Chapitre - 61

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Trois semaines et demie plus tard

Les semaines avaient fortement avancé, me direz-vous, mais que s'était-il passé durant tout ce temps ? Eh bien, les choses s'étaient déroulées d'une façon plutôt différente pour nos deux couples.

Du côté d'Aurélie et Fakir, les choses étaient au blanc. Les deux ne se parlaient quasiment jamais. La blonde passait tout son temps à l'étage qui lui était réservé. Fakir, lui, avait fait connaissance du majordome Henry, qui était auparavant parti rendre visite à sa famille au nord de la région. Bien que Henry soit âgé, les deux hommes s'étaient rapidement entendus. Fakir s'était rendu compte qu'il n'était finalement pas seul. Il y avait des dizaines, même des centaines d'employés pour gérer ce manoir gigantesque. Ces derniers avaient été temporairement renvoyés par Aurélie, ne laissant que Henry et quelques femmes de ménage, qu'il ne voyait jamais en raison des nombreux étages à nettoyer.

Il s'était juste passé une chose. Un soir, alors que le vent se faisait entendre à travers les grands murs du manoir et que le reflet de la lune brillait de mille feux, Aurélie était descendue dans le salon afin d'aller chercher une trousse médicale, car elle s'était cogné le doigt de pied. Ce n'était rien de grave. Alors qu'elle était en train de faire son petit bandage, elle entendit une magnifique voix qui venait de dehors. Étonnée de voir ce silence être brisé, elle s'était dirigée vers les grandes fenêtres, dont les rideaux n'étaient pas fermés, mais ouverts. On voyait les rideaux flotter à cause du léger vent, éclairés par les lumières de la lune.

Elle s'était approchée de cette entrée avant de pousser de ses jolies mains les grands rideaux fins et blancs avant de sortir dehors. Cette voix était magnifique; elle ne comprenait rien, mais il était clair que cette mélodie était un pur délice pour ses oreilles. Elle n'avait rien entendu de tel auparavant. Cette voix ajoutait une touche magnifique à l'atmosphère. Elle tourna la tête pour scruter cet immense jardin avant de s'approcher un peu plus des rambardes. Elle baissa la tête avant de voir au loin, près de cette grande piscine, un homme assis sur un tapis de prière. Le reflet de la lune illuminait le front de Fakir, qui avait la tête légèrement levée vers le ciel, admirant ce ciel étoilé en récitant la sourate Al-Kahf.

Des coups de vent passèrent et firent trembler son qamis. Aurélie, étrangement hypnotisée par cet homme qui, à ce moment-là, semblait rayonner de lumière et de douceur, s'était laissée emporter par cette récitation qu'elle ne comprenait pas mais dont le son traversait sa poitrine. Ce fut une dizaine de minutes plus tard qu'elle se reprit avant de reculer et de marcher rapidement vers le salon. "Qu'est-ce qu'il me prend ? Tout cela à cause de ce clochard !" Elle s'était dirigée à l'étage avant de ne plus penser à ces douces récitations qui avaient, quelque part, marqué son cœur.

Après cette nuit, elle évitait encore plus Fakir et avait même ordonné à Henry de fermer à clé les accès la nuit, ne voulant pas être perturbée pendant son sommeil.

Passons maintenant du côté de notre chère Layna. Cette dernière, qui s'attendait à devoir se battre avec Hayden le lendemain de leur discussion plus que fulgurante, avait été surprise en découvrant que ce dernier avait dû partir pour un voyage d'affaires urgent. Hayden était si contrarié de devoir partir en Russie pour régler certaines affaires urgentes. Lui qui voulait se débarrasser de Layna avait dû partir le soir même en compagnie de Liam.

Ainsi, il passa deux semaines en Russie. Malheureusement pour lui, ce n'était pas une bonne chose. Durant ces deux semaines, Layna s'était beaucoup rapprochée de Addison, Albert, Aaron et Lorenzo. Alexia, elle, restait en retrait, passant beaucoup de temps dans la salle de sport du manoir. Les cousins ne faisaient plus attention à la tenue de Layna, qui était maintenant devenue un simple détail. La jeune femme, qui s'attendait à être en difficulté, s'était finalement beaucoup amusée avec ces nouvelles personnes avec qui elle n'aurait même pas imaginé parler si elle était encore à Londres chez ses parents. Tout était une première fois pour elle, mais cela ne la dérangeait pas. D'ailleurs, lorsque ces derniers manquaient à Layna, Addison l'encourageait à envoyer des messages afin de prendre de leurs nouvelles. Elle échangeait ainsi rapidement de temps en temps avec Asma et ses parents.

Cependant, sa joie fut de courte durée car Vladimir Hayden était maintenant de retour. Il avait vite remarqué à quel point la jeune femme s'entendait bien avec tout le monde. La première chose qu'il fit fut d'instaurer de nouvelles règles. Il avait fait passer le message à Albert, qui contre toute attente avait dû convoquer tout le monde. Il était clair que toute personne étrangère devait se plier à ces règles.

Albert avait aussi dû donner de nouvelles instructions à Layna. Il se sentait si mal, mais il n'avait pas le choix. Ainsi tout le monde devait limiter son temps avec Layna et ne jamais la considérer comme leur amie. Elle ne mangerait pas avec eux, n'avait en aucun cas le droit d'intervenir dans la vie de qui que ce soit, ni même de parler de sa religion.
De plus Layna ne pouvait pas être hébergée gratuitement; il fallait donc lui assigner une place. À quoi pouvait-elle bien servir à un homme comme Vladimir Hayden qui avait tout ? Pourrait-elle être sa femme de ménage ? Non, il y en avait déjà tellement. Pourrait-elle être son esclave ? Non, il était hors de question pour lui de se trimballer avec cette chose couverte de la tête aux pieds. Après mûre réflexion, il avait décidé que Layna devrait accomplir des missions si elle voulait rester ici. En réalité, il voulait s'amuser avec elle et la forcer à partir sans exposer ses intentions clairement afin de ne pas être en conflit avec sa cousine adorée, Addison.

Elle devait commencer ce nouveau travail dont elle n'avait aucune idée. Albert ne lui avait rien précisé sur les missions qu'elle devait accomplir. La pauvre avait attendu toute une semaine. Durant cette dernière, étrangement, elle n'avait pas croisé cet homme qui était souvent en réunion. Apparemment, il préparait un nouveau contrat avec une très grande entreprise, selon ce que lui avait dit Aaron. Demain était le jour J où elle devait travailler ? Non, subir ? Elle ne savait pas. Mais elle était certaine qu'elle n'allait pas se laisser faire.

Lui et La niqabi 🌙Où les histoires vivent. Découvrez maintenant