"Même les méchants rêvent d'amour."

Chapitre 27

Elle repart aussi vite qu'elle est arrivée, tandis que je suis encore gênée. J'avais oublié qu'aux yeux de sa famille, nous étions « en couple ».
« -Bah alors, t'as oublié que t'étais ma gow ? Dit-il en riant.
-Ah non pas ce mot ! C'est vraiment ridicule !
-Tu préfères que je t'appelle comment ? Mon amour ? Ma chérie ? Ma fleur de lilas ?
-Haha, mais qu'est-ce que t'es con !
-Brinou d'amour !
-Evan, cherche pas à faire le canard, ça te va pas DU TOUT !
-Bon ferme-là et mange ! »
On déguste le repas soigneusement préparé par la mère d'Evan. Je mange peu, non pas pour maigrir, mais simplement car je suis malade.
« -Ecoute, tu vas pas recommencer tes conneries ! Mange, me dit Evan.
-Non aucun rapport, je suis malade ça coupe l'appétit.
-Mmh, ça passe, mais dès que t'es plus malade tu peux compter sur moi pour te faire prendre des kilos !
-ça va, on dirait que je suis en carence !
-Non, mais t'es anorexique. »
Je le regarde droit dans les yeux en le fusillant du regard.
« -Je suis PAS anorexique t'entends ? Tu veux que je te le dise en quelle langue ?
-Te donne pas la peine, je sais que c'est vrai.
-Ouais, je suis peut être un peu trop maigre, mais ça fait pas de moi une anorexique !
-Tu l'as été avant, j'en suis sur !
-Ah ouais ?! Et comment tu peux en être sur, on se connaissait pas !
-On était tous les deux dans ce lycée en seconde je te rappelle.
-Comme si t'avais remarqué mon existence avant qu'on doive faire le devoir d'italien. »
Il semble vexé par ma remarque, il sait que j'ai raison. Je n'avais pas envie de le blesser, mais je ne peux pas admettre que j'ai été malade.
Je m'allonge et m'endors rapidement.

Au bout de six jours, je suis enfin rétablie ; je suis fatiguée, mais je n'ai plus de fièvre ni de vertiges et je ne vomis plus tout ce que je mange. Car j'ai passé ces six jours à vomir au moins trois fois par jour. Je m'en veux vraiment vis-à-vis de la mère d'Evan, mais elle ne voulait pas me laisser chez moi seule, ce qui m'a vraiment touchée. C'est tout de même curieux qu'elle s'inquiète plus que mes propres parents.
Je rentre chez moi, accompagnée d'Evan, il ne cesse de me taquiner, comme à son habitude.
Il me laisse en bas de chez moi.
« -Bon bah à lundi alors, repose-toi bien, me dit-il.
-Oui t'inquiète, à lundi. »
Je fais le code et rentre dans la cour de l'immeuble.
« -Ambre attends ! »
Je me retourne pour faire face à Evan. Il ne me laisse pas le temps de réfléchir et pose ses lèvres sur les miennes.
Ça recommence... Je perds le contrôle, ça m'énerve, mais en même temps je me sens bien... Il pose ses mains sur mes hanches, le baiser devient plus langoureux, je ne peux pas le repousser, il y a comme une force inconnue qui m'en empêche. Ce genre de force étrange qu'on ne représente pas par un vecteur, qu'on ne peut ni localiser, ni comprendre. Mon cœur bât si vite que je l'entends et ces sensations bizarres dans mon ventre refusent de s'arrêter. Je suis bien, si bien, j'aime son contact, son odeur...
Il se décolle lentement de moi tandis que je reprends mes esprits. Je cache mes émotions, il ne faudrait surtout pas qu'il s'aperçoive de l'effet qu'il me fait ! J'essaie de ne pas rougir, mais lorsque nos regards se croisent, c'est difficile.
« -Pourquoi tu fais ça ? je demande.
-Bah... Je sais pas, comme ça !
-Ah ok, bon bah je vais y aller alors.
-Non en fait je sais ! »
Je lui lance un regard interrogateur, il rougit si légèrement que j'ai l'impression d'avoir rêvé, il regarde un peu autour et croise les bras sur sa poitrine.
« -Bah en fait c'est que... comment dire... C'est tout con hein mais je sais pas comment t'expliquer ça ! dit-il.
-Heu, là je peux pas t'aider...
-Tu voudrais pas qu'on essaye ?
-Qu'on essaye quoi ?
-Bah nous deux... enfin tu vois quoi... »
Je mets un moment à comprendre puis je me mets à rire, à rire nerveusement. Après mon histoire avec Jared, je n'ai vraiment pas envie de me mettre en couple, et avec Evan ça ne mènerait à rien, non c'est impossible, je ne peux pas.
« -Toi ? Moi ? Ensemble ? Haha. Mais pourquoi faire ? Qu'est-ce que tu veux qu'on foute ensemble ? Toi tu veux tirer ton coup, moi je veux juste qu'on me foute la paix, en plus c'est pas comme si je t'aimais ! Et toi non plus tu m'aimes pas d'ailleurs. Allez, sois raisonnable et retourne avec Sarah, ou Corinne, ou je sais plus qui et tout le monde sera content ! »
Il me regarde droit dans les yeux, il m'en veut c'est certain, il a l'air vexé, j'en suis certaine, il cache mal ses émotions, son orgueil a pris un coup. Mais je ne peux pas aimer quelqu'un, et encore moins m'engager dans une relation. Car si je m'engage avec lui, cela signifie que je dois l'aimer, et pire, le lui montrer ! Je ne peux pas, et puis c'est Evan, pas Loan, si je m'attache à lui, il va me briser, c'est certain. Trop de filles le veulent, et pas forcément des filles vulgaires et stupides, non, des belles et intelligentes. Et moi... moi, il se lassera de moi. Et si un jour il me force comme Jared ? S'il se met à me frapper ? Je ne peux pas revivre ça.
Mais ça me fait mal au cœur de le voir comme ça, bien évidement il ne peut pas le savoir car je suis impassible en apparence, mais il est vexé, et il a la haine contre moi, j'aurais pu lui dire plus gentiment, mais j'ai paniqué.
« -Pardon... je... balbutiai-je.
-C'est bon, t'aurais juste pu dire non ! »
Et il part, je ne le rattrape pas, c'est inutile, il va me balancer toute la haine qu'il a contre moi, et lorsqu'il est énervé, il ne pèse pas ses mots. Et puis je n'ai rien à lui offrir, je n'arrive pas à avoir des sentiments pour les gens, et je ne pourrais même pas coucher avec lui. Je n'ai rien à lui apporter.
Je rentre chez moi et fais un peu de ménage car mes parents rentrent bientôt, puis rattrape mes cours. Evan m'a tout photocopié, mais je préfère les recopier au propre, ça m'aide à les retenir. Je fais tous mes devoirs pour demain, mais la fatigue me gagne rapidement. Je n'oublie pas de dîner, car Evan a raison même si je le nie, ce serait trop bête de retomber dans l'anorexie alors que j'ai toutes les cartes en main pour en sortir.