Chapitre 63

2.3K 149 19
                                    

Le temps semblait s'être déréglé en cette nouvelle journée du mois de février. Une pluie torrentielle s'abattait sur Storybrooke depuis le lever du jour, un vent invivable emportait en rafale tout ce qu'il trouvait, ordures, journaux, feuilles mortes et un orage malveillant menaçait d'éclater.

Les rues étaient désertes, l'eau s'écoulait dans les gouttières et ruisselait le long des trottoirs du boulevard principal. Au bulletin des infos locales, les météorologues avaient lancé une alerte rouge sur toute la région du Maine pour une durée indéterminée. Cette tempête était si soudaine. David Nolan coupait le poste radio et regardait sa femme assise devant lui, mélangeant son café.

- Ne t'en fais pas pour Emma, c'est juste le mauvais temps Blanche, il rend tout le monde exécrable. Assurait le Prince en caressant la main de sa femme.

Mary Margaret n'osait pas remonter son regard dans celui de son mari. Ce n'était pas le temps qui l'inquiétait, mais sa fille. Visiblement, Regina ne partageait pas l'amour fou qu'Emma ressentait. Elle se sentait impuissante. Elle ne devait pas se mêler des histoires de cœurs de sa fille, pourtant elle souffrait de la laisser demeurer ainsi renfermée sur elle-même.

Comme étouffée de garder le secret sentimental de sa fille, Mary Margaret sentait qu'elle devait en parler à son mari.

- Écoutes David, Emma... Emma est amoureuse. Commençait difficilement Blanche Neige.

- Oh ! Mais c'est génial ça, de qui s'agit-il ? Souriait-il heureux de cette confidence.

Toujours en lorgnant le contenu de sa tasse, Mary Margaret précisait qu'il s'agissait de Regina. Leur fille était amoureuse de l'ancienne Méchante Reine. Le sourire de David s'effaçait peu à peu de son visage. Il n'approuvait pas forcément le choix d'Emma mais l'amour c'était l'amour, qu'importait la manière dont il décidait de prendre forme. Le père de famille attendait néanmoins une éventuelle suite à la confidence de la brunette.

- C'est pour ça qu'elle découchait continuellement David, notre fille couchait avec Regina, ma belle-mère. Un jour en me rendant à la mairie, je les ai surprises. Emma m'a tout expliqué. Elle l'aime, elle aime Regina. Tu aurais vu ses yeux, David. Ils étaient remplis d'étoiles, on aurait dit des saphirs. Jamais je ne l'ai vu ainsi auparavant.

- Blanche... je ne suis pas sûr de comprendre ce qui t'inquiète autant...

- Elle m'a dit qu'elle essaierait de l'avouer à Regina et si ses sentiments n'étaient pas partagés... elle quitterait la ville. J'ai promis de ne pas la retenir... David...

Mary Margaret fondait en larmes. Le Prince comprenait que Regina ne partageait pas les sentiments de sa fille et qu'Emma allait partir. Cette fois, c'était elle qui les abandonnait. Son cœur se brisait mais il contenait ses larmes assez longtemps pour consoler sa femme, avant de partir s'isoler et pleurer en silence.

Plongée dans le noir, la taverne d'Emma avait une allure sombre et funeste. La jeune femme était assise sur le rebord de sa fenêtre et contemplait la course folle des gouttes d'eau sur la vitre. Le ciel était gris et orageux. La pluie tombait aussi sauvagement que les larmes sur ses joues rosées. L'amour c'était cela, un peu d'espoir qui vous faisait vivre, mélangé à un peu d'espoir qui vous tuait. La vie ne valait pas la peine d'être vécue sans l'être aimée. Emma en était persuadée.

L'on frappait à la porte timidement, sortant Swan de sa torpeur. Elle tournait la tête en direction de la porte mais ne bougeait pas pour autant. Elle ne voulait voir personne. Ne parler à personne.

- Emma ouvre-moi je t'en prie... je t'ai préparé de quoi grignoter... suppliait Blanche Neige de l'autre côté de la porte, accablée.

Swan défiait la porte du regard. Elle n'avait pas faim, elle n'irait pas ouvrir. Elle entendait les sanglots sourds de sa mère et son cœur se pinça. Son regard se tournait à nouveau sur la grisaille surplombant Storybrooke. L'horloge s'était figée dans le temps, indiquant trois heures et quart du matin. Il était trois heures trente du matin exactement lorsque Emma avait quitté le manoir la veille.

- Je te laisse le plateau devant la porte...

Emma entendait les pas de sa mère s'éloigner et elle appuyait sa tête contre la vitre froide de sa fenêtre.

Henry n'était pas allé à l'école, sa mère ayant jugé qu'il était trop dangereux de s'aventurer sur la route avec un temps pareil. Il jouait à sa console, confortablement assis dans le canapé. Il surveillait d'un œil discret le comportement de Regina. Elle était distante depuis ce matin, et errait dans la maison telle une âme en cavale. Elle était là sans vraiment l'être, un hologramme. Il mettait sur pause son jeu vidéo et se dirigeait jusqu'à la cuisine où sa mère coupait machinalement des légumes. Elle semblait préoccupée.

- Tout va bien maman ? Demandait l'enfant calmement.

Regina observait que son fils n'avait pas de chaussons à ses pieds, mais était trop fatiguée pour le lui faire remarquer. Elle relevait le menton et lui souriait.

- Evidemment Henry, ce sera bientôt prêt ne t'en fais pas.

Henry perçevait le sourire de sa mère comme un bouclier. Il était l'un de ses sourires faux dessinés sur un milliard d'âmes dévastées. De ceux que l'on utilise pour cacher la triste réalité.

L'enfant sentait que sa mère n'était pas disposée à se confier. Elle gardait toujours tout pour elle et encaissait chaque coup sans maudire. Henry lui vouait tout son respect, sa mère était une vrai héroïne à ses yeux. Le petit brun grimpait sur l'un des tabourets posé le long de l'îlot central et calait une mèche brune derrière l'oreille de Regina.

- Je t'aime maman. Souriait-il en descendant de son perchoir avant de retourner devant la télévision.

Regina le regardait s'éloigner tendrement puis elle se rappelait la soirée de la veille et à nouveau ses yeux se voilaient. Emma n'était pas restée. C'était de sa faute, si elle ne lui avait pas laisser croire qu'elle n'était pas amoureuse, la blonde ne serait pas partie. De rage la Reine balayait le plan de travail d'un revers de la main et un verre, quelques épluchures et un couteau s'échouèrent sur le carrelage.

- Quelle misère ! Pestait Regina violemment. 

Elle s'agenouillait sur le sol et commençait de rassembler les morceaux de verres éparpillés. Elle ne voulait pas perdre Emma Swan... la Sauveuse et la fille des Charmants. Regina s'en voulait, malgré tous ses mensonges, elle tentait de lui rappeler qu'à ses yeux elle l'aimait. Mais tout était si compliqué. Sa vie venait de volée en éclats une nouvelle fois.

La Reine ne faisait pas attention et se coupait en ramassant un morceau brisé. Son sang commençait à goutter sur le sol. A cet instant, Henry accourut à la cuisine, affolé par le bruit alarmant causé par sa mère.

- Henry va t'en bon sang ! Ne vois-tu pas qu'il y a du verre partout ? File dans ta chambre ! Hurlait Regina à bout de force.

L'enfant obéissait les larmes aux yeux et accourait dans sa chambre. Sa mère n'allait pas bien et il ne savait pas comment l'aider. Dévastée, Regina s'asseyait contre l'îlot, repliait ses genoux contre sa poitrine et pleurait.

[En réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant