Chapitre 20

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Ce chapitre est assez violent, j'espère que ce n'est pas excessif. 

Je sors, la brise fraiche de l'hiver vient fouetter ma peau, contrastant avec la chaleur de mon corps due à mes efforts physiques. Led Zeppelin dans mes oreilles, je ne pense à rien, j'admire la beauté de Paris la nuit, les immeubles Haussmanniens et les lumières.
Malgré mon épuisement, je mange rapidement et m'avance dans mon travail. Malgré ma réconciliation avec Evan, je ne quitte jamais mon objectif des yeux : être la première, la meilleure. Ma musique classique à fond dans les oreilles, je fais des exercices supplémentaires pour être sure de dépasser Evan en mathématiques.

Mon réveil sonne, mais je n'ai pas l'impression qu'il soit à côté de moi. J'ouvre les yeux, je suis effectivement toujours sur mon bureau, devant mes exercices inachevés.
Je me rends en cours, le dos endolori à cause de ma nuit assise.
Alors que je m'apprête à sortir du cours de mathématiques, le professeur me retient.
« -Je voudrais vous parler un court instant, à propos de vos méthodes de travail, dit-il.
-Elles sont mauvaises ? je demande.
-Non, vos résultats sont excellents. Mais votre professeur d'anglais et moi-même avons observé un comportement quelque peu inquiétant chez vous.
-Si vous parlez de mon dossier médical, je ne suis plus malade ! je réponds, sur la défensive.
-Il ne s'agit pas de ça. Je pense que vous travaillez trop, vous semblez vous mettre une pression énorme.
-C'est faux !
-Je dis ça pour votre bien ! Je suis inquiet lorsque je vous vois, vous semblez fatiguée et jamais assez satisfaite de vos résultats. Je voudrais trouver la clef du problème pour vous aider à aller mieux. C'est pourquoi votre professeur d'anglais et moi avons décidé de convoquer vos parents. »
Mon cœur semble avoir manqué un battement, je le regarde ébahie, puis fronce les sourcils.
« -Mes parents n'ont rien à voir là-dedans !
-Je n'ai pas dit ça, je veux simplement leur parler.
-Ils sont très occupés par leur travail !
-Bien, je les appellerai alors. »
Je sors du lycée, préoccupée, Evan me regarde mais je n'ai pas envie de parler, je continue mon chemin.
A la gym, Anthony me montre ma nouvelle musique et une jeune femme me montre ma chorégraphie. Il est toujours persuadé que je vais devenir gracieuse.
J'essaye donc maintes et maintes fois de faire cette chorégraphie comme il faut, mais je n'y arrive pas.

