Chapitre 37

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JARED

Un raté.

Je suis un putain de gros raté.

J'ai rien fait correctement dans ma vie.

« -Jared, pas de coudes sur la table ! gronde sévèrement mon père.

-Pardon, j'suis crevé...

-Parle-moi correctement, je suis ton père, pas ton ami.

-Chéri, laisse-le, il est déjà triste... dit faiblement ma mère. »

Ma mère, cette femme battue par mon enfoiré de père, malheureuse, maigre, pâle, livide, le regard vide et triste.

Et évidement, en beau connard, j'ai rendu Ambre pareil. Mais mon père n'aime pas ma mère autant que j'aime Ambre, c'est certain.

« -Ferme-là un peu, arrête de lui chercher des excuses ! C'est parce que c'est un raté qu'Ambre l'a quitté.

-Ambre t'a quitté ?! demande ma mère.

-Oui. »

Elle semble triste. Elle aimait bien Ambre.

« -Mais pourquoi ? Vous étiez bien ensemble, non ?

-Pas elle.

-Elle ne t'aimait pas c'est ça ?

-Si, mais j'ai merdé.

-Tu fais que ça de toute façon ! s'écrie mon père. »

Je baisse la tête. Je le sais bien, que je suis un raté, je n'ai pas besoin qu'on me le répète sans cesse.

« -Mais ça arrive de faire des erreurs dans un couple, je suis sure qu'elle t'aime encore, et elle pourra te pardonner, et vous vous remettrez ensemble, hein ? dit naïvement ma mère.

-Nan maman t'as pas compris... Ce que j'ai fait c'est pas pardonnable. Elle me déteste, elle veut plus me voir.

-Mais c'est normal, c'est sous l'effet de la colère, elle se calmera il lui faut du temps.

-Elle est passée à autre chose, dis-je la gorge nouée.

-C'est surement pour essayer de t'oublier ! »

Si seulement, maman, tu n'imagines pas à quel point j'ai espéré que ce soit le cas.

« -Nan, ça se voit, je peux pas te l'expliquer, ça se voit, elle l'aime plus que moi... »

Ma voix défaille légèrement, c'est vraiment douloureux à expliquer, surtout quand je suis conscient que tout ça est entièrement et uniquement de ma faute. Le psychologue me fait beaucoup de bien, et en même temps beaucoup de mal, car il me fait ouvrir les yeux sur l'atrocité de mes actes.

« -Et voilà qu'il va se mettre à pleurer, comme une fillette ! dit mon père de son ton méprisant.

-Je pleure pas ! je réplique. «

Je prends mon assiette et sors de table, puis vais m'enfermer dans ma chambre. Je dessine, ça m'apaise. J'ai toujours été passionné de dessin, mes parents m'ont laissé prendre des cours quand j'étais petit, mais j'ai dû arrêter vers le collège, mon père disait que c'était inutile et que les artistes étaient toujours pauvres. J'ai évidemment continué à en faire en cachette, pendant le temps libre que je ne passais pas avec Ambre.

Je voulais d'ailleurs aller en première ST2A, arts appliqués, mais mon père a sévèrement refusé. D'après lui, c'est une section de ratés, qui n'ont rien d'autre à faire de leur vie que de dessiner et qui n'auront pas de métiers. Il pense que c'est la section où vont tous les nuls qui ne peuvent pas rester en général. Selon lui, il n'y a qu'avec S ou ES que tu réussis, j'ai donc pris S car je déteste l'économie, mais je m'ennuie beaucoup et ne suis pas bien les cours. Je déteste les mathématiques et la physique, je supporte la SVT. J'aime les cours littéraires et surtout l'option arts plastiques, qui malheureusement ne dure qu'une heure et demie par semaine.

"Même les méchants rêvent d'amour."Où les histoires vivent. Découvrez maintenant