Treize novembre deux mille quinze

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Horrible...
Vous l'avez surement deviné en lisant ma chronique : je suis parisienne. J'aime Paris, et j'aime beaucoup le quartier République qui a été touché.
Si cela vous intéresse, voici le déroulement de cette horrible soirée pour ma part :
Je suis allée au cinéma vendredi soir et je suis rentrée chez moi vers vingt heures quarante-cinq, je rigolais en dînant avec mes parents. À vingt et une heures trente, la conversation de groupe de ma classe s'alarme, plusieurs entendent des fusillades mais pas tous au même endroit, vers Jacques Bonsergent pour certains, on parle du Petit Cambodge mais personne ne comprend, on parle d gens qui crient dans la rue vers le Bataclan avece visage en sang... je n'y croyais pas vraiment au début, on pensait qu'il y avait eu une fusillade devant le Bataclan. J'allume ma télé, à la télé aussi c'est la confusion totale, on ne comprend rien, en même temps une fille de ma classe est dehors dans le quartier et cours le plus vite possible pour rentrer chez elle, elle a peur et nous aussi. On n cesse d'être au courant de nouveaux lieux de fusillades sans comprendre, on ne sait olus où donner de la tête. À la télé ça devient plus clair, on commence à comprendre qu'il y a plusieurs fusillades dans différents endroits et on parle d'explosions au stade de France. Premier bilan: quinze morts, et pour moi c'était déja beaucoup trop, si j'avais su...
Le bilan de morts lors des fusillades augmente, trente, quarante, cinquante... j'espère que ça s'arrête à chaque nouveau bilan, je tremble... deux personnes de ma classe habitant dans le onzième ne répondent pas, on s"inquiète.
Et là, deuxième choc. On apprend que depuis tout ce temps où on essayait de comprendre les fusillades, il y a une prise d'otage au Bataclan.
Au Bataclan, cette salle de spectacle emblématique de la vie parisienne où, comme beaucoup de parisiens, je suis déjà allée. Ce magnifique lieu, ancien et typique, que les parisiens aiment.
Je tremble encore plus, je réalise : une prise d'otage. Je reçois des messages dans tous les sens, de la part de ma famille ou d'amis habitant en province, de mes amis italiens qui sont déjà au courant. La conversation de groupe avec ma classe explose, tout le monde panique, tout le monde est triste.
Dans la conversation, quelqu'un envoie une capture d'écran de tweet d'un homme disant qu'il se trouvait au premier étage du Bataclan et que les terroristes abattaient les otages un par un, il appelait le raid à donner l'assaut. Ce tweet a failli me faire pleurer, j'imaginais ces terroristes abattre les gens un par un, c'est horrible,je réalise la gravité, moi qui pensais naïvement que les terroristes se contenteraient de tirer dans la masse, c'est affreux. Je me remémorais cette soirée où je suis allée à un concert au Bataclan, c'était une super soirée...
J'espérais que ce soit un fake...
Puis pendant un moment, on ne comprend plus rien. Les informations sont confuses, mes amis d'Italie disent que la télé italienne dit que l'assaut est donné,mais en France par sécurité on ne sait rien. On a réussi à avoir au téléphone une des deux filles, en pleurs, qui rentrait chez elle lors des fusillades, qui les a entendues, au bout de sa rue. Mais il reste une autre fille dont nous n'avons aucune nouvelle...
François Hollande s'exprime, le bilan de morts continue d'augmenter...
Puis soudain, on apprend que l'assaut du raid a été donné, on entend des échanges de tirs, puis de grosses explosions... Les kamicazes se sont fait exploser. Le bilan de morts augmente d'un coup : au moins 110 morts, dont 70 au Bataclan. C'est affreux.
La plupart des gens de ma classe disent entendre des camions de pompiers et de policiers partout, scénario apocalyptique, des blessés, des morts, des gens qui pleurent et cherchent leurs proches...
