Chapitre 17

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Il n'a quand même pas osé me sortir ça ?
Si, il a bien osé.
Il a bien visé, il a frappé là où ça fait mal, mais je ne vais pas le lui montrer.
« -Je sais pas trop, c'est un genre que j'aime bien me donner ! dis-je d'un air nonchalant.
-T'es stupide comme fille.
-ça nous fait déjà un point commun ! »
Nous ne nous sommes plus parlés du cours. Vendredi il me lance encore des piques auxquels je réponds toujours aussi sarcastiquement sans aucune expression de sentiments. Après les cours, Loan m'invite chez lui. Un bon café devant un film drôle, quoi de mieux ? On se pose ensuite sur le canapé devant la télé.
« -Bouges-toi, tu prends toute la place avec tes grosses fesses !dis-je en riant.
-Moi je suis gros ? T'es sure ?
-Parle pas aussi près de mon visage, tu pues ! »
Je n'ai pas le temps de comprendre quoi que ce soit que je me retrouve allongée, Loan au dessus de moi en train de me faire des chatouilles. C'est horrible ! Je suis très sensible à ce genre de choses. Je rigole tellement que j'en ai mal au ventre, je n'en peux plus. Il s'arrête.
« -Alors je suis toujours gros ?
-Ah bah t'as minci tout à coup !
-Tss ! Dit-il en me tapant avec un coussin.
-Tu veux jouer à ça ? je demande. Tu sous-estimes ma force !
-Ouh, j'ai peur ! »
Je le frappe par surprise avec un coussin, il me rend mon coup et s'en suit une bataille de coussins.
On finit par s'arrêter, épuisés. J'aperçois une guitare dans le coin du salon.
« -C'est toi qui joues de la guitare ? je demande.
-Oui, j'adore ça, j'en fais depuis très longtemps.
-Joue un truc ! J'adore la guitare !
-Heu je sais pas, je joue pas souvent devant les gens...
-T'inquiète pas ! S'il te plait !
-D'accord.
Il prend sa guitare et vérifie qu'elle est accordée.
« -Bon tu rigoles pas si je me plante hein, ça m'arrive quand je joue devant quelqu'un... »
Il dit ça en rougissant, ça me fait sourire. Loan est grand, musclé, blond aux yeux marrons clairs, il a un sourire parfait, est sportif et intelligent et en plus de ça il joue de la guitare. C'est le cliché du garçon parfait et populaire, qui colle plutôt avec le caractère prétentieux d'Evan, et pourtant Loan est timide, discret, calme.
« -C'est pas mon genre, je suis une gentille fille.
-Haha. Bon c'est un classique mais je crois que tu l'aimes bien et je la connais par cœur. »
Il commence à jouer, je reconnais dès les premières notes « Stairway to Heaven » de Led Zeppelin, effectivement la plus connue mais je l'aime beaucoup. Il joue, je profite, car il joue bien. Puis il se met à chanter ! Je suis surprise, je pensais qu'il ne faisait que l'instrumentale, mais il chante, et il chante bien ! Je souris. Il ne la joue pas en entier car elle est assez longue, mais je suis assez impressionnée.
« -Tu joues et tu chantes super bien !!! C'est magnifique sincèrement ! lui dis-je.
-Merci haha... Tu joues d'un instrument ?
-Je jouais du piano quand j'étais plus petite.
-Dommage, on n'a pas de piano !
-Je ne pense pas que je saurais rejouer ! »
Il joue quelques autres morceaux que je connais, c'est vraiment un bon moment. On se fait à manger, et passons notre soirée à écouter de la musique et à discuter principalement de Rock.
Samedi nous passons la journée ensemble. Il m'apprend quelques accords de base en guitare, je me débrouille assez bien car j'ai gardé l'oreille musicale. Il fait très froid, donc nous restons chez lui.
J'ai finalement passé la journée avec Loan, et dimanche j'ai travaillé pour être la meilleure, ce n'est pas ce débile d'Evan qui va me dépasser !
Lundi et mardi, encore des piques, mais c'est moi qui ai le dessus, Evan perd son sang froid facilement tandis que moi, je reste sarcastique et impassible.
Et cela continuera jusqu'à ce que Evan comprenne que toute cette histoire, il l'a montée tout seul.
Je lui en veux un peu de m'avoir attaquée sur des choses personnelles, je m'étais un peu confiée à lui, il en profite, mais il n'est pas sadique, il ne l'a jamais dit devant les gens.
Je sors de cours, cela fait une semaine que Jared n'est pas venu me chercher, bizarre.
Alors que je cherche mon pass Navigo dans mon sac, quelqu'un met ses mains sur mes yeux.
« -Devine qui c'est ??? »
Je reconnais immédiatement son odeur et sa voix, je suis surprise. Je me retourne. Romain (mon cousin) est en face de moi ! Je souris, et il me prend dans ses bras, je lui rends son étreinte. Nous avons une relation très fusionnelle, très forte.