Samedi en début d'après-midi, je suis chez l'othodontiste, qui me retire enfin mes bagues que j'ai gardées près de quatre ans. Cela fait un peu mal, mais ce n'est pas un problème. Je me regarde dans la glace et souris, je suis très satisfaite du résultat.
Je me trouve presque jolie...
Je dois rejoindre Evan à la fête, je veux lui faire la surprise. Je fouille un peu dans mon placard, et choisis une tenue très simple, mais qui me met en valeur ; un short noir, des collants noirs et un tee-shirt moulant en dentelle bordeaux, qui fait ressortir mes yeux verts. J'ai beau ne pas me trouver jolie, je suis consciente de mes atouts. Je mets mes vans bordeaux. Je choisis de simplement laisser mes cheveux détachés, bien que cela me gène, et me contente d'un simple trait de crayon très discret, de manière à faire ressortir le vert de mes yeux. Evan m'appelle, je descends donc. Je me demande soudainement pourquoi j'ai fait tout ça, pourquoi ai-je cherché à être jolie ? Jared n'est même pas à cette fête...
J'ouvre la porte, Evan se tourne vers moi et me regarde surpris, la bouche légèrement ouverte. Il me regarde de haut en bas, il n'a pas encore vu mon tee-shirt puisque j'ai mon manteau.
« -Ouah, heu... dit-il.
-ça t'en bouche un coin, hein ! dis-je, amusée.
-T'es vraiment belle, Ambre. »
Il prononce cette phrase en me regardant droit dans les yeux, très sérieusement. Je crois bien qu'on ne m'a jamais dit cela, surtout avec autant de sincérité.
Jared ne m'a jamais dit que j'étais jolie, et mes parents non plus d'ailleurs. Je ne peux m'empêcher de sourire de toutes mes dents.
« -Ouah ! T'as enfin enlevé tes bagues en plus !
-Eh oui !
-Va falloir que je te surveille, sinon tu vas te faire violer, dit-il en riant.
-Haha... dis-je en feignant un rire.
-D'ailleurs, ce short met bien en valeur tes jolies petites fesses... dit-il tout près de mon oreille.
-Ferme-là ! dis-je en lui tapant l'arrière de la tête, alors que mes joues s'empourprent.
-Haha, toujours aussi facile ! »
On arrive alors que la fête bât déjà son plein. Evan se contente de boire une bière, tandis que je bois une limonade. Mais ce soir, j'ai bien envie de m'amuser. A ma manière, bien sur. Je vois un « couple » partir vers les chambres.
« -Tu vois le couple qui va vers les chambres ? je demande.
-Ouais, quoi ? répond Evan.
-On attend un peu, et dès qu'ils sont en pleine action, on entre et on chante l'hymne d'Italie !
-Pourquoi l'hymne d'Italie ?
-Je sais pas, comme ça ils vont vraiment rien comprendre !
-Haha, ils vont nous tuer !
-T'as peur ou quoi ? je demande, le regard moqueur.
-Pas du tout, je suis carrément chaud ! »
On attend une dizaine de minute, puis on se dirige vers les chambres. Derrière une porte, on entend des petits gémissements. Avec Evan, on se lance un regard entendu et on ouvre la porte doucement, on se met à hurler comme des forcenés :
« -FRATELLI D'ITALIAAA L'ITALIA S'E DESTA, DELL'ELMO DI SCIPIO S'E CINTA LA TESTA !
-Putain mais c'est quoi ce bordel ! Dégagez !!! s'écrie le garçon, furieux.
-SIAM' PRONTI ALLA MORTEEE ! »
Il se lève d'un coup, à la vue de son corps nu je me cache les yeux, Evan a un fou rire.
« -Dégagez ou je vous pète la gueule !!! »
On part donc rapidement, on se retrouve dans la cuisine, seuls. On explose de rire.
« -Hahaha ils ont vraiment rien compris à ce qui leur arrivait ! dis-je.
-Et toi qui t'es caché les yeux quand y'avait le mec à poil ! Haha Ambre la petite vierge sainte a vu un sexe masculin ohlala ! dit-il en riant.
-Elle t'emmerde la petite vierge ! »
On rigole, puis soudainement il s'arrête de rire et me regarde droit dans les yeux.
« -Qu'est-ce que t'as ? je demande.
Il ne répond pas mais s'approche de moi. Je suis adossée contre le plan de travail. On se regarde droit dans les yeux. Mon regard se perd dans le sien, dans ses magnifiques yeux bleus, ses pupilles sont dilatées. Je n'entends plus la musique, je ne vois que ses yeux. Je peux à présent sentir son parfum, je n'y ai jamais prêté attention, mais il sent vraiment bon. Je ne peux détacher mon regard du sien. Sa main frôle la mienne, un léger frisson parcourt mon corps. Nous sommes si proches... mais je ne peux m'écarter de lui, c'est inexplicable, je me sens si bien, les battements de mon cœur se font plus rapides, mais c'est agréable.
Soudain, son regard se pose sur mes lèvres.
Et sans que j'aie le temps de réfléchir, ses lèvres se posent doucement sur les miennes. Je peux sentir une douce chaleur se répandre dans mon ventre. Ses mains se posent sur mes hanches et son corps se colle au mien, provoquant en moi une nouvelle vague de frissons tandis que mon cœur va exploser. C'est comme si mes neurones avaient grillé, je ne peux plus réfléchir. Sa langue entre en contact avec la mienne, toujours de façon très douce, tandis qu'il caresse mon dos d'une main et que son autre main se perd dans mes cheveux. Tous ses gestes relèvent d'une attention optimale, ce baiser est plein de douceur, ainsi, toutes ces sensations sont nouvelles pour moi. Jamais Jared n'a été si doux et respectueux, jamais je n'ai ressenti autant de plaisir dans ses baisers.
Jared.
Jared !
Je retire brusquement ma tête et repousse Evan de manière à décoller son corps du mien, il semble frustré.
« -Merde ! dis-je.
-Quoi ?
-Merde, merde, mais qu'est-ce que j'ai fait ?! dis-je en passant mes mains sur mon visage.
Je m'assieds sur le plan de travail. Je regarde Evan, il semble perturbé.
-J'ai trompé Jared... je murmure.
Evan vient s'asseoir à côté de moi.
-Alors tu ne voulais pas m'embrasser... ? demande-t-il.
-Non, non, bien sur que non, c'était une grosse connerie, je sais pas ce qui m'a pris... J'ai trompé Jared, tu te rends compte ? »
Il passe son bras autour de mes épaules avec un peu d'hésitation, mais je le laisse faire.
« -C'est pas grave, on s'est juste embrassé... ça arrive, ça fait plus de quatre ans que vous êtes ensemble, tu peux bien fauter une fois.
-C'est toi qui m'a embrassée Evan !
-Ne remets pas tout sur moi ! On est tous les deux responsables, tu m'as rendu mon baiser je te rappelle !
-Mais tu te rends pas compte... Je l'ai trompé...
-Il ne le saura pas, personne n'a rien vu, arrête de flipper !
-Je suis vraiment une salope...
-Quoi ?! Je t'interdis de dire ça ! Regarde, tu regrettes, puis c'est pas comme si on avait couché ensemble ! Et c'est pas comme si ça t'avait pas plu...
-...
-Allez, avoue que ça t'a plu ?
-C'est mieux avec Jared, dis-je en le regardant dans les yeux sans aucune émotion. »
Je vois dans son regard qu'il est vexé. Décidément, je suis une excellente menteuse.
« -Ouais, c'est toujours mieux avec ton Jared de toute façon !
-T'énerve pas, c'est bon.
-Tu vois, j'ai beaucoup apprécié ce baiser ! Moi au moins, j'assume. Toi t'es incapable d'assumer ce que tu ressens ! »
Je me lève et commence à partir de la cuisine, mais Evan rajoute :
« -Ah non pardon ! J'avais oublié que t'étais incapable de ressentir quoi que ce soit ! »
Je pars vraiment cette fois-ci, mais heurte un garçon en sortant. Il me regarde bizarrement, mais ne dit rien et passe son chemin. Je pars de la fête, il doit être près de minuit, mais on n'est qu'à quelques stations de bus de chez moi.
Je bois une petite tisane sur mon balcon malgré le froid, je suis seule, une fois de plus mes parents ne rentrent que mardi soir. J'observe les voitures, les lumières et les quelques piétons, tandis que ce baiser avec Evan refuse de sortir de mon esprit.

"Même les méchants rêvent d'amour."Où les histoires vivent. Découvrez maintenant