Tous marchaient à une allure ralentie par la chaleur. Les sacs de provisions paraissaient plus lourds et le temps plus long. Le trajet se faisait en silence, aucun n'osait brisé le calme plat et tendu qui s'était interposé. Seul Crochet, de temps à autre, remotivait la troupe en assénant des " nous y sommes presque."
Regina peinait à avancer, des crampes s'imposaient dans ses flancs et ses jambes menaçaient de lâcher à tout instant. Sa respiration se faisait lourde et suffocante. Elle s'arrêtait, tandis que tout le monde continuait d'avancer.
Elle s'assied un instant sur un tronc juchant le sol. Un feuillage vert intense l'entourait. La Reine levait le nez en l'air, il faisait un ciel si bleu et le soleil était si lourd. Elle avait tellement hâte de retrouver son fils et de rentrer à Storybrooke avec comme objectif premier, prendre une douche digne de ce nom.
Les feuilles vibrèrent tout à coup. Regina se levait d'un bon et se mettait sur ses gardes. Elle faisait apparaître une boule de feu au creux de sa paume. Elle aurait de quoi se défendre s'il s'agissait d'une embuscade. Les frémissements se faisaient plus proches, la brune se raidissait davantage. Enfin, le causeur de trouble daignait montrer son visage.
- Oh ! C'est vous Mademoiselle Swan ! J'aurai pu vous tuer. Soufflait Regina avec soulagement.
La Reine fit alors disparaître la boule de feu et s'épongeait le front. Emma s'avançait doucement sans parler et se postait devant elle.
- Tout va bien Regina ? Demandait Swan d'un ton semi-inquiet.
- Je fais juste une pause. Je suis exténuée de marcher. A croire que ce maudit pirate nous fait tourner en rond. Grognait Regina de son sarcasme habituel.
Emma ne répondait pas malgré qu'elle aussi n'en pensait pas moins. C'était avec hésitation qu'elle plongeait son regard pour la première fois depuis vingt-quatre heures dans celui de la brune. Et à nouveau, un contact de braise les reliait. Leurs cœurs battaient si vite et leurs ventres s'enflammaient si fortement.
Emma se souvint soudainement de ses dernières paroles prononcées sur le Jolly Roger et se mit à rougir.
Regina regardait les joues de Swan s'empourprer doucement. Elle comprenait qu'Emma était gênée tout autant qu'elle aussi l'était à présent. Le silence qui les séparait était vraiment pesant.
- Je suis désolée Mademoiselle Swan, pour Neal... Bealfire, peu importe. S'indignait la brune en baissant la tête. Je-j'ai toujours jugé les gens sans jamais les connaître. Je ne cherchais pas à comprendre ni à connaître mes sujets, dans la forêt enchantée. J'ai toujours été égocentrique.
- C'est moi qui suis désolée, Madame le maire. Oublions cela. N'en parlons plus voulez-vous. Assénait Emma d'un ton mi-dur, mi-posé.
Leurs regards se croisaient à nouveau. Leurs visages étaient proches. Chacune sentait le souffle de l'autre sur ses joues. La chaleur et la fatigue les poussaient à s'avancer davantage. La marche se faisait longue et il n'y avait aucune trace d'Henry, de Peter Pan ou de ses acolytes. Le désespoir et l'envie de réconfort mutuel les tourmentaient toutes les deux. Il s'en faudrait de peu pour qu'elles succombent à ce désir irrésistible charnel de l'une et de l'autre.
Emma collait son front à celui de Regina et une fièvre douloureuse fit soudainement tambouriner ses tempes. Elle avait encore plus chaud et l'envie d'embrasser Regina se faisait plus intense et incontrôlable. Elle serrait fortement ses poings pour ne pas la toucher, au point que les jointures de ses doigts finirent par blanchir.
Leurs deux respirations se bloquaient et chacune luttait contre ses pulsions sexuelles.
- Nous-nous...nous devrions retourner avec Crochet et... et mes parents Regina. Murmurait difficilement Emma.
- P-pour une fois... je suis de votre avis Mademoiselle Swan. Chuchotait à son tour la brune.
Les deux jeunes femmes peinaient à décoller leurs front imprégnés de sueur. Un aimant invisible attirait leurs lèvres et sans s'embrasser, elles prirent juste le risque de se les effleurer lourdement.