« -J'emménage à Paris pendant un mois !
-Nan ? C'est vrai ? C'est trop génial !
-Bon, on ne se verra pas tous les jours parce que je n'habite pas du tout dans ton quartier et que je travaille beaucoup, mais on fera au mieux ! Tu m'as manqué !
-Toi aussi ! Je suis trop contente de te voir. »
On se sépare, et soudain Romain est plaqué au mur. Par Evan.
« -T'es qui toi ?!?! demande Evan. »
Romain riposte, il le pousse mais pas excessivement fort. Il n'est pas impulsif, contrairement à Evan.
« -Mais t'es malade toi ! On se connait ?! demande Romain. Tu le connais Ambre ?
-Ouais, Ambre, c'est qui ce type ?!
-Bah à ton avis, c'est mon nouveau plan cul, enfin Evan tu comprends rien ! dis-je ironiquement.
Romain écarquille les yeux.
-C'est qui putain ?!
-Je suis son cousin, répond Romain calmement.
-T'aurais pas pu me dire ça directement ?!
-Nan je trouvais ça plus drôle de te voir t'énerver !
-De toutes façons je m'en fous de qui c'est ! dit-il en partant. »
Il a décidément un problème.
« -Tout se passe bien ? demande Loan.
-Oui, juste ton pote qui est un peu débile mais rien de grave.
-Haha, salut, tu es un pote d'Ambre ? demande Loan à Romain.
-Non, son cousin !
-Ah, d'accord, Romain il me semble ?
-Exact, Ambre t'a parlé de moi ? dit Romain en souriant.
-Oui haha. Bon je vous laisse en famille !
-Nan, viens avec nous si tu veux, enfin ça te dérange pas Ambre ? demande Romain.
-Non, au contraire, allons-y ! »
Nous avons finalement décidé d'aller chez moi. Loan et Romain s'entendent à merveille. Ils parlent de basket, et ils soutiennent les mêmes équipes, ils ont le même poste. C'est surprenant.
Ils partent de chez moi et je vais à la gym.
« -Aujourd'hui, on va bosser quelque chose de particulier ! me dit Antoine, mon entraineur.
-Une nouvelle acrobatie ? je demande.
-Pas du tout ! Tu as un grand potentiel. Tu as la musculature, tu travailles dur, tu es persévérante. Tu es souple et tu as surtout de la puissance. Mais il manque quelque chose, c'est la grâce et la féminité. »
Je ris.
« -Haha, nan t'es pas sérieux ? Enfin tu me connais, les juges vont rigoler si j'essaye d'être gracieuse !
-Je t'assure que non, je vois bien que tu as ça en toi, mais tu ne veux pas le laisser s'exprimer. Tu cherches toujours à te cacher, à cacher ton corps principalement, tu refuses en quelque sorte ta féminité. »
Je ne réponds rien, après tout il a peut être raison, mais je n'ai pas vraiment envie d'être gracieuse.
« -Nous allons bosser ça ! dit-il.
-D'accord... »
Nous commençons, je ne comprends rien, je ne vois absolument pas ce qu'il veut que je fasse, je suis complètement à côté. Il me fait faire des mouvements, des éléments de chorégraphie. Regarde tes mains, souris, cambre, agrandis-toi... J'en ai déjà marre ! Mais d'un côté je n'ai pas envie de laisser tomber.
Le soir Romain et sa mère dînent chez nous, pour une fois l'ambiance est bonne, car ma mère et ma tante sont très complices. Alors que les adultes discutent dans la salle à manger, avec Romain nous allons dans le dressing.
« -Je me suis dit qu'on pourrait réessayer de faire du piano ? lui dis-je en souriant.
-Ouah, ça fait longtemps ! Mais c'est une bonne idée ! »
On s'y remet un peu, au début je fais beaucoup de fausses notes et Romain rigole. Je n'ai jamais fait de piano sans lui, lorsqu'il habitait à Paris nous avions les cours ensemble, puis il a déménagé et on s'est éloignés... Ainsi cela doit faire plus de quatre ans que je n'ai pas touché à un piano. Il a moins de difficultés que moi.
« -Tu te rappelles quand on jouait tout le temps « lasciatemi cantare » ??? me demande-t-il.
-Oui !!! C'était trop bien ! On chantait ensemble !
-Tu t'en souviens ? me demande-t-il.
Je m'essaie donc à l'air de la chanson, jouer cette chanson est comme instinctif pour moi, donc je la retrouve rapidement.
« -C'est ça ! J'ai trouvé !!! lui dis-je, heureuse comme une enfant.
-On la tente ?
-Tout de suite ! »
Je commence le début, quelques problèmes de rythme mais à ce moment là Romain et moi sommes dans notre monde. Il fait l'accompagnement ; ce n'est pas un quatre mains mais nous l'avons toujours joué comme ça. Et nous chantons ensemble, peut être pas merveilleusement bien mais peu importe !
