Chapitre - 49

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-"Pourquoi tu caches encore tes yeux, merde ?"

-"Si on doit vraiment vivre 6 mois ici, je veux qu'on mette en place des règles."

Aurélie émit un rire sarcastique.

-"Je vis ici, et c'est toi qui oses décider, va te faire foutre ? Tu penses pouvoir me contrôler parce que je suis une femme ?"

Elle se dirigea ensuite vers Fakir avant de le bousculer, faisant tomber au passage son kufi.

-"Chez toi, on contrôle les femmes, mais ici c'est moi qui décide."

Fakir, lui, n'avait pas cédé. Il s'était immédiatement baissé pour ramasser son kufi avant de le replacer sur son visage.

-"Je n'ai jamais dit que je veux te contrôler, je veux juste des règles. J'en pose trois et tu en poses trois."

Aurélie semblait réfléchir; ce n'était pas une mauvaise idée, pensait-elle. Cela lui permettait de contrôler Fakir, qui resterait sagement ici tandis qu'elle pourrait gérer ses problèmes personnels et celui d'Aslam Youcef.

-"Très bien, je commence" avait-elle entamé. "Règle n°1 : tu ne sortiras pas de ce manoir sous aucun prétexte. Règle n°2 : tu auras le second étage pour toi, et le troisième est le mien, interdiction de monter. La règle n°3, je la garde en réserve."

Fakir avait attentivement écouté les dires d'Aurélie.

-"D'accord, les miennes maintenant. Règle n°1 : je peux prier et pratiquer ma religion sans que tu n'interviennes. Règle n°2 : tout contact physique est strictement interdit. Règle n°3 : tu ne dois pas porter de vêtements révélateurs, sinon ne compte pas sur moi pour t'écouter."

Aurélie avait été extrêmement irritée par ce dernier point.

-"Sale religieux de merde, tu essaies de me contrôler, hein ?"

-"Non, ce sont mes règles et tu dois les respecter. Je ne te dis pas de porter un voile, juste de respecter ma pudeur. Vivre avec une femme avec qui je n'ai aucun lien est déjà une transgression que je suis en train de commettre."

La blonde était exaspérée par Fakir, qui n'arrêtait pas de ramener la religion à tout. Cependant, elle décida de prendre sur elle, avant de souffler. Après tout, ils resteraient chacun de leur côté.

-"Très bien, j'accepte."

Elle s'était dirigée vers l'étage avant de revenir quelques minutes plus tard. Elle avait opté pour un sweat, cachant ainsi sa poitrine qui était auparavant exposée. Fakir, qui l'avait vue revenir, la regarda droit dans les yeux en maintenant toujours une distance entre eux.

-"Et pour ma famille ? Ils vont s’inquiéter ?"

Voyant qu'Aurélie ne lui répondait pas, il commença à s'inquiéter.

-"N-ne me dis pas que tu comptes m'enfermer ici ? Tu vas me couper du monde ?"

-"Du calme, le clochard."

-"Clochard ? Je ne suis pas un clochard, j'ai un travail..."

Fakir avait commencé à expliquer sa vie, notamment les mille raisons qui prouvaient qu'il n'était pas un clochard. Aurélie s'était bouché les oreilles. Pourquoi parlait-il autant ? Si ces 6 mois devaient se dérouler avec ce clochard qui blablatait à chaque sujet, elle pèterait sûrement un plomb, pensait-elle. Elle repensa à l'idée macabre de le tuer et de l'enterrer quelque part. "Non, pourquoi je devrais me salir les mains ?" avait-elle finalement conclu.

-"Bon, ta gueule, et non, je ne vais pas t'enfermer. Et arrête avec cette histoire de cloch... purée, tu m'as fait me perdre dans les mots."

Elle était exaspérée.

-"Bah, alors je peux les appeler ?"

-"Oui, mais tu vas devoir leur mentir concernant toute cette histoire."

Fakir se mit à réfléchir. Il était vrai que mentir était mal, mais la situation l'imposait fortement. Il pensait aussi à l'honneur des deux familles. Comment leur expliquer cette histoire plus qu'étrange ? Les siens auraient sûrement fait une scène dans tout le quartier, et les parents de Layna, âgés, pourraient faire une crise.

-"Oui, je sais. Je trouverai une excuse."

Aurélie lui jeta son téléphone avant de s'exclamer :

-"Essaie de trouver une bonne excuse, car je ne te donnerai pas mon téléphone à chaque fois. Tu n'auras accès qu'à une tablette."

-"Pourquoi ?"

-"Je ne te fais pas confiance."

Il jeta un regard mauvais à Aurélie avant de prendre le téléphone et d'appeler ses parents. Ces derniers, n'ayant pas reconnu le numéro, pensaient à une erreur. Fakir leur avait inventé un mensonge, tout comme pour la suite de son histoire. Une fois l'appel terminé, il souffla bruyamment avant de s'exprimer à haute voix : "Pardonne-moi, Allah, préserve mes parents." Il appela ensuite les parents de Layna et leur dit la même excuse. Ces derniers, extrêmement heureux, voulaient parler à Layna, mais Fakir avait encore simulé un mensonge.

Une fois le téléphone raccroché, Aurélie s'était levée avant de l'interpeller :

-"Quel jeu d'acteur. Je dois avouer que je préfère ce côté-là."

-"Allah sait que je ne le fais que pour protéger ma future femme et sa famille."

Celle-ci, fatiguée de l'entendre parler de sa religion, fit semblant de se nettoyer les oreilles avant de se diriger vers les escaliers. Elle reçut en même temps les documents sur Fakir que Liam venait de lui envoyer. Elle se retourna vers ce dernier avant de s'exclamer :

-"Espérons que tu te tiennes à carreaux de ton côté," avait-elle dit sarcastiquement. Elle ajouta ensuite "clochard" avant de monter les marches.

-"Je ne suis pas un clochard, j'ai un diplôme !" s'était exclamé Fakir.

Aurélie était montait à l'étage, laissant un Fakir seul au milieu du salon.

-"Donc là, je suis censé faire quoi ?"

Il était perdu. Il ne connaissait rien de ce manoir, il ne semblait y avoir personne à part Aurélie et lui. Le voilà qui devait visiter seul chaque pièce. Il se souvenait que le deuxième étage était pour lui. Il monta avant d'observer ce manoir, qui était moderne et beau. Il aperçut sur chaque tableau l'inscription suivante : Elinsky. Il cria alors :

-"Je suis chez les Elinsky..."

Il savait qu'il était chez des mafieux, mais de là à être chez les Elinsky. On entendait souvent parler de leur immense empire moderne à la télé. Ils étaient extrêmement riches et signaient des contrats à travers le monde entier. Même la compagnie aérienne chez qui il avait passé son billet et celui de Layna appartenait au groupe Elinsky.

Il pensait que Layna était une femme mature, fragile, douce et un peu maladroite. Elle devait sûrement être en train de pleurer dans un coin du manoir, pensait-il tristement, ne se doutant pas du caractère enfantin, mais aussi sa façon d'avoir une perspective unique des choses qui la rendait amusante. En réalité, il ne connaissait rien de Layna. Cette dernière n'était pas facile à gérer. D'ailleurs, elle n'avait pas été maltraitée comme l'avait été Fakir, qui soignait sa blessure au front que Aurélie lui avait faite en lui mettant un coup pour l'assommer.

Lui et La niqabi 🌙Où les histoires vivent. Découvrez maintenant