Chapitre - 26

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L'appel à la prière du coucher du soleil venait de résonner dans toute la mosquée. Au loin, on entendait les derniers chants des oiseaux avant la tombée de la nuit. La jeune Layna venait de rentrer dans cette immense pièce. Elle ne voyait rien, mais elle ressentait un étrange sentiment. Une lourdeur pesait sur son cœur qui rongeait son esprit de l'intérieur. C'était comme si une tempête était en cours de préparation, et à chaque souffle qu'elle prononçait, celle-ci s'approchait d'elle. Elle priait de tout son être pour que tout se passe bien, pensant que c'était le stress qui la rendait malade. Elle était là, près de la porte, debout, la tête baissée.

La pièce dans laquelle elle se trouvait était grande, éclairée par de vieilles lumières qui donnaient une teinte jaunâtre à la pièce. Il n'y avait pas de fenêtres mais une porte donnant accès au parking. Il n'y avait aucun ballon, aucune décoration, ni aucune préparation de la famille de Layna car elle n'était tout simplement pas dans la bonne pièce. Mais Layna ne le savait pas puisqu'elle ne voyait rien. On pouvait apercevoir l'imam assis sur une chaise au centre, la gorge serrée, des gouttes de sueur perlant sur son front et son visage. Son regard était apeuré, fixé sur une vue terrifiante : des gangsters armés de la tête aux pieds se tenaient devant lui. L'aura qui émanait d'eux n'annonçait rien de bon, leurs regards perçants et leurs voix autoritaires ne laissaient aucun doute, ils étaient extrêmement dangereux.

Il avait tenté de s'enfuir, mais en vain, Liam l'avait attrapé par la gorge, le menaçant du regard. Apeuré, l'imam avait reçu des papiers dont l'écriture semblait être du russe. Avec une kalashnikov dirigé vers lui, il ne pouvait bouger sans risquer sa vie. Deux hommes blancs se tenaient au loin, observant la scène. Vêtus de costumes noirs bien taillés, sans armes ni tatouages visibles, leurs visages ne portaient aucune cicatrice.

-"Nous observerons la cérémonie de loin, à la fin nous signerons l'attestation une fois que mon collègue aura pris des photos comme preuve" déclara l'homme blond avec un sourire dissimulé.

Ces deux officiers suisses de haut rang étaient très généreusement payés pour assister à ce "mariage" religieux et attester que Aslam Safinah était en vie et en bonne santé, et qu'elle s'était mariée. Leur signature et les preuves de ce mariage étaient cruciales pour récupérer une entreprise d'une valeur inestimable au yeux de quelqu'un.

-"D'accord, faites bien votre travail et croyez-moi, l'argent n'est pas un problème, vous serez payés encore plus" dit la voix froide de Liam.

Celui-ci se tenait près de l'imam avec deux de ses hommes de main, les bras croisés, le regard perçant. Il s'impatientait de la lenteur de l'imam et le fixait encore plus durement.

-"Avancez, s'il vous plaît" dit l'imam d'une voix tremblante, ne supportant plus le regard de Liam.

Ce dernier incita Layna à avancer. Elle essaya de se frayer un chemin avec sa longue abaya et son voile qui limitait sa vision jusqu'à la voix de l'imam. C'est alors qu'elle réalisa que c'était étrange que Asma ne vienne pas l'aider. Sa meilleure amie ne l'avait pas quittée de la journée, et maintenant elle ne lui prêtait aucune attention. "Étrange" pensa-t-elle. Il n'y avait aucun bruit, aucune voix dans la pièce, à part celle de l'imam. Pourquoi les membres de sa famille ne parlaient-ils pas entre eux ? Et pourquoi sa mère ne venait-elle pas la voir ?

-"Asseyez-vous, s'il vous plaît" la voix de l'homme était basse.

Elle s'assit sur la chaise malgré elle, manquant de trébucher sur sa abaya. Elle voulait appeler sa mère, mais se rappela de ses paroles : "Vu comment tu es maladroite, ma fille, ne parle pas pendant la cérémonie ! Réponds simplement par oui à tout ce que l'imam te dira, d'accord ?" Elle ne voulait pas gâcher quoi que ce soit. Quelqu'un d'autre aurait peut-être remarqué quelque chose d'anormal dans cette pièce, mais nous suivions notre chère Layna depuis le début et nous savions que son QI n'était pas très élevé. Tête en l'air, elle refusait de croire ce sentiment qui la poussait à relever son voile et à regarder devant elle.

-"À chaque fois je fais des bêtises et tout se passe mal, cette fois je vais bien écouter mes parents." dit-elle d'une voix peu audible à son égard.

Elle avait la tête baissée et attendait les instructions de l'imam.

-"Où est le marié ?" demanda l'imam d'une voix tremblante.

-"Il arrive" lui répondit Liam.

Layna ne retenait que cette voix agressive qu'elle n'avait jamais entendue. Elle se dit alors que c'était sûrement un ami de Fakir qui devait avoir un fort caractère.

-"Je vais l'ap..." Liam fut interrompu par un bruit.

Quelqu'un venait de rentrer dans la pièce par la porte de derrière. L'imam se redressa doucement avant de se figer devant cette personne dont le regard lui transperçait le cœur. Liam sourit au nouvel arrivant avant de lui indiquer la chaise où il devait s'asseoir. Ce dernier ne jeta aucun regard vers la femme en face de lui.

Layna, elle, avait le cœur qui battait à mille à l'heure lorsqu'elle entendit la porte claquer."Est-ce que c'était Fakir ?" se demanda-t-elle. Elle eut sa réponse lorsqu'elle entendit les pas se diriger vers la chaise en face de la sienne. Mais elle perdit rapidement tout son enthousiasme. Quelque chose émanait de cette personne, un sentiment plus fort que celui qu'elle avait ressenti en franchissant la porte tout à l'heure. Elle n'avait connu que la bonté et la douceur du monde que ses parents et les gens de son entourage lui avaient donné. Alors mettre un nom sur ce nouveau sentiment lui était difficile. C'était comme si de la noirceur se rajoutait à sa vue déjà obscurcie par le voile.

On avait ordonné à l'imam de suivre toutes les coutumes de leur "religion", c'est pourquoi il s'était levé de sa chaise pour installer un long rideau pour séparer les mariés. À la fin du nikah, ces derniers devaient faire tomber ce rideau et ainsi se contempler l'un l'autre. C'est du moins ce que la mère de Layna lui avait expliqué. La jeune femme ne savait pas encore que devant elle se trouvait un destin inconnu, voire inimaginable pour elle.

L'homme en face d'elle portait une montre abîmée. Cette même montre qui avait été écorchée par un fil insignifiant de son voile il y a 2 mois de cela, mais elle ne le savait pas.

Lui et La niqabi 🌙Où les histoires vivent. Découvrez maintenant