𝓐𝓾 𝓯𝓲𝓵 𝓭𝓾 𝓽𝓮𝓶𝓹𝓼 ━ 𝓓𝓪𝓻𝔂𝓵 𝓓𝓲𝔁𝓸𝓷

6.

 Ce débat n'avait aucun sens, tous étaient résignés à lui couper la tête. Dale se battait aussi fort qu'il le pouvait, j'essayais de le soutenir comme je pouvais, mais nous étions que deux contre tous les autres. Je sortis en même temps que Dale, à quoi bon ce battre, ce gamin était condamné dès son arrivée. J'enfonçais mon poing dans l'arbre à côté de moi, bordel pourquoi j'étais si conne ! Bien sûr que ça faisait mal on n'était pas dans un film ! Je pestais contre moi-même. Pourquoi je m'énervais, c'est vrai quoi, c'était même pas mon problème de base. Ils voulaient le tuer, qu'il en soit ainsi ! Je fermais les yeux une seconde pour retrouver mon calme, je me mentais à moi-même. Ça me faisait chier, j'avais fait des tas d'erreurs dans ma vie, et si on m'avait condamné sans me donner une chance je serais sans doute pas là.

– Je vois que tu sais aussi te servir de tes poings.

– Tu te crois drôle Dixon ?

– Pourquoi tu veux le laisser en vie ? Me demanda-t-il en ignorant ma phase précédente.

– Pourquoi pas ? Tu ne crois pas qu'on à tous le droit à une seconde chance ? J'ai pas toujours traîné avec les bonnes personnes, et si on m'avait jugé pour les mêmes crimes à l'époque je sais pas ou j'aurais fini.

– Ça n'a rien avoir avec le fait que tu connaisses son groupe ?

Je le regardais interdit, il allait me balancer, c'était sûr. Il l'avait même peut-être déjà fait.

– Détends-toi, j'ai rien balancé. C'était juste une question.

– Je ne les protège pas, je t'ai expliqué ce qui s'était passé, ce sont des ordures oui. Mais ils ne sont pas tous comme ça. On va avoir la mort d'un gosse sur la conscience ça te fait rien ?

Il haussa les épaules, ce qui me fit lever les yeux au ciel.

– Tu as déjà ton avis, ça ne sert à rien d'en parler plus, faite ce que vous voulez de toute façon je fais même pas partie réellement du groupe.

Je partis me réfugier dans ma tente. Je prenais ça trop à cœur, c'était le problème quand on faisait partie d'un groupe. Trop de conflits, de trahison, de mensonges. Je préférais rester seule pour la soirée, sautant le repas du soir. Carol était venu me parler mais je m'étais braqué, j'avais aucune envie de discuter. Ils allaient tuer ce gosse, très bien mais qu'ils ne me mêlent pas à leur histoire.

J'entendais Rick parlé, alors il n'avait pas tué le gosse ? Je me sentis soulagée malgré moi. Mais soudainement, un cri strident me fit quitter ma tente. Je le sentais pas du tout là, et pourtant j'aurais voulu avoir tort...

C'était Dale, il venait de se faire littéralement déchirer l'abdomen par un rôdeur. Je ne pus retenir un mouvement de surprise avant de mettre mes mains devant ma bouche, c'était horrible. Dale ne méritait tellement pas ça. Tout le monde paniquait autour, demandant Hershel, mais c'était inutile. Dale le savait aussi, il regardait fixement un point sans rien dire, il savait. Rick voulut mettre fin à ses souffrances mais c'était trop difficile pour lui, alors Daryl le fit à sa place.

Le coup résonna dans la tête de chacun, je rejoignis ma tente rapidement. C'était pas possible, je pouvais pas rester ici. Je pris ma tête dans mes mains, le visage de Dale me hantait. Bordel ! Mais qu'est-ce que j'avais foutu, pourquoi j'étais resté aussi longtemps !

Je fis rapidement mon sac, ma tente était trop proche de celle des autres pour que je puisse la démonter sans les réveiller. Merde, il fallait que je l'abandonne, tant pis. Je pris mon sac, mon couteau et garda l'arme que Rick m'avait donnée, la seule chose que je pus prendre. C'était fini les conneries, maintenant je repartais. Non mais ça aller cinq minutes les conneries de groupe là. J'avais décidé depuis longtemps, pas d'attache dans ce monde de fous, plus rien.

J'arrivai devant la forêt, c'était pas très prudent de partir de nuit mais j'avais pas le choix si je voulais être discrète.

– Ça y est, tu pars.

Discrétion sur dix ? Entre se faire griller en cinq secondes et j'ai presque atteint la porte de sortie. Je me retournai face au chasseur.

– Comment t'as su ?

– T'es pas difficile à comprendre June. Tu vas dans des groupes, puis tu repars deux trois jours plus tard, avec si tu y arrive en bonus quelques trésors.

– C'est pas ça... Je vous ai rien volé d'accord.

– Je sais, tu pars à cause de Dale.

– Non, enfin... Écoute de base je voulais pas rejoindre de groupe. Perdre des gens je veux pas, être entre les bagarres, les couteaux dans le dos, tout ça c'est pas pour moi. Je veux juste continuer ma vie seule comme ça.

– T'as pas vu notre groupe sous le meilleur jour c'est vrai, mais je t'assure qu'on est pas les mêmes que c'est putain de violeur. Tu m'as aidé alors que tu m'connaisais même pas, je t'ai jamais rendu la pareille, alors reste.

– Tu as pas à me rendre la pareille, à la base je voulais vous voler des vivres. On est quitte d'accord.

– Pourquoi tu veux partir alors ?

– Je...

Pourquoi ? Parce que j'avais une peur bleue de me faire réveiller en pleine nuit pour qu'on me torture, me viole ou qu'on se serve de moi en tant qu'appât vivant. Parce que je m'attachais peu à peu à ces personnes et que les perdre serais trop dur à supporter. J'allais devenir folle à force de perdre des gens. Ma demi-sœur, ma mère, ma meilleure amie, mon frère. Je ne les avais pas tous vus morts devant moi, mais je les avais perdus, ils n'étaient pas à mes côtés et même avec toutes mes recherches je n'avais trouvé aucune trace d'eux.

– Reste encore un peu, apprend à connaître notre groupe. Puis tu vas pas partir comme une voleuse, tu m'as fait la morale avec Carol, mais tu crois qu'elle va le prendre comment demain quand elle va voir que tu seras parti ?

– Putain tu appuies sur les cordes sensibles toi !

Il me fit un petit sourire en guise de réponse et j'abandonnai. Après tout il n'avait pas tort, et je culpabilisais de laisser Carol alors qu'elle s'était confiée à moi. Daryl m'accompagna jusqu'à ma tente, je lui souhaitais bonne nuit avant de m'engouffrer à l'intérieur. Je savais pas s'il l'avait fait pour être sûr que je reste ou par simple sympathie, mais bon peux importait. Je m'allongeai sur mon matelas, regardant fixement la toile tirée au-dessus de moi. Dale était un homme bien, plein de sagesse, il avait été le premier à me parler ici. A me dire que c'était une bonne chose que je sois avec eux. J'essayais de trouver le sommeil mais c'était inutile, Dale venait s'ajouter à mes difficultés de m'endormir.