Des lointain hurlements brisaient le silence tropical. Emma et Regina se décollaient. Les autres les cherchaient. C'était avec un regard lourd qu'elles reprenaient leur marche, en espérant rattraper leur retard.
En marchant à travers la forêt dense, Regina observait le paysage. Des fleurs qu'elle n'avait jamais vu dans la forêt enchantée poussaient ici et là. Des fleurs rose avec des pétales énormes. La Reine se penchait légèrement afin de respirer le parfum qu'émanait de l'une de ces plantes. Une odeur si douce et sucré enivrait ses narines. Elle fermait un instant les yeux pour mieux savourer ce parfum. Enfin, elle se relevait et continuait de marcher tournant la tête tantôt à droite, tantôt à gauche. Elle s'ennuyait.
Regina vit dissimuler derrière le feuillage et quelques lianes, une petite grotte qui ressemblait à un refuge pour naufragé. Elle s'arrêtait un instant et l'observait d'un œil distrait.
- Vous venez ? Criait Emma en se retournant.
- Oui ! Oui ! Répondait Regina en reprenant sa marche pénible.
La brune rattrapait la blonde et elles marchaient ensemble. Leurs corps étaient encore proches. Comme le soir du marché de Noël, leurs mains se frôlaient dangereusement, faisant battre leur cœur hors de leurs poitrines. Comme gênée de ce contact, elles s'écartaient avant que la situation ne se gâte.
- Vous savez, ce paysage m'est familier, Regina... murmurait Emma comme pour penser à autre chose que cette étincelle de désir au creux de son ventre.
- Serait-ce possible que vous soyiez déjà venue ici ?
- Je l'ignore. Je ne vois pas vraiment d'explication à tout cela. Peut-être ais-je trop lu et relus le conte de Peter Pan quand j'étais gamine. Expliquait Emma sans regarder Regina.
Regina ne relevait pas. Elle abaissait le regard et marchait tête baissée. Elle avait sans doute une explication à tout cela, Emma, l'île, la mémoire de ce lieu mais elle préférait garder le silence. Elle n'avait aucune envie - pour le moment - de se relancer dans l'une de ces discussions fâcheuses. Alors, elles continuaient de marcher dans un silence qui se qualifiait de pesant.
La petite troupe s'arrêtait à la tombée de la nuit sans avoir la conviction de s'être rapproché du camp de Peter Pan.
Charmant et Emma partaient chercher du bois tandis que Mary Margaret préparait les couchettes avec l'aide de Regina. Gold était assis contre un arbre, les mains liées. Il était celui dont la marche l'avait le plus affaibli. Sa jambe n'en pouvait plus et son cœur battait à un rythme cardiaque préoccupant. Crochet était à ses côtés, le guettant du coin de l'œil.
Le repas se constituait principalement de grillades magiques que la Reine avait fait apparaître. Chacun regardait les flammes d'un air silencieux et songeur. Trois même questions flottaient dans chacunes de leurs têtes. Où était Henry ? Allait-il bien ? Pourquoi avait-il été kidnappé ?
Tous ne tardaient pas non plus à se coucher. Regina était assise contre un arbre non loin du feu qui crépitait encore. Elle s'était proposée comme premier guet pour assurer la surveillance. Elle jouait avec une brindille nerveusement. Son fils lui manquait, elle s'inquiétait tellement à son sujet qu'elle en perdait presque le sommeil. Elle s'imaginait tant de scénarios aussi macabre les uns que les autres. Elle ne pouvait pas, elle ne pouvait plus vivre sans son petit Henry. Son enfant. Son trésors. Son unique raison de vivre.
Tandis que Mary Margaret dormait confortablement dans les bras de son mari et que Gold et Crochet roupillaient fortement, Regina surprenait Emma en plein combat avec son trouble du sommeil. La blonde, éloignée du camp, gesticulait de droite à gauche sans avoir la possibilité de trouver une position confortable. Le maire la vit alors se lever et s'éloigner du camp à travers la dense forêt.
Intriguée et inquiète par l'escapade nuptiale de la blonde, Regina se levait à son tour et après avoir lancé un charme de protection, se lançait à la poursuite du Shérif.
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[En réécriture]
FanfictionLa petite Coccinelle jaune allait dépasser les limites de Storybrooke. Emma Swan partait. Quel était l'objet de ce départ précipité ? Elle même l'ignorait, mais elle devait partir. A l'instant même où les roues de la voiturette passèrent la ligne...