Chapitre 58

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Sur ces sombres pensées, très lentement et non sans douleurs, je m'extirpe de mon bain.

Je suis assise sur le rebord, un peu bloquée. Je ne peux pas me pencher ni faire de rotations avec mon dos, et je ne peux pas poser la jambe gauche par terre. Je me décale un peu vers la droite et parviens à attraper une serviette. Je ne sèche pas totalement mon corps puisque je ne peux pas. C'est vraiment problématique. Je ne sais pas comment faire avec mes cheveux ; tant pis. J'enfile mes sous-vêtements, ça me fait mal au dos mais ce n'est pas grave car je n'ai pas besoin de lever les bras. Pour les vêtements, en revanche, ça s'annonce compliqué. Il faut que je les attrape sur le meuble, pour cela je dois me déplacer avec mes béquilles. Mais j'ai peur qu'elles glissent sur le sol. Je reste longuement assise, hésitant à appeler Evan ou pas. Je pourrais me faire vraiment mal si mes béquilles glissaient par terre, et je ne pense même pas pouvoir mettre mes vêtements seule. Pour le haut, cela pourrait se tenter bien que ça me fasse mal au dos, mais je sais que c'est impossible pour le bas. Bon... je crois que je n'ai pas le choix .N'osant pas crier, je lui envoie un message. A peine le message est-il parti qu'Evan rentre dans la salle de bain en prenant soin de vite refermer derrière lui. Il me regarde, pendant quelques secondes je crois qu'il bloque sur mon corps, ce qui suffit à me faire rougir. Il détourne vite le regard et prend mes habits qui sont sur le meuble, puis me porte pour m'asseoir sur une commode. C'est un peu bizarre comme position. Je me souviens qu'il avait fait ça un jour où nous étions ensemble, alors que nous nous embrassions. Il avait mis ses mains sur mon tee-shirt, et j'avais eu peur. Je m'étais sentie coupable. Aujourd'hui c'est encore pire, car je suis en sous-vêtements. Ce n'est plus la première fois que je dois faire face à cette situation, pourtant cela reste angoissant et surtout très gênant.

Il m'aide d'abord à mettre un jogging. Puis un haut à manches longues. Je ne sais pas si c'est le fruit de mon imagination, mais j'ai l'impression que sa respiration n'est pas totalement calme. Est-ce que je lui fais de l'effet ? Cela me paraît bizarre. Je ne suis pas très attirante, et je ne suis qu'en sous-vêtements, c'est une situation banale pour lui. Mais je le connais très bien. Je sens qu'il est un peu gêné. Il est très loin de l'être autant que moi, mais il l'est tout de même. Je ne sais pas comment l'interprêter. Je suis perdue, totalement perdue. Je m'étais acharnée à me convaincre qu'il était mauvais, égoïste, prétentieux et qu'il m'avait manipulée, qu'il ne m'avait jamais aimée et qu'il se moquait de moi. Et cet accident de gymnastique est venu tout chambouler. Déjà Loan m'avait un peu perturbée, mais je ne le croyais pas. C'est juste l'ami d'Evan. Sa mère, en revanche, je ne peux pas m'empêcher de la croire un peu.

« -Eh oh Brinou ! »

Evan me sort de mes pensées. Je rougis à l'entente de ce surnom.

« -A quoi tu pensais ? »

Je rougis encore plus. Il faut que je ne montre rien, et surtout que je ne me mette pas à bégayer.

« -Heu... Rien heu... rien t'inquiète.

-Allez, dis-moi, dit-il avec un petit sourire.

-Non mais c'est rien d'intéressant t'inquiète.

-Bon... je t'aide à descendre de là alors. »

Il me porte puis me dépose hors de la salle de bains avec mes béquilles. Nous allons dans le salon et nous nous asseyons devant la télé. J'ai sommeil à nouveau.

Je me réveille dans le lit d'Evan. Qu'est-ce que je fais ici ? Je pensais m'être endormie dans le salon...

En émergeant de mon sommeil, je me rends compte qu'il est à son bureau, en train de travailler. Il se tourne vers moi et me sourit.

"Même les méchants rêvent d'amour."Où les histoires vivent. Découvrez maintenant