Chapitre 14

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« -Mais t'es incroyable toi ! Je vais pas te violer quoi, merde ! »
Je ne réponds pas. Il commence donc à me masser l'épaule, il s'applique beaucoup, tandis que je suis très gênée, je sens que je rougis beaucoup et cela m'énerve, je n'arrive pas à contrôler ça, contrairement à toutes mes émotions. J'essaie de me raisonner : je ne suis qu'en débardeur, plein de filles sortent en débardeur, et puis Evan me masse juste l'épaule. Je le connais depuis plus de deux mois, il a toujours eu de bonnes intentions envers moi.
Et pourtant je suis gênée. Je n'aime pas mon corps, et je ne peux accepter qu'un autre que Jared le voit.
Bien que je n'aie pas vraiment le choix avec Jared...
Il passe à l'autre épaule.
« -Faut pas être gênée comme ça Brinou !
-Je suis pas gênée !
-Ah oui, c'est pour ça que t'es toute rouge !
-Pff.
-T'es mignonne comme ça, je devrais te masser plus souvent ! dit-il en riant, tandis que je rougis encore plus.
-Tais-toi ! lui dis-je.
-Haha, j'ai trouvé ton point faible !
Il s'approche un peu de moi tout en caressant ma joue.
-D'ailleurs Brinou, tu savais que ce débardeur moule bien ton joli petit corps !
-Evan ! dis-je en lui donnant une petite tape sur la joue.
-Haha ! J'adore faire ça, tu rougis trop facilement ! dit-il en riant. »
Je ne réponds pas, bien que je sois assez amusée par la situation.
Il a fini de me masser l'épaule, mais aucun de nous ne se lève.
« -Je vais reprendre la muscu. Lui dis-je d'une traite.
-Quoi ?! dit-il en fronçant les sourcils.
-Il y a une A.S. muscu au lycée, je vais m'inscrire, et reprendre celle proposée par mon club de gym.
-Et ça va te faire combien d'heures de muscu tout ça ?!
-5.
-Tu peux pas faire ça !
-Tu ne m'en crois pas capable c'est ça ?
-Non, c'est pas ça, c'est que... enfin tu vois de quoi je parle... dit-il en regardant mes mains. »
Bien sur que je vois de quoi il parle, mais je ne l'admettrai jamais.
« -Non, je ne vois pas ! Je suis totalement capable d'en faire, j'avais juste arrêtée parce que ça me prenait trop de temps, mais cette année mon emploi du temps est mieux organisé !
-Pourquoi tu mens ?!
-Je ne mens pas !
-Tu veux maigrir encore plus ?!
-Qu'est-ce que tu sous entends là ?!
-La vérité, tu le sais très bien !
-J'ai pris ma décision, de toutes façons.
-Je te surveillerai.
-T'es pas mon père, ni ma mère que je sache !
-Je m'en fous !
Petit silence.
-On devrait peut être soigner ton œil... dit-il plus calmement.
-Mon œil va bien.
-T'es vraiment têtue !
Il m'attrape par le bras, plus doucement cette fois-ci, et se dirige vers la cuisine, puis revient après avoir mis des glaçons dans un sac plastique, le tout dans une serviette. Il me fait asseoir sur le canapé, se penche, et dépose soigneusement la poche sur mon œil, ce qui me fait un peu mal au début, puis devient plus agréable.
Puis je sens les lèvres d'Evan se poser contre ma joue.
« -A quoi tu joues ?! lui dis-je, sans bouger car il tient la poche de glace sur mon œil.
-Je joue pas, je te fais un bisou.
-Nuance !
-C'est juste une marque d'affection amicale, je fais jamais ça à mes copines.
-Ouais bah moi j'aime pas les marques d'affections !
-Menteuse ! Je sais que ça te dérange pas quand ça vient de moi. »
Mais comment sait-il ?!
« -Oui ok mais alors pas souvent, et rien de plus que ça d'accord ? Je suis avec Jared.
-ça, j'avais cru comprendre ! »
Je ne réponds rien, il passe la glace sur d'autres endroits de mon visage.
« -Bon, avoue que la fête était sympa quand même !
-Oh, la fête en soit je l'ai passée sur le balcon avec Loan, c'était super !
-Pour changer ! marmonne-t-il.
-Qu'est-ce que t'as ?
-Rien. On se refera ça !
-Ah non ! Jared était furieux quand il l'a appris ! »
Immédiatement, je regrette d'avoir dit ça, et le regard d'Evan change.
« -Alors vous vous êtes vus ! Vous vous êtes vus et il t'a frappée !
-Mais non !
-Il t'a pas loupée cet enfoiré !
-Parle pas de lui comme ça ! Il lèverait pas la main sur moi.
-Tu me prends pour un con, t'as déjà oublié que j'étais là quand il t'a giflée ?
-Il n'avait pas fait exprès...
-C'est grave ce qu'il fait, tu te rends pas compte !
-Vanou... dis-je pour le calmer.
-Je laisserai pas faire ça, tu verras bien ! »
Je croise les bras et regarde la télé, pendant qu'il continue à me mettre de la glace sur le visage.
Soudain, la porte d'entrée s'ouvre et laisse apparaître mes parents. J'ai oublié de regarder l'heure, et je n'ai pas trop envie de confronter Evan à mes parents... Il se lève.
« -Bonjour ! dit Evan.
-Dis-donc Ambre, depuis quand ramènes-tu ton copain à la maison ?! Et Jared, ce n'est pas correct vis-à-vis de lui ! dit ma mère.
-Heu, je ne suis pas son copain madame, je m'appelle Evan et je suis un camarade de classe d'Ambre. »
Il se dirige vers mes parents pour leur dire bonjour, tandis qu'ils le regardent, le dévisagent presque. Je suis mal à l'aise pour Evan.
« -Je vous prie de m'excuser pour le dérangement, je m'apprêtais à partit !
-Non, restez donc dîner, de manière à ce qu'on apprenne à connaître le genre de personne que fréquente Ambre à présent, dit mon père en me fusillant du regard. »
Je mets la table avec l'aide d'Evan, pendant que ma mère prépare le repas. L'ambiance est tendue. On passe à table, Evan assis à côté de moi.
« -Alors, Loan c'est ça ? demande ma mère.
-Euh, non, Evan.
-Oui, Evan, vous êtes en quelle classe ?
-En 1ère S- esabac, tout comme Ambre. Mais vous pouvez me tutoyer, madame.
-Non, sans façons. Vos parents sont mariés ?
-Oui.
-Et quel est votre nom de famille ?
-GAUVRIT-ONGARELLI.
-Oh, intéressant, j'imagine que votre mère est italienne.
-Exact.
-Et cela ne vous pose pas de problème de fréquenter Ambre en sachant qu'elle est avec Jared ? demande soudainement mon père.
-Papa ! je m'écrie.
-Ambre, n'en rajoute pas s'il te plait ! dit-il.
-Non monsieur, puisque la relation qu'Ambre et moi entretenons n'est que purement amicale, répond calmement Evan.
-J'espère que vous n'avez jamais imaginé ne serait-ce que la toucher ? dit mon père, le regard légèrement menaçant. »
A ma grande surprise, Evan rougit très légèrement.
« -Euh, non bien sur que non, dit-il, embarrassé. Je respecte votre fille. »
Mon père le dévisage, et continue son plat.
« -Ambre, j'aurais besoin que demain tu t'occupes du ménage et du repassage, et que tu emmènes certains de mes vêtements à la blanchisserie demain, dit ma mère.
-Mais maman, demain j'ai les régionales de gym !
-Tu ne m'en as pas parlé !
-Mais si ! Deux fois...
-Ce n'est pas la peine d'y aller si c'est pour finir sixième comme l'année dernière, rends-toi utile au lieu de te ridiculiser. »
Je baisse les yeux vers mon plat, pour éviter de croiser le regard d'Evan.
« -Mais maman, l'important c'est pas d'être le meilleur en permanence, ce que je veux c'est progresser... dis-je. »
Elle ne répond pas. Je me lance alors pour lui annoncer ma décision, chose que je n'aurais jamais du faire devant Evan.
« -J'ai décidé de reprendre la muscu, dis-je. L'AS coûte vingt euros.
-Mais tu as perdu la raison ! Tu veux retourner à l'hôpital ?! dit ma mère en haussant la voix. »
Un lourd silence. Evan me regarde avec insistance, mais je ne peux pas croiser son regard.
« -Maman... dis-je doucement.
-Quoi, quel est le problème ? C'est parce que ton ami est là ? Bien, mettons les choses au clair à présent ! Evan, ma fille est une anorexique, vous savez, ce genre d'écervelée qui se fait vomir le soir, qui saute des repas et qui fait de la musculation seule dans sa chambre ! Voici le vrai visage d'Ambre, une fille qui a reçu la meilleure des éducations possibles, dans un milieu de vie optimal, et qui a été assez stupide pour sombrer là-dedans. Et maintenant, que veut-elle ? Reprendre la musculation ! »
Un silence pesant s'abat sur la pièce. Comment a-t-elle pu dire une chose pareille devant Evan ? Je commence à trembler, trembler d'angoisse, mais également de colère et d'humiliation.
« -T'as... t'as pas le droit... T'as pas le droit de dire ça ! »
Je sens les larmes me monter aux yeux. Tout mais pas ça. Je pars de chez moi en courant, couverte de honte. Ce qu'il y a de pire de ma vie, dévoilé devant Evan, alors que je ne voulais pas qu'il le sache. Je voulais que cette maladie soit derrière moi, dans mon passé, et qu'Evan n'y soit jamais confronté. De plus, les paroles très dures de ma mère m'ont beaucoup blessée. D'habitude, elle n'ont plus trop d'impact sur moi, mais cette fois-ci, elle est allée trop loin dans ces paroles. Elle savait parfaitement à quel point cette maladie est mon point faible et que je souhaite qu'elle reste secrète. Elle sait parfaitement à quel point je peux être sensible à ce sujet.
Je la hais pour avoir fait une telle chose, et je hais mes parents pour en plus de ça s'être montrés hostiles envers Evan, sans raison.
Je m'arrête finalement de courir, et appelle la première personne qui me vient à l'esprit :
Loan.

"Même les méchants rêvent d'amour."Où les histoires vivent. Découvrez maintenant