Lasciatemi cantare
Con la chitarra in mano
Lasciatemi cantare
Una canzone piano piano...
On termine la chanson, on rigole comme deux débiles, certainement parce qu'il est vingt-trois heures et qu'on commence à être fatigués.
Plus tard Romain part, et je m'endors avec cette chanson dans la tête.
Deux jours après, le jeudi.
Je n'aime pas le jeudi.
En TP de chimie, alors que j'ai du mal à comprendre ce qu'on fait, Evan a décidé d'être insupportable. Je mets avec minutie dans mon éprouvette de l'éthanol, et il ne faut surtout pas en mettre ne serait-ce qu'une goûte de trop. Je suis debout, très concentrée, j'ai pile la bonne dose, je m'apprête à la faire chauffer au bain-marie, mais des mains appuient sur mes côtes de sorte à me faire des chatouilles, ce qui fonctionne bien, car la surprise me fait sursauter et ainsi renverser presque tout mon mélange sur la table.
« -BOURGEOIS ! ça fera moins deux sur votre TP ! s'exclame le prof. »
J'entends Evan ricaner derrière moi, tandis que je nettoie la paillasse il me chuchote :
« -Bah alors Brinou, on craint les chatouilles ? »
Je ne réponds pas, j'ai ma petite idée en tête. Un quart d'heure après, pour qu'il ne se doute de rien, je fais exprès de dire assez fort pour qu'il n'y ait que Sarah et lui qui entendent :
« -C'est drôle, la solution à presque l'odeur du parfum d'Evan ! sans vraiment m'adresser à lui.
-Quoi ?! Sérieux ?! dit-il. »
Et cet idiot, comme je l'avais calculé, sent la solution.
« -GAUVRIT, pauvre idiot ! On ne sent pas une solution, un élève de quatrième le sait ! moins deux sur votre TP à vous aussi ! »
Je le regarde avec un grand sourire.
« -Pff, range ton sourire avec tes bagues en plus là ! dit-il.
-Haha, Evan et sa répartie, on s'en souviendra ! »
Nous avons ensuite EPS. Pourvu qu'il ne fasse pas comme la dernière fois.
Evidement, il fait exactement la même chose, il sait que je déteste ça et attend que je craque, mais ça ne marchera pas.
Et il s'amuse, encore, à me caresser les hanches, à effleurer certaines parties de mon corps.
« -Evan, t'as une copine pour faire ça, alors arrête de m'emmerder... lui dis-je à voix basse.
-Non, elle je la baise direct, mais c'est beaucoup moins drôle !
-T'es pas bien dans ta tête ! »
Alors que le reste du groupe discute pour faire un quatuor entre eux, nous sommes à part en train de discuter...
« -Tu te rappelles quand on s'est embrassé ? demande-t-il avec son regard moqueur.
-TU m'as embrassée, et je t'ai mis une gifle. Oui je me rappelle.
-Et à Loan tu lui as mis une gifle ?
-Non, c'est moi qui l'ai embrassé, parce que je suis une allumeuse, enfin Evan tu suis plus rien !
-Haha. Super drôle. Tu fais pas ton grand écart aujourd'hui ? Que je vois ta petite culotte avec de la dentelle...
-Tais-toi, occupe toi de Sarah !
-En fait tu es une vraie tigresse au lit je parie !
-Mais ferme-là ! dis-je en rougissant.
-Oh bah alors rougis pas comme ça, parce que je te parle de sexe !
-Mais ferme-là !
-Haha, Brinou la petite vierge ! »
Je m'apprête à répliquer mais les autres nous rejoignent. Il m'énerve, il me regarde avec son sourire de vainqueur !
A la fin du cours, le prof nous fait faire un peu de gainage. Pour une fois Evan n'est pas avec moi mais avec ses débiles de potes. Je remarque qu'ils n'arrêtent pas de rigoler en regardant une fille. C'est une fille en surpoids qui a du mal à faire du sport. On doit ensuite faire quelques flexions, et là, Evan se met à rire très fort, ses amis débiles un peu plus discrètement.
« -Une baleine qui fait des flexions ! dit-il en riant. »
La fille est toute rouge et baisse les yeux, elle doit se sentir humiliée, je sais parfaitement ce qu'elle ressent. Evan peut me faire ce qu'il veut, je m'en fiche totalement, mais ça, il n'a pas le droit. La colère monte si vite en moi que je ne réfléchis plus, peu importe si on est en cours, je me dirige vers lui en furie.
« -T'es qu'une petite merde Evan ! » dis-je en lui mettant une gifle monumentale.
Tout le monde nous regarde, tandis qu'Evan se tient la joue. Ça a bien claqué, il l'a bien mérité.

"Même les méchants rêvent d'amour."Où les histoires vivent. Découvrez maintenant