Chapitre 65

4.3K 202 57
                                    

"Elle avait tout fait pour le retenir, mais parfois tout n'est pas suffisant."
- Guillaume Musso.


Elle observait la timidité du soleil qui tentait de percer malgré les nuages gris comme si elle n'avait jamais vu la lumière parmi les ténèbres auparavant. Tout lui semblait dérisoire, plus rien n'avait de sens à présent. Non elle n'avait rien gagné, elle avait tout perdu.

- Regina ? Regina, répondez à ma question voulez-vous ? Tentait le Docteur Hopper afin de sortir le maire de sa torpeur.

Aux premières heures de l'aurore, la Reine avait accourue au cabinet du psychologue dans l'espoir de s'interdire de retenir Emma.

Regina tournait la tête lentement et plongeait son regard sombre dans celui du psychologue en soutenant son silence mutin. Elle ne pouvait plus parler. Plus penser. Plus vivre. Elle était morte intérieurement, son cœur noir s'étant brisé éternellement.

- Pourquoi êtes-vous ici Regina ? Continuait-il, dans l'impossibilité de briser le mur de pierre que bâtissait sa patiente.

Déjà vingt minutes qu'elle était figée sur ce vieux canapé en cuir à prendre racine. Elle avait l'impression désagréable de faire parti intégrante du canapé tant elle sentait son corps s'évaporer ou s'incruster dans le cuir.

- Je ne sais pas. Chuchotait-elle, le regard fixé au plus profond de son être. Je ne sais pas.

La Souveraine incarnait toujours cette même sorte d'hologramme. Cette sensation de présence réelle voire corporelle alors que ce n'était que par intermittences mentale.

Archibald l'observait, l'analysait même. Sa patiente était plongée dans l'obscurité de la pièce tandis qu'un rayon de soleil éclairait seulement la Reine de son halo orangé naturel. Jamais il ne l'avait vu aussi tourmentée, troublée, atteinte sur le plan émotionnel.

Quelque chose s'était brisé en elle, quelque chose de profond. Regina était condamnée à vivre le reste de sa vie dans la solitude. Il valait mieux être seule que mal accompagnée disait-on et aujourd'hui la Reine confirmait cette théorie. L'amour n'était pas fait pour elle, il n'était pas fidèle tandis que la solitude l'était, elle.

Pourtant, bien que la solitude soit parfois le souhait de nombreuses personnes, aucun être humain n'était programmé pour vivre isolé du milieu social très longtemps. Cela tenait du besoin naturel des hommes et de leur envie constante d'affection et de reconnaissance. Regina le savait. Elle avait besoin d'Emma.

- J'ai... j'ai besoin d'elle. Mais elle est.... la brune marquait une pause avant de souffler... partie.

Sans que la Reine ne s'en rende compte, les gouttes d'eaux cessèrent de s'égoutter des arbres et les nuages gris s'écartèrent de quelques centimètres laissant pénétrer un rayon lumineux plus fort que les autres. Archibald n'était pas sûr de bien comprendre les paroles de Regina.

- Il n'est peut-être pas trop tard, Regina. Rattrapez cette personne, ne vivez pas dans le regret. Allez-y !

Et ce fut à cet instant que, comme dans le plus parfait des romans, le soleil perçait d'avantage dans la pièce tel un signe divin encourageant Regina à poursuivre la quête de son cœur. Le psy avait raison, elle devait tenter tout ce qui il y avait à tenter.

Elle se levait d'un bond, prenait son sac et se mettait à courir. Elle traversait tout le boulevard, les cheveux au vent et ses chaussures à talons à la main. Qu'importait les regards surpris de voir le maire courir à en perdre haleine, elle ne s'arrêtait pas, pas même pour contourner une flaque d'eau. Elle sentait son cœur écumer par ses lèvres. Il se décrochait à l'intérieur de son corps un peu plus à chaque pas. Sa respiration se saccadait. Elle n'était plus cette âme en cavale dans un monde qui lui était inconnu. Elle était vivante aux yeux du monde, elle existait dans le monde d'Emma Swan.

La Reine tournait à la première rue et stoppait net sa course. La Coccinelle était encore garée, le coffre grand ouvert. Elle se remettait alors à courir parmi les étages et arrivait à celui des Charmants en sentant ses jambes se dérober sous elle.

- J'étais réelle l'autre nuit ! Tout était réel ! Criait-elle essoufflée en poussant la porte d'entrée violemment.

