Chapitre 59

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Emma Swan avait elle-même harnaché Diesel en se rappelant de sa seule et unique année d'équitation à l'âge de huit ans. Fière de son travail, elle se tournait vers Regina qui semblait plutôt surprise. 

- Vous montez à cheval Mademoiselle Swan ? Demandait curieusement la Reine d'un air hautain.

- J'en ai fais, il y a longtemps. Suivez-moi. Répondait la blonde en snobant le maire, le menton relevé.

Emma tirait sur la bride de l'étalon afin que celui-ci la suive hors des écuries. Il faisait beau et chaud, cette journée était vraiment parfaite pour une balade à cheval. Regina les rejoignait septique de la maîtrise que pouvait avoir Emma avec un étalon de cette envergure.  

- Je sais que ce cheval vous tient à cœur. J'ai donc demandé au propriétaire de faire une balade. Il a accepté par la beauté de ce jour. Souriait Swan les yeux pétillants en tendant une main chaleureuse en direction du maire.

Diesel se montrait impatient d'aller se promener, il donnait alors un coup de naseaux sur l'épaule de Regina puis mordillait sa veste cavalière bleu turquoise.

- Montez, regardez comme il est impatient.

Regina regardait Swan et l'étalon tour à tour en hésitant. Elle caressait l'encolure du cheval du bout des doigts. Elle n'avait plus fait d'équitation depuis la "fin provisoire" de son règne. Cela remontait à vingt-huit ans en arrière, serait-elle capable de remonter ? Le regard de Swan l'en encourageait et c'était avec confiance qu'elle posait sa main dans celle du Shérif pour ainsi l'aider à monter.

Regina se sentait étrangement heureuse du haut de cet animal. Elle aimait la sensation du cuir de la selle sous ses fesses, elle aimait sentir le ventre gonflé de l'étalon frémir sous ses talons. Elle aimait l'odeur du purin et les mouvements agités de la croupe de l'animal. Comment avait-elle fait pour vivre sans ses sensations familières ?

Swan lui souriait puis se tenait aux rênes et commençait à marcher au pas. Regina stoppait l'animal et appelait Emma.

- Emma, vous ne montez pas ? Demandait-elle frustrée et déçue de se voir faire la balade seule du haut des un mètre quatre-vingt-dix centimètres du cheval.

Emma frémit à l'appellation de son prénom. Pas de Shérif. Pas de Mademoiselle Swan. Emma. Juste Emma. Elle plongeait alors ses iris dans ceux tristes du maire et hésitait. Regina lui tendait une main qu'elle se décidait finalement à saisir.

- Tenez-vous à ma taille.

Emma hésitait puis passait ses mains autour de la taille de Regina en tentant le plus possible d'établir une proximité entre leurs corps.

Les deux cavalières profitaient de la beauté du paysage pour converser de tout et de rien. Chacune appréciait ce moment particulier passé à cheval. Cela aurait pu passé pour une balade romantique si toutes deux n'évitaient pas avec soin le regard de l'autre.

Regina donnait un coup de talon dans le flanc de l'animal et celui-ci partait au galop. Emma se voyait contrainte de resserrer son étreinte. Leurs deux chevelures flottaient au vent telle une mélodie dans l'air. Leurs rires s'échappaient dans les cieux. Elles avaient à cet instant tout pour être heureuses.

Après une demi-heure de balade, Emma et Regina se mettaint d'accord pour se reposer. Elles descendaient alors de l'animal puis le laissait paître l'herbe fraîche. Elles s'asseyaient et contemplaient une poignée de secondes l'horizon. Regina regardait Diesel, il remuait sa crinière avant de se remettre à grignoter. Elle souriait.

- Ce cheval n'est pas un quelconque animal, vous savez. Commençait Regina qui attirait la soudaine intention d'Emma. En fait, il est probable que ce soit celui que Daniel m'a offert un peu avant que ma mère lui arrache le cœur...

Emma écoutait le récit de Regina avec concentration et ne manquait pas de constater une certaine émotion dans la voix et les yeux du maire. Néanmoins elle lui souriait, l'incitant ainsi à continuer son histoire.

- A la mort de Daniel, cet étalon était tout ce qu'il me restait de lui. Je l'ai vu grandir et j'en ai fais ma monture personnelle. J'arpentais la Forêt de mon domaine à ses côtés, et il était en tête de mon carrosse royal. Seulement à la genèse de cette nouvelle vie ici, dans le Maine, je ne pensais pas qu'il ferait parti de la Malédiction. Rien ne me prouve qu'il m'appartient mais j'ai cette connexion avec lui, comme avant. J'en ai la certitude.

La Reine plongeait longuement son regard dans les yeux aciers d'Emma et un long silence débutait. Swan se trouvait perforée de part en part par le récit du maire. Pour la première fois, la jeune femme avait osé évoquer son passé. Elle se sentait à la fois heureuse et pétrifiée de savoir que Regina avait souffert elle-aussi de la perte de son premier amour. Elle comprenait parfois si bien la haine que Regina avait pu emmagasiner, la même haine lorsque Neal l'avait abandonné.

- Merci. Merci de me parler de tout cela. Finissait par dire la jeune Sauveuse gratifiée de ce moment nostalgique partagé.

Regina ne lui répondit que par un sourire embarrassé et, pour la première fois depuis des semaines, le sentiment étrange qui les guettait se mettait à tourner autour de leurs êtres. Leurs cœurs se mettaient à battre plus vite, leurs corps se rapprochaient et leurs souffles se mélangaient. Elles comprenaient silencieusement la signification de ce sentiment au grand A et rougissaient.

Embarrassée, gênée Regina reculait son visage et après un bref sourire, elle s'allongeait dans l'herbe en contemplant le ciel. Emma la trouvait divine. Elle se sentait prête, prête à tout lui divulguer, son attirance transformée en amour, son manque constant quand elle ne la voyait pas pendant des jours.  Elle prenait une grande inspiration et disait :

- Regina ? Je dois vous parler.

Le maire écarquillait les yeux comme si elle savait d'avance les futures paroles du Shérif. Elle avait peur, peur de s'engager, peur de s'avouer sa nouvelle nature, peur de faire face à la présente réalité. Cependant elle se risquait d'une voix qui se voulait assurée :

- Eh bien parlez !

Le maire tentait de trouver quelque chose dans le ciel pour la distraire, un nuage en force de dragon ou de licorne, quelque chose mais rien ne l'empêchait d'échapper aux aveux sentimentaux de la blonde.

- C'est plus fort que moi Regina, j'ai vraiment lutté en vain mais nos baisers, nos ébats, vous-même, vous ne me laissez pas indifférente. J'ai su lire en vous qui vous étiez vraiment, une femme qui veut être pardonnée et aimée. Laissez-moi vous aimer. Ne me dîtes pas que je suis une totale distraction dans votre routine morose car je ne suis pas dupe. Ais-je raisons ? Je vous prie Regina ? Implorait Emma face à une non-réponse provenant de la Reine. Répondez quelque chose.

Regina expirait bruyamment chamboulée par tout un tas d'émotions incongrues. Elle ne savait plus, elle était perdue. Son cœur cognait lourdement et péniblement. Elle se relevait.

- Personne ne peut aimer une Méchante Reine. Pas après tout ce que j'ai pu faire. Vous avez pris le soleil sur la tête. Rentrons.

Regina se levait et ignorait le regard dévasté d'Emma. Cette dernière se relevait à son tour. Elles montaient sur le dos de l'animal et firent la route silencieusement.

[En réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant