Lui et La niqabi 🌙

Chapitre - 11

21h

Le soir était tombé et le vent froid reprenait le dessus. Layna était à table avec ses parents. Pourtant, ce soir-là était différent de tous les autres. Une certaine ambiance pesante était présente, et Layna pouvait le sentir dans le regard de sa mère qui évitait le sien.

-"Maman, j'ai tout mangé, c'était très bon," dit Layna avec un ton joyeux.

Elle tentait malgré tout de rendre l'atmosphère plus chaleureuse, mais sa mère lui répondit d'un ton perdu : -"Hum Merci..."

Un silence s'installa, seul le bruit d'une cuillère en argent tapant contre une assiette se faisait entendre en fond.

-"Layna ?" finit par briser sa mère, rompant enfin ce lourd silence.

-"Oui!" répondit Layna instantanément, lassée de cette ambiance pesante.

-"Il y a quelque chose dont ton père et moi avons envie de discuter avec toi," dit sa mère en se levant de sa chaise pour accompagner son mari aveugle vers le salon.

-"Je vais installer ton père, va préparer le thé et ramène quelques biscuits," demanda-t-elle d'une voix calme.

Layna s'exécuta, se dirigeant vers la cuisine pour préparer le thé et quelques biscuits, avant de rejoindre ses parents dans le salon.

La jeune femme était excitée de savoir de quoi il allait discuté. Elle savait que c'était quelque chose d'important. À chaque fois que sa mère l'a conviée dans le salon, autour d'un thé et des biscuits, elle comprenait que le sujet serait sérieux. Ainsi elle prépara le thé, sa seule compétence en cuisine, elle oublia même l'incident de l'araignée de ce matin.

-"Voilà, c'est prêt."

Elle servit ses parents puis elle-même, prenant un petit biscuit avant de s'installer sur le canapé, enveloppée dans son doux plaid.

-"Alors..." sa mère se racla sa gorge avant de poursuivre.

-"Tu es notre enfant, Layna, nous t'aimons et nous avons fait de toi une bonne personne," dit-elle en regardant sa fille avant de poursuivre.

-"Bien que tu sois nul...heu je veux dire que tu ne sois pas faites pour les études et dans bien d'autres tâches, tu as un cœur en or. Tu as toujours des plans dans ta petite tête, mais rien ne se passe jamais comme tu l'imagines," rigola-t-elle en pensant à toutes les fois où sa fille avait été maladroite.

-"Tu m'as convoquée pour te moquer de moi, maman," Layna boude en détournant le regard.

Sa mère se leva du canapé, fit le tour de la table, s'assit près de sa fille et lui prit le menton.

-"Ma bien-aimée, mon adorable fille" elle l'enlaça.

Son père, resté silencieux, réussit à ajouter quelques mots malgré ses cordes vocales blessé.

-"Nous t'aimons tellement, tu es notre seule enfant, Layna," répéta-t-il également comme sa femme avant de faire un signe à sa femme pour qu'elle continue.

-"Ton oncle paternel est venu nous voir, tu sais ton oncle Saeed, celui qui vit encore à Dublin avec sa famille," lui dit-elle.

-"Oui, mais la dernière fois que je l'ai vu j'avais 12 ans je crois," répondit Layna en réfléchissant à son oncle paternel avant de demander "et donc?"

-"Je vais aller droit au but, tu sais qu'il a un fils, Fakir, qui a un an de plus que toi," elle racla une dernière fois sa gorge avant de continuer.

-"Il veut ta main pour son fils!" lui dit-elle rapidement avant de baisser la tête.

Un silence s'installa dans la pièce. On pouvait entendre le tic-tac de l'horloge devenir le refuge de tous. Les souffles coupés, la transpiration excessive des aisselles et du front, les pieds tapant, chacun exprimait son stress comme il le pouvait.

Le silence fut enfin brisé au bout d'une dizaine de minutes par Layna.

-"Vous en pensez quoi, toi et papa?" demanda-t-elle à sa mère d'une voix douce.

-"N-nous sommes d'accord avec toi, peu importe ton choix, nous le respectons. Mais je ne vais pas te mentir, Fakir est un très bon garçon, aimable, travailleur et surtout très religieux," lui dit sa mère, sachant que ce dernier point convaincrait sa fille.

Elle avait rencontré Fakir il y a quelques jours avant que ce dernier ne retourne à Paris car il travaillait à l'ambassade. C'était un garçon très bien, respectueux des aînés, gentil et avait un cœur doux. Elle savait que, stupide comme était sa fille, elle risquait de laisser passer un bon parti.

-"Très religieux?" demanda Layna.

-"Oui, il fait ses 5 prières, récite très bien le Coran, et en plus il est grand," elle commença à le louanger.

-"Si il est religieux tant mieux, je ne m'intéresse qu'à cela. Pour le physique, il n'y a que la barbe qui m'intéresse, tu le sais?" dit Layna, indirectement en train d'accepter.

-"Ah oui, il a une barbe moyenne, mais tu verrais, très garnie," dit sa mère en essuyant les quelques gouttes de sueur de son front.

-"Si il est très religieux, qu'il a un bon comportement et que toi et papa approuvez, je ne vois pas le problème," murmura Layna.

-"Donc, est-ce que je peux considérer que tu es intéressée?" demanda sa mère, cherchant son regard.

La jeune femme prit une grande inspiration et, après mûre réflexion, répondit enfin : "Oui, maman, je veux aller directement au mariage. J'ai confiance en toi et papa, vous ne ferez jamais le mauvais choix pour moi." Elle prit sa mère dans ses bras avant de lui murmurer à l'oreille : "Merci pour tout, maman."

5h58, Fajr

Layna venait de terminer sa prière de Fajr. Après avoir rangé son tapis, elle s'installa sur son petit canapé dans sa chambre, mettant sa tête dans ses bras, contemplant la lune brillante dans le ciel, entourée de millions d'étoiles.