Chapitre 35

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Le Shérif Swan avait fini son service depuis plus d'une heure. Elle stationnait depuis tout ce temps devant la mairie. Depuis son altercation avec Madame Mills au Granny's le matin même, elle n'avait cessé de repenser au rendez-vous que la Reine lui avait proposé. Elle s'était alors convenue de passer au plus vite voir la brune afin de mettre les points sur "i" à propos de leur relation.

Emma regardait le grand bâtiment d'un œil anxieux, elle avait presque fini le café noir qu'elle était passée prendre chez Granny. Elle se demandait ce qu'elles allaient se dire. Peut-être que Regina n'envisageait pas une relation charnelle. Ni même une relation sentimentale tout court. Le fait d'être autant attirée par cette femme était absurde pour Swan, alors n'était-il pas de même pour Regina ? Et Henry ? Seigneur s'il apprenait que ses deux mères se volaient des baisers ou même couchaient ensemble, il serait traumatisé.

Emma regardait son gobelet de café désormais terminé. Il y restait un maigre fond qu'elle ne finissait jamais. Elle l'observait alors, elle avait entendu dire qu'on pouvait y voir l'avenir. La blonde attendait devant le mare de café qu'un signe apparaisse comme un pratiquant attendant un signe du Christ. Puis soudain, Emma ne savait pas si c'était la fatigue qui abusait d'elle ou bel et bien le signe qu'elle attendait. Dans le mare s'était dessiné un cœur qui disparut aussitôt qu'il était apparu. La blonde se frottait les yeux puis posait son gobelet parmi les autres cochonneries qui ornaient l'intérieur de sa Coccinelle. Elle devenait folle. Elle ne dormait plus depuis Noël. Regina la rendait folle.

La blonde sortait de son véhicule et inspirait une grande bouffée d'air frais. Elle tremblait non pas par le froid, mais par la peur qui la rongeait de l'intérieur comme un asticot dévorant le cadavre d'un pauvre être humain. Swan s'engageait dans l'allée qui menait au grand bâtiment administratif. Aussitôt à l'accueil, elle prenait rendez-vous avec la secrétaire, Aurore.

- Faites-la entrer Aurore. Je vous remercie. Je fermerai la Mairie, vous pouvez rentrer chez vous. Disait Regina à l'autre bout du combiné.

Regina raccrochait, un sourire de satisfaction sur le visage. À son plus grand étonnement, Swan n'avait pas perdu de temps. Il était temps pour elles de s'expliquer sur ce sentiment d'attraction sexuelle. D'y trouver une sortie, une solution. N'importe quoi qui pourrait arrêter l'envie de la brune de sauter sur la blonde. À y repenser, la Reine trouvait cela absurde, toute cette histoire. Juste une histoire...de sexe... et avec une femme pour couronner le tout. Cora serait fière d'elle. Regina n'était même pas sûre qu'Emma ressente la même chose. Et vis à vis des habitants, du couple Charmant et d'Henry, cette attraction était une erreur monumentale.

On frappait lentement à la porte de son bureau. Regina ordonnait à Emma d'entrer gentiment. La blonde était surprise du sourire chaleureux que lui adressait le maire.

- Bonsoir Shérif Swan.

- Bonsoir, Madame Mills. Répondait Emma d'une petite voix étranglée.

Emma approchait lentement du bureau de Regina. Elle jouait avec ses mains nerveusement regardant ses pieds plutôt que les prunelles dévastatrices de la Reine. 

- Je ne sais pas ce que tout cela peut bien signifier. Je ne contrôle rien cette fois, Mademoiselle Swan. Cette puissance est davantage sauvage chaque jour lorsque j'ai le malheurs de vous croiser. J'ai eu beau vous détester, vous haïr ou bien essayer de vous détruire, mon corps ressent...ressent cette sensation étrange que je ne connais point. Ce sentiment de désir est incontrôlable.  

Regina reposait le crayon avec lequel elle jouait nerveusement. Elle relevait ses yeux sur le visage diaphane d'Emma. La blonde écoutait, les yeux voilés et la bouche-entrouverte. Regina se levait de son bureau et allait s'y adosser au devant de la blonde.

-  Mon corps ressent...ressent ce besoin d'être caressé. Ma peau a besoin d'être touchée. C'est avec vous que j'aimerai goûter à cela, vous comprenez. Murmurait le maire lentement, ne cessant de fixer les lèvres de Swan. 

