le temps que cela se calme. On ne sait jamais ce qui peu arrivé.

- Merci, Marlon, dis-je, touchée par son souci pour ma sécurité. Je n'avais pas pensé à ça.

- Pour le couple, tu veux que je fasse un démenti ?

- Si tu veux vraiment en faire un, fais-le. Sinon, laisse-les penser ce qu'ils veulent, cela te donnera du travail en plus pour pas grand-chose. Ils ne te croiront pas. Nous on sait la vérité et c'est ce qui importe. Si tu veux vraiment en faire un, fais-le.

Marlon hocha la tête, pensif.

- Je pense que tu as raison. Mieux vaut laisser les gens penser ce qu'ils veulent. Ça finira par se tasser. L'important, c'est que nous restions concentrés sur notre travail.

Stephan, toujours à l'écoute, ajouta :

- C'est exactement ça. Les rumeurs vont et viennent. Ce qui restera, c'est votre talent et ce que vous accomplissez. Alors, prêt Marlon pour le shooting de demain ?

Marlon et moi échangeâmes un regard complice.

- Absolument, répondit-il. Pour une fois, je n'ai pas de pot de colle avec moi.

La journée s'écoula rapidement entre les préparations pour le shooting, les ajustements de dernière minute. Chaque moment semblait plus chargé que le précédent, mais une énergie nouvelle nous portait.

Le soir venu, alors que nous terminions les derniers préparatifs, Marlon se tourna vers moi.

- On va y arriver, tu sais. On a déjà surmonté tellement de choses ensemble. Ce n'est qu'une étape de plus.

Je souris, rassurée par sa confiance.

- Oui, on va y arriver. Ensemble, on peut tout affronter.

Stephan, qui rangeait ses affaires, nous adressa un sourire complice.

- Vous formez une équipe incroyable. Je suis fier de travailler avec vous surtout depuis que tu n'es plus ce petit con arrogant.

Nous quittâmes l'atelier ensemble, laissant derrière nous les mannequins habillés et les croquis éparpillés. À l'extérieur, la fraîcheur de la nuit nous accueillit. Les rues étaient calmes, un contraste saisissant avec l'agitation de la journée.

Tu es ma haineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant