Nous nous réveillons tôt, une fois de plus. Je n'ai pas très bien dormit. Je me suis réveillée pendant la nuit, j'ai eu l'impression d'entendre des gens crier dans la rue. Mais ce n'était qu'une illusion.
Evan dort encore, avec sa main sur mes fesses. Je me demande s'il le fait exprès. C'est une curieuse manie.
Je me dégage doucement de son emprise et me lève. Il fait froid. Je mets le chauffage. Je vais dans mon salon et allume la télévision. On ne sait jamais.
Dans son communiqué revendiquant les attentats, Daesh a évoqué des attaques dans le dix-huitième. Nous craignons donc tous que ces attaques soient à venir dans les prochains jours.
Je prépare des crêpes pour le petit déjeuner. J'aime bien faire plaisir à Evan. Il fait tellement d'efforts pour moi, j'essaie de lui rendre la pareille. Tout ce qu'il fait vaut bien plus que des crêpes, mais beaucoup de petites intentions comme celle-ci rendent le quotidien différent, j'en suis persuadée.
Alors que je prépare le café, sur le gaz (à l'italienne), j'entends les pas d'Evan qui se rapprochent de moi. Je lui souris et termine le café. Il pose ses mains sur mes hanches et me prend dans ses bras.
« -T'aurais dû me réveiller, je t'aurais aidée, dit-il.
-Le but était de te faire plaisir, gogole.
-Tout de suite de l'agressivité, dit-il en riant. T'es une vraie tigresse en fait.
-Bon, va t'asseoir dans le salon, j'arrive.
-Non, je t'aide.
-Non, tu t'assieds.
-Non, je t'aide.
-Non, tu t'assieds.
-Non, je t'aide.
-On va continuer longtemps comme ça ?
-Jusqu'à ce que tu me laisses t'aider.
-J'amène juste des crêpes et du café, j'ai pas besoin de ton aide pour ça !
-Mais t'es pas la bonne.
-Toi aussi des fois tu fais ça.
-J'aime pas me servir de toi...
-Mais tu te sers pas de moi, roh ! Allez oust ! »
Il part dans le salon, à contrecœur. Je mets tout sur un plateau et le lui apporte, dans le salon. Evidemment, il mange beaucoup de crêpes, comme à son habitude. Alors qu'il est à sa troisième, j'en suis déjà à ma première.
« -Mais comment tu fais pour manger aussi vite ? je demande en riant.
-Mais c'est trop bon ! dit-il la bouche pleine. »
Nous mangeons, puis nous nous habillons.
Nous nous préparons pour aller à République. Nous prenons un tissu blanc assez épais, et avec une peinture spéciale, j'y écris « I'vo gridando pace, pace, pace – Petrarca, Il Canzoniere » (« J'irai crier Paix, paix, paix ») tandis qu'Evan écrit « Quest'è il fiore del partigiano morto per la libertà » (« C'est la fleur du partisan mort pour la liberté », dernière phrase de la chanson antifasciste italienne Bella Ciao)
Nous allons à République, mettre des bougies et des fleurs.
Nous sortons, il y a un fleuriste au bout de ma rue. Nous achetons quelques fleurs, de couleurs vives. Quelques rues plus loin, nous trouvons une petite boutique où nous achetons quelques bougies. Puis nous prenons le métro jusqu'à République.
VOUS LISEZ
"Même les méchants rêvent d'amour."
Teen FictionVoici l'histoire d'Ambre Bourgeois-Ferricelli, seize ans, première scientifique dans un bon lycée parisien, résidant dans le centre de Paris au sein d'une famille riche. Elle excelle en cours, en sport et a même un petit ami. Rien ne semble l'attei...