Un silence gênant s'interposait entre les deux femmes. Emma avait l'esprit si confus que les mots lui manquaient pour répondre à Regina. Ses jambes flageolaient sous son corps, la salive s'amassait dans sa bouche, sa tête vacillait. Puis soudain, le téléphone de Regina sonna. La brune se raclait la gorge puis faisait le tour de son bureau et répondait. 

- Allô ? Fit-elle en gardant son regard fixé sur Emma, se mordillant les lèvres. Non bien sûr que non je ne suis pas intéressée par vos pubs récurrentes et ridicules. Au revoir. Regina raccrochait bruyamment agacée. Très bien, où en étions-nous Mademoiselle Swan ? Reprit-elle plus sérieusement. 

- Eh bien... 

- Ah oui, hum, grâce à vous, le taux de vandalisme à Storybrooke a considérablement diminué. Notre ville est davantage paisible depuis votre arrivée. Je vous remercie très fortement, Emma. Fit Regina comme si leur conversation d'il y avait quelques minutes n'avait jamais eu lieu. 

- Je vous remercie Madame Mills, c'est mon job. Répondait Emma comprenant très bien que Regina à présent ne voulait plus dévoiler ses sentiments. 

- Naturellement.

Elles se regardaient encore longuement, se souriant timidement. Puis Regina prétextait devoir rentrer, Henry l'attendait. Emma se raclait alors la gorge et reprenait conscience de la réalité elle aussi. Il était tard elle devait rentrer. Elle marchait en direction de la porte quand le maire l'interpellait. 

- Je suis la Reine d'un grand royaume et maire de cette ville. Ce n'est pas dans mes vertus même charnelles...les femmes, ceci dit je suis tentée de prendre le risque. Souriait Regina au fond de la salle. 

- Majesté, si vous avez grâce de me l'accorder, je satisferais l'ensemble de vos désirs. Souriait à son tour la blonde avec un clin d'œil puis fermait la porte derrière elle.

Emma quittait la mairie, il était vingt-heures trente environ. Elle rejoignait son véhicule enneigé et prenait la route de l'appartement. Il pleuvait, il était temps de rentrer avant que les routes ne se fasses plus glissantes. Regina lui avait avoué vouloir une relation purement sexuelle au plus grand bonheur d'Emma. Elle aimait le flirt que Regina perpétuait sur elle, donnant à leur relation du mordant auquel Swan avait du mal de résister. Elle voulait à présent jouer avec le maire. Jouer à un jeu défendu. Un jeu qui pourrait tourner mal à n'importe quel instant. Un jeu qui pourrait entièrement faire basculer son univers, leurs univers. Bien des choses allaient changées.

Elle se garait en bas du loft, à côté du Pick-up de David. Elle s'empressait de monter les marches et d'entrer dans le loft où ses parents attablés l'attendaient.

- Où étais-tu ? Demandait doucement Mary Margaret en souriant.

- Euh... à la mairie, j'avais une réunion importante avec le maire sur l'un de mes dossiers. Mentait Emma en esquissant un sourire.

Ses parents étaient tellement devenus protecteurs à s'inquiéter d'elle comme cela. Mais à présent elle n'avait plus douze ans...

- Ta mère a préparé de délicieuses lasagnes ! Viens en goûter. Proposait David.

Emma déposait sa veste et son bonnet sur le porte manteau à l'entrée et s'attablait volontiers en compagnie de ses parents.

Regina bouclait la mairie puis rejoignait sa Mercedes. Elle avait froid, elle mettait le chauffage en route. Elle aimait flirter, charmer pour parvenir à ses fins. Elle savait sur quel terrain dangereux elle se lançait. Elle voulait jouer davantage encore. Tester Swan. Elle voulait instaurer ce jeu charnel que les adolescents adoptaient lorsque une relation sexuelle leur manquait.

 La brune démarrait son véhicule en marmonnant.

- Tss je deviens folle avec cette femme. Devrais-je consulter ? Bien sûr que je devrais consulter. Je prendrai un rendez-vous avec le criquet demain. Se disait-elle à elle-même en allumant la radio pour ne plus penser à Swan.

Lorsque le maire rentrait, Henry était au salon en train de jouer à sa légendaire console de jeu. Il se plaignait d'avoir faim. Regina ne contestait pas. Il avait raison, il se faisait tard. Elle se dirigeait à sa cuisine et préparait rapidement un bon repas pour elle et son fils. 

[En réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant