Chapitre 65

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Je pleure à nouveau, ma mère souffre énormément pendant sa grossesse tandis que mon père est indifférent et elle manque de tomber dans l'affreux cercle vicieux dans lequel je suis tombée. Personne n'est là pour elle. C'est horrible ce qu'elle a vécu. Je me plains par rapport à Jared, mais je me dis qu'il y a tellement pire...

J'aimerais que Romain soit avec moi, mais il est avec sa copine, je ne peux pas lui demander de la laisser pour venir. Et Evan... je préfère le voir après, ça nous fera du bien... Je lui expliquerai tout... Tout va bien.

1er janvier : Hier c'était le Réveillon, et selon la tradition, on le passe chez la famille d'Antoine. Je les déteste. Et ils me détestent. J'ai passé le pire réveillon de ma vie, et ce sera comme ça tous les ans, jusqu'à la fin de mes jours. 

Ses parents ne m'aiment pas, ça, je le savais déjà. Pour eux, je suis la responsable, c'est moi qui suis tombée enceinte, mettant ainsi des bâtons dans les roues de l'avenir d'Antoine. Le reste de sa famille ne le sait pas, on leur a menti le jour du mariage, en inventant une histoire d'amour passionnelle entre nous. Mais ils ne m'aiment pas. Dès le début, ils avaient un regard très hautain, Antoine, lui, était dans son monde, et m'abandonnait complètement. Je n'avais personne à qui parler, je devais juste rester à côté de lui et sourire. Personne n'est venu engager la discussion avec moi, ils parlaient à Antoine au lieu de me parler à moi, c'était vexant. Puis ils se sont finalement mis à me parler pour me faire des remarques sur mon poids, que c'était pas bien pour mon enfant... J'avais envie de tout casser, de leur hurler que leur fils m'avait violée, et que c'était lui qui me détruisait à petit feu. Mais je n'ai rien dit. J'ai baissé la tête, qu'est-ce que je pouvais faire d'autre ? Même si j'avais envie de hurler de rage, de faire sortir tout ce que je dois contenir, parce que pleurer ne m'aide pas, ce n'est pas suffisant, ce que je ressens est bien trop douloureux. Je les déteste. Ils sont tellement méprisants... Je pense que le pire a été quand ils sont partis en débat politique. Heureusement qu'on ne m'a pas demandé mon avis. Ils ne partagent aucune valeur avec moi. Au contraire. On croirait entendre mes parents. En même temps, ils sont si riches...

C'était une soirée affreusement longue, je pensais à mes amis, et à Erik, qui devaient probablement faire la fête... Mais ça me rappelait la dernière fête à laquelle j'étais allée, ce qui était encore pire.

14 janvier : Ma fille est née il y a six jours, le huit janvier 1998. Je voulais lui donner un nom italien, mais Antoine ne veut pas. Il me reproche de vouloir italianiser mon enfant. J'ai eu du mal à négocier pour qu'elle ait la double nationalité. J'y crois pas. Ce mec me viole, je tombe enceinte à cause de lui, je suis mariée de force, et j'ai même pas le droit de prendre des décisions sur cet enfant que j'ai porté pendant neuf mois, cet enfant qui a brisé ma vie. Car s'il n'y avait pas eu l'enfant, la douleur due au viol serait passée, et j'aurais pu réussir ma vie. Maintenant, tout est bel et bien foutu. Je n'arrive pas à aimer cet enfant. C'est horrible. En fait, c'est une douleur de la voir, car à chaque fois que je la vois, je pense à...

L'accouchement a été horrible, je suis arrivée trop tard pour faire la péridurale, tout ça parce que je n'avais personne pour m'accompagner à l'hôpital. Je savais très bien que j'allais accoucher à peu près à cette date-là, Antoine aussi, mais il n'a pas cherché à se libérer. J'ai accouché seule. J'ai appelé un taxi et j'ai affronté cette épreuve totalement seule. J'avais très peur, j'aurais juste voulu que quelqu'un me rassure, j'aurais voulu avoir une main à serrer, mais j'étais plus seule que jamais. Je voyais toutes les autres mamans à la maternité qui avaient leur compagnon, leurs parents, leurs amis... Et moi j'étais totalement seule, pas de cadeaux, pas de chocolats, pas de fleurs... Juste Antoine qui est arrivé cinq heures après, parce que j'ai eu le malheur d'accoucher alors qu'il avait cours. Il a voulu l'appeler Ambre, moi je voulais l'appeler Valentina, mais il a dit non. En fait, j'ai simplement pas le droit de choisir. 

"Même les méchants rêvent d'amour."Où les histoires vivent. Découvrez maintenant