Chapitre - 50

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Italie, Milan 20:00

-"Allo ? Allo ? Mam-"

-"Layna, ma chérie"

Après quelques dizaines de bips, la mère de Layna venait enfin de répondre au téléphone. Cette dernière était impatiente de recevoir des nouvelles de sa fille. Cependant, elle n'avait pas reconnu le numéro inconnu qui l'avait appelée.

-"Maman" prononça Layna de sa voix douce.

Des sentiments de tristesse l'avaient envahie lorsqu'elle entendit la voix de sa mère. Elle avait soudainement envie de tout dire, de lui raconter tous ces événements plus qu'étranges qui lui étaient arrivés.

-"Layna ? Chérie, réponds-moi, tu vas bien ?" questionna sa mère qui n'entendait plus la voix de sa fille.

Layna sortit finalement de ses pensées avant de tomber sur le regard désolé d'Addison qui l'encourageait à parler.

-"Oui, maman, je vais bien et toi ?"

-"Oui, ça va. Attends, Asma est à côté-"

-"Hey, t'es sérieuse, c'est maintenant que tu nous appelles ?" demanda Asma qui venait de prendre le téléphone.

-"Désolée, j'étais occupée..."

-"Mouais, c'est pas une excuse, mais laisse tomber. Dis-nous, comment ça se passe avec Fakir ?" lui demanda Asma avec un ton malicieux.

Layna s'était tendue à cette question. Elle ne savait pas quoi lui répondre. Que pouvait-elle exactement lui dire ? Que Fakir et elle ne se sont finalement jamais rencontrés ? Qu'elle se trouve actuellement en Italie, dans un manoir avec de riches héritiers descendants de plusieurs générations de mafieux puissants ? Non, impossible. Elle en était encore plus certaine maintenant qu'elle parlait à ses proches. Il fallait qu'elle leur mente, même si cela allait à l'encontre de ses principes ; la situation l'imposait.

-"Oui, t-très bien. Il... oui, il va bien."

-"Hahaha, pourquoi t'es tellement timide. Attends, je te repasse ta mère ; elle est en train de me foudroyer du regard."

-"Maman ?"

-"Oui, ma chérie ?"

-"Comment va papa et les autres?"

-"Al hamdoulillah, tout le monde se porte très bien."

Addison, qui suivait la conversation de près, posa sa main sur l'épaule de Layna afin de la rassurer comme elle le pouvait.

-"Mais dis-moi, Layna, depuis quand as-tu commencé à me cacher des choses?"

-"H-hein ?"

L'expression de Layna sous son niqab changea, les battements de son cœur commencèrent dangereusement à accélérer.

-"Oui, je suis au courant de tout. D'ailleurs, tu mérites une bonne correction."

-"M-mais je t'assure maman, c'est un malentendu. Je me suis réveillée dans l'av-"

-"Fakir m'a tout dit. Sérieusement, comment avez-vous pu laisser toutes vos affaires ici ?"

Cette phrase résonnait des dizaines de fois dans la tête de Layna, analysant chaque mot plusieurs fois. Elle pensait que sa mère était au courant et le simple fait d'être accusée de quelque chose qu'elle n'avait pas fait la terrorisait, surtout auprès de ses parents.

-"Nos a-affaires ?" Layna reprit d'une voix tremblante.

-"Oui, on a reçu un appel de la mosquée de Londres. Ils ont dit que la voiture de Fakir n'avait pas été déplacée, et quand j'y suis allée avec ton oncle, il y avait toutes vos affaires dedans..."

Tandis que sa mère continuait de la réprimander pour leur incompétence, Layna, elle, n'écoutait plus, beaucoup trop soulagée de ne pas s'être fait encore attraper. Cependant, une question la trottait dans la tête.

-"Maman, tu as eu Fakir au téléphone ?"

-"Oui ma chérie, il m'a appelée avant toi. C'est un bon garçon qui nous a tout expliqué. D'ailleurs, je sais que vous allez rester en voyage pendant 6 mois et je..."

La mère de Layna était en réalité très inquiète. Connaissant sa fille maladroite et toujours en train de faire des bêtises, elle savait qu'un si long voyage n'était pas une bonne idée. Elle avait tenté de raisonner Fakir involontairement, mais ce dernier avait très bien répondu.

-"Oui, 6 mois maman, c'est long."

-"Fais attention à toi ma chérie, ne casse pas tout et s'il te plaît, apprends à réfléchir."

-"Maman, sérieusement..." Layna commençait à bouder. Elle n'était pas non plus un danger public; pourquoi sa mère craignait-elle tout le temps qu'elle fasse n'importe quoi ?

Une fois l'atmosphère apaisée, Layna s'était assise et ne faisait plus attention à Addison qui la regardait d'un regard bienveillant. Elle commençait à discuter de tout et de n'importe quoi avec sa mère et Asma. Les rires ne s'arrêtaient plus. Ce fut une dizaine de minutes plus tard que la mère de Layna décida de mettre fin à la conversation.

-"Ma chérie, j'ai quelque chose à te dire."

-"Oui maman" lui avait répondu Layna, toujours en train de rire à la blague de Asma.

-"Tu vois, maintenant tu es mariée, tu as ton propre foyer, tu n'es plus sous notre responsabilité..." Elle s'arrêta quelques instants avant de poursuivre. "Nous sommes âgés maintenant et te voir, toi notre seule enfant, épanouie et protégée, nous rend tellement heureux. On a décidé avec ton père de repartir vivre au Pakistan."

Layna s'était soudainement arrêtée de rire avant de se relever du canapé. Elle posa ses deux mains sur le téléphone toujours collé à son oreille.

-"Pour c-combien de temps ?" demanda-t-elle d'une voix hésitante.

-"Hélas, nous voulons partir pour toujours. Écoute, nous sommes vieux maintenant et ton père veut retrouver cette terre où il a vécu durant son enfance. Nous voulons vivre nos derniers instants là-bas."

Layna avait les larmes aux yeux quand sa mère lui parla d'une éventuelle mort. Non, elle ne le voulait pas, même si au fond d'elle, depuis son plus jeune âge, elle savait que parmi tous ses camarades de classe, ses parents étaient les seuls qui étaient âgés. Elle avait cependant toujours tenu la tête haute, protégeant sa famille comme elle le pouvait.

Elle prit quelques minutes de réflexion avant de conclure qu'elle ne pouvait pas leur empêcher de vivre leur vie. Après tout, ils avaient tout sacrifié pour elle.

-"Maman, je suis très heureuse pour vous."

-"Vraiment ? J'étais un peu inquiète."

-"Mais non, tout va bien, au contraire, amusez-vous bien."

-"Toi aussi tu vas me manquer, Layna. On ne pourra pas se contacter souvent..."

-"Hein ? Pourquoi ? Je ne comprends pas, on a du réseau au Pakistan."

-"Haha, arrête, parle plutôt de vous. Fakir nous l'a dit, que vous alliez loin, et que vous n'auriez pas le temps de rester en contact avec nous."

Lui et La niqabi 🌙Où les histoires vivent. Découvrez maintenant