128 morts, 80 au Bataclan et 300 blessés dont 99 en état grave... je suis sous le choc.
Vers deux heures du matin, on a enfin des nouvelles de cette fille de ma classe, qui ayant subi une panne de courant et ayant son téléphone déchargé, est mise au courant de tous les évènements d'un coup, elle qui jusqu'à présent ignorait la cause de toutes les sirènes qu'elle entendait depuis chez elle...
J'essaie de dormir, mais je n'y arrive pas. Je ne cesse de penser au Bataclan, à cette soirée que j'y ai passée.. je suis tellement en colère, et déçue, je n'ai plus aucun espoir en l'humanité.
J'ai dormi quatre heures trente... je devais avoir cours samedi matin, mais comme vous le savez ça a été fermé. Mais j'aurais préféré y aller, pour me convaincre que la vie ne s'arrête pas ou que ce n'est pas si grave, penser à Beaumarchais plutôt qu'à cette horreur...
J'ai passé mon samedi comme une loque vivante, déprimée entre ma télé et mon téléphone... j'ai fait mes devoirs de maths pour penser à autre chose, mais je n'y arrivais pas.
Le nombre de morts heureusement n'avait pas trop augmenté, le nombre de blessés en revanche oui. On parle de guerre, et moi je ne veux pas. Je refuse de vivre en guerre. Je ne peux pas.
J'ai un peu mieux dormi ce samedi soir, mais j'ai mis du temps à m'endormir.
Aujourd'hui, je me suis dit qu'il ne fallait pas que je passe ma journée devant bfm à déprimer. Je me suis habillée,j'ai travaillé, puis je suis allée à République avec ma mère. Nous avons acheté des fleurs. Il y avait déjà du monde lorsque je suis arrivée, certains chantaient. J'avais un peu peur, mais j'étais rassurée. On est uni.
J'ai un peu galéré mais j'ai pu accéder à la statue, nous avons déposé deux bougies et quelques roses blanches. Il y en avait déjà beaucoup, avec pleins de dessins, des dessins d'enfants également, ou de beaux tags tels que celui que l'on voit à gauche sur ma photo, "même pas peur", je l'aime beaucoup. Il y a un mur géant avec le slogan et le logo de la ville de Paris. Des gens chantaient "imagine" de John Lennon, c'était beau, ils souriaient, certains pleuraient. Beaucoup se faisaient des câlins, certains brandissaient une pancarte "câlins gratuits"
Je suis ensuite allée boulevard Voltaire puis boulevard richard Lenoir pour me rapprocher du Bataclan. Je connais assez bien ce quartier car j'aime m'y balader avec mes amis.
Il y avait beaucoup de monde, on marchait lentement. On ne pouvait pas aller devant le Bataclan mais devant des grilles plus loin. Une jeune femme pleurait car elle ne pouvait pas mettre ses fleurs et bougies devant le Bataclan.
C'est depuis le boulevard Richard Lenoir qu'on le voit le mieux. Ça m'a fait tout drôle,je me souviens tellement bien de ce concert que je suis allée voir. Il est beau le Bataclan, de l'extérieur aussi. Je me suis dit que s'ils venaient à fermer définitivement, ce srait vraiment triste.
Ce qui était assez glauque, c'était ces deux fenêtres ouvertes au premier étage. J'ai réalisé qu'ils devaient aérer pour faire sortir l'odeur nauséabonde du sang et des cadavres...
Je suis restée un moment, la gorge serrée. On pouvait encore apercevoir l'affichage qui annonçait "ce soir ici, eagles death metal", comme si le temps s'était arrêté...
C'est le coeur lourd que je suis rentrée chez moi.
Ce week-end a été affreux. Je n'ai pas de mots,je suis encore sous le choc, c'est horrible...

Mais je crie haut et fort ces mots :

FLUCTUAT NEC MERGITUR, 

battue par les flots mais ne sombre pas (la devise de Paris en latin).

Paris mon amour.
Vive la France et la République, vive l'unité, la solidarité et la diversité.
Vive la vie.




"Même les méchants rêvent d'amour."Où les histoires vivent. Découvrez maintenant