Emma était dans le salon lorsque Regina arrivait en trombe dans l'appartement. Elle avait perdu le collier que la Reine lui avait offert à Noël. Elle ne pouvait partir sans. Elle avait tout retourné, sans jamais ne mettre la main dessus.

Elle relevait la tête et ne pouvait dire quoi que ce soit. Elle plongeait alors ses yeux dans ceux de Regina en entre-ouvrant les lèvres de surprise. La brune prit alors la parole en s'adossant à la porte d'entrée.

- Dans mon monde parsemé de héros et de vilains, j'étais un ange qui vivait dans le jardin du diable. " L'amour est une faiblesse " me répétait ma mère sans cesse. Je n'ai pas eu d'autres choix que de renoncer à tout ce dont je tenais pour devenir tout ce qu'elle espérait. Je me suis laissée emprisonnée par l'obscurité et une fois qu'elle s'empare de vous, vous ne pouvez plus reculez. Elle vous manipule et vous façonne à sa manière afin de faire de vous un monstre sanguinaire. Plus vous tentez de lutter, plus vous sombrer. Vous détruisez tout, y comprit vous. Il n'y a pas de remède ni de solution magique. Tout ne s'arrange à coup de médicament ou de miracles. Il faut croire en soi et il faut que l'on croit en vous. L'espoir n'est qu'une question de choix. Il faut savoir accepter et renoncer à cette partie de vous même si vous y avez pris goût. J'ai eu la chance de rencontrer Henry, ce petit être à changer ma vie. Il me l'a embelli. Mais très vite je me suis rendue compte que l'amour qu'il me portait ne me suffisait pas. J'avais besoin de quelqu'un, d'une Sauveuse pour panser ma douleur lorsque je redevenais ma pire ennemie. Et il y a eu vous, Emma Swan. Vous avez tout changé, tout chamboulé. Vous êtiez l'ouragan dont j'avais besoin pour reprendre ma vie en main. Il est clair que même à travers les histoires, vous ne me connaissez pas et je ne vous connais pas non plus. Cependant, je passerai le reste de ma vie s'il le fallait, à apprendre à vous connaître. L'éternité n'est pas suffisante pour m'imprégner de vos moindres secrets mais je ferais tout pour vous conviez à vous confiez. Je serais votre soleil les jours de pluie, et je serais votre rayon de lumière les jours d'obscurité. En tout nous sommes 7 461 198 de personnes sur Terre, et c'est vous que je choisis pour faire le reste de ma vie. Vous m'avez appris à aimer, alors laissez moi vous le démontrer. Offrez-moi toute une vie à vous le prouvez.

Regina s'approchait alors d'Emma. Un silence gênant s'installait entre elles. Emma n'avait pas la force de parler et ce fut alors à cet instant que le poste radio se mettait en marche.

Take me to church
I'll worship like a dog at the shrine of your lies
I'll tell you my sins, and you can sharpen your knife
Offer me that deathless death
Good God, let me give you my life

Les deux jeunes femmes reconnaissaient la chanson. Tout était évident à présent. Elles s'approchaient à nouveau jusqu'à sentir de leurs souffles respectifs s'échouer sur leurs joues. Emma posait ses deux mains sur les joues de Regina et elles collèrent leurs fronts.

Un jour quelqu'un avait dis que le bonheur, était juste une pensée, un état d'esprit, rien de concret que l'on possédait, que c'était comme être fatigué, ou en colère, ce n'était pas permanent, ça allait et ça venait c'était comme ça. Et cela était vrai, un petit rien pouvait créer le plus grand des bonheurs pour une durée indéterminée.

Aussi longtemps que Emma voudrait de Regina, et Regina de Emma, alors chacune connaîtrait le bonheur et en donnerait à l'autre. Elles étaient les deux âmes que Zeus avait séparé pour qu'elles puissent un jour se retrouver.

- Je vous aime Regina Mills.

Et Emma embrassait Regina. Le monde se mettait à tourner autour d'elles. Les nuages disparaîssaient pour laisser place à un soleil chaleureux qui déployait ses rayons sur toute la ville de Storybrooke. Un arc-en-ciel emplissait le ciel de ses couleurs. Les habitants sortaient un par un pour observer le miracle céleste divin. Des sourires se dessinaient sur chaque lèvre, des corps s'enlacaient. Des âmes continuaient de s'assembler.

Regina, Emma et Henry vécurent heureux pour toujours.

Fin

[En réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant