Chapitre 20

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Swan était devant elle, aussi belle que jamais, accompagnée de ce regard triste qui lui était propre dès que l'on posait les yeux sur elle. Emma avait les lèvres entre-ouvertes. Son souffle chaud s'échouait sur les joues de Regina qui ne pouvait détourner le regard de ces deux prunelles en face d'elle. La blonde passait sa langue lentement sur ses lèvres, le maire suivait ce geste des yeux comme absorbée, hypnotisée. Dieu ! ce qu'elle rêvait d'embrasser à nouveau le Shérif. Plus longuement que la première fois. Plus intensément. Comment résister à ce regard charmeur et à cette bouche aguicheuse ? Pourquoi diable avait-elle ordonné à la blonde de ne jamais l'embrasser à nouveau alors qu'elle-même en mourait d'envie ? "Quelle imbécile je suis" pensait Regina.

Un raclement de gorge innocent interrompit les deux jeunes femmes. C'était David Nolan, tenant la main de Mary Margaret. Ils attendaient les ordres du Shérif et paraissaient gênés. Emma se retournait, déstabilisée, probablement aussi gênée qu'eux.

- Tout va bien, je me charge de la sécurité de Madame Mills. Je vais lui donner quelques consignes à respecter. Vous pouvez rentrer. Leur disait-elle sur un ton qui se voulait assuré.

Regina regardait Emma et ses parents tour à tour, outrée. Les Charmants hochaient la tête, puis après une brève hésitation, quittaient les lieux. Les ordres du Shérif la faisait frémir, on aurait pu presque percevoir de l'agacement face à l'intervention du Prince. Comme une envie de se débarrasser de ces deux spectateurs de trop.

À nouveau les deux jeunes femmes se tenaient têtes, toujours ce même silence flottant autour d'elles. Leurs respirations leurs manquaient, suffocantes, haletantes. Un aimant attirait leurs lèvres inlassablement, il ne suffirait que d'un pas, un unique pas, pour que leurs bouches ne se rencontres à nouveau. Mais ni l'une ni l'autre ne prendra le risque de le franchir. La tension montait et l'attirance se faisait de plus en plus irrésistible. La chaleur s'emparait de leurs êtres comme d'un démon en proie d'un corps à posséder. Emma agitait sa main devant elle en éventail, Regina elle, déboutonnait son blazer bleu laissant vue à la blonde d'un chemisier blanc dont les deux premiers boutons étaient ouverts. Le Shérif y devinait un soutien-gorge en dentelle noir. Elle détourna les yeux rapidement comme honteuse de la direction que prenait son regard, et en revenait aux yeux bruns de la Reine.

Regina avait senti le regard océan de sa belle se poser un fragment de seconde sur son décolleté. Un sourire narquois se dessinait sur ses lèvres rouges. Elle aimait être désirée et regardée incontestablement, même dans les situations les plus ... extrêmes.

Swan gigotait devant elle, ne sachant plus sur quel pied danser. Que fallait-il faire pour que cette attirance cesse ? Se détester à nouveau ? Bien sûr ! Regina devait redevenir cette femme froide et arrogante qu'elle était il y a peu. Elle en était capable et elle le ferait, à contre cœur. Elle soupirait face à sa propre idée. Son sourire radieux s'éteignit et ses yeux noirs reprirent le dessus. Elle prit son air agacé et inspira profondément.

- Qu'avez -vous à me dévisager ainsi Mademoiselle Swan ? Depuis quand intervenez-vous sans que l'on ne vous ais sonné ? Je contrôlais très bien la situation ! Les aboiements de la brune furent accompagnés d'un balancement de cheveux narcissique.

Le visage d'Emma se décomposait, confus. Ce changement d'humeur la surprenait. Elle était pourtant persuadée d'avoir cerné un parfum de flirt lors de ce tête à tête. Elle s'était manifestement bien trompée sur toute la ligne. Regina ne ressentait pas la même chose, loin de là. Elle tira sur les pans de sa veste en cuir pour se redonner un peu de contenance. Elle se racla la gorge et releva le menton en jaugeant le maire.

- Très jolie numéro de magie, Majesté. Je peux en faire tout autant. Mais retenez bien que Whale n'en restera pas là. Vous ne voulez pas de mon aide ? Très bien, mais ne venez pas vous plaindre lorsque vous lui servirez de cobail. Sur ce, bonne journée, Madame le Maire.

Emma détournait les talons, prenant la petite allée pour quitter le manoir du maire, la plantant sur son perron seule. Elle émit un petit "tsss " avant de remonter dans sa Coccinelle jaune et de prendre la route pour le poste.

Le maire la regardait s'éloigner tristement. Elle aurait aimé la rattraper et pourquoi pas se faire pardonner, mais elle ne devait pas céder. Cette histoire la rendait dingue. Emma devenait une obssession. Elle jalousait son propre fils de pouvoir la serrer dans ses bras et l'embrasser sur la joue tendrement. La Reine et la Sauveuse ne devaient pas finir ensembles. Ce n'était pas ainsi qu'étaient crées les contes de fées. Ils devaient apprendre aux enfants les difficultés de la vie à travers des morales détournées, renforcés par la magie et le rêve. Dans Once upon a time, aucunes histoires ne relataient une Happy Ending lesbienne, ni même homosexuelle. Les Méchants n'avaient pas de fin heureuse. Regina Mills le savait. Son destin était déjà traçé...

Elle fit volte-face après un long soupire et rentra se cacher à nouveau dans son immense demeure plongée dans les ténèbres. Elle vérrouillait sa porte deux fois avant de se diriger à la cuisine boire un verre.

Il se passa trois jours paisibles avant que la tempête ne frappe à nouveau sur Regina Mills. Trois jours pendant lesquels Storybrooke vivait sous une ambiance calme mais tendue. Emma et Regina avaient réussi à s'éviter. Oubliant presque leurs existances mutuelles. Emma vaquait à son travail de Shérif, fuyant ses parents, préférant garder un œil sur les habitants "trop calmes" à son goût. Veillant secrètement à la sécurité du maire, qui quant à celle-ci, restait enfermée dans son manoir. Elle ruminait ses démons. Elle refusait les visites d'Henry, ne se sentant pas prête à lui divulguer son lourd passé. Elle culpabilisait pour son comportement avec le Shérif qui après tout se souciait d'elle. Ne désirant pas la voir de peur de croiser ce regard rancunier que transportait la blonde.

Le drame auquel Swan s'était préparée arriva donc au bout de ces trois jours. Regina sortait de son manoir, aveuglée par les rayons du soleil, se dirigeant en grande hâte vers son deuxième pommier, dans son propre jardin. Les pommes pourrissaient, devenant noires. Le maire savait que les réactions de cet arbre étaient en lien avec ses propres humeurs. Le noir signifiait la colère, la tristesse et le désespoir. Alors qu'elle tendait la main pour cueillir l'un des fruits, elle reçut un énorme coup à la tête lui faisant perdre connaissance.

Une silhouette lui attacha les mains et lui baîllona les yeux et la bouche, traînant ensuite le corps à travers le jardin vers une voiture noire.

[En réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant