Chapitre 64

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5 juillet : C'est la catastrophe.

Aujourd'hui j'ai passé ma dernière épreuve du bac, et en sortant de la salle, alors que je pensais que tout était fini, j'ai eu des nausées affreuses. Je suis allée aux toilettes et j'ai vomi. Je me sentais très mal, j'avais peur de tomber dans les pommes. Je sortais en même temps qu'Erik et la bande, alors Elisa m'a suivie aux toilettes tandis que les autres attendaient à côté. Je voulais rentrer chez moi, mais tout tournait, j'avais des vertiges. Lorsque je me suis relevée, j'ai vraiment failli tomber dans les pommes, je me suis tout de suite assise pour mettre ma tête entre mes jambes et respirer. Evidemment Elisa s'est inquiétée, tout comme les autres, qui m'ont emmenée à l'infirmerie. Je pensais être juste malade...

J'ai à nouveau du mal à écrire, parce que je suis en larmes.

L'infirmière m'a d'abord donné du sucre pour que je ne fasse pas de malaise, et m'a examinée. Elle a soudainement pris un air grave. Je lui ai demandé si j'avais une maladie grave, elle m'a demandé quand était la dernière fois que j'avais eu mes règles.

Tout est allé si vite. Ça me paraissait si lointain... et ça l'était. C'était à la fin du mois de mars. On est le 5 juillet. Mes règles avaient plus de trois mois de retard et je ne l'avais même pas remarqué. En même temps, c'est tellement irrégulier, et j'étais tellement obsédée par ce qu'il s'était passé que j'en oubliais même de manger, alors mes règles étaient bien le cadet de mes soucis... Je suis trop conne.

Elle m'a demandé si j'étais sexuellement active, je me suis mise à pleurer, je ne pouvais pas être enceinte, pas de lui, pas de... pas de ça. J'ai bien dû lui dire que j'avais eu un rapport le 8 avril, je ne me souviens même pas s'il a mis un préservatif, tout est trop flou. L'infirmière était gentille, elle m'a proposé de m'accompagner chez un gynécologue, j'ai accepté. Erik et la bande n'en savent rien. On leur a fait croire que j'allais faire une prise de sang. On est allé chez ce gynécologue qui m'a fait les examens... J'étais un peu dans un état second, je ne réalisais pas. Pour moi je ne pouvais simplement pas être enceinte, tout allait rentrer dans l'ordre. Mais les résultats sont tombés.

Mes dernières règles ayant commencé autour du vingt mars, les médecins ont dit que j'étais enceinte de trois mois.

Trois mois.

Trois mois.

Je me suis évanouie.

Je me suis évanouie car je savais très bien qu'il était trop tard pour avorter. J'étais mineure et mes parents ne voudraient jamais que j'avorte, car c'est un crime pour eux. C'était trop tard. Lorsqu'ils m'ont réveillée, je n'arrêtais pas de pleurer, je ne savais pas quoi faire, ils m'ont donné tout un tas d'informations que je n'ai pas retenues, je pleurais trop. Je suis sortie de ce foutu cabinet et j'ai erré dans les rues de Florence. Je ne savais même pas ce que je devais faire. L'annoncer à mes parents ? Je serai bien obligée à un moment ou à un autre. Ou alors je pourrais fuguer.

Ou je pourrais aller dans un pays de l'Est où on a le droit d'avorter plus tard. Mais avec qui ? Et avec quel argent ?

Je suis dans ma chambre et je pleure encore en me posant les mêmes questions. J'ai très peur de leur réaction. Je suis morte de peur, je ne me sens pas prête à mettre un enfant au monde. De toutes façons il est hors de question que je le garde. J'accoucherai sous X. Mais qu'est-ce que je vais dire à Erik ? Et à tous les autres ? Erik va me quitter, c'est sûr. C'est une catastrophe. Il me reste encore six longs mois de grossesse. Ils ne m'empêcheront pas d'aller à l'université. Je serai juste probablement plus fatiguée que les autres, mais c'est pas grave, je m'en sortirais. En attendant, comment l'annoncer à mes parents ? Je n'ose même pas imaginer leur réaction.

"Même les méchants rêvent d'amour."Où les histoires vivent. Découvrez maintenant