Chapitre 2-1

7.4K 932 117
                                    







Je me ruai sur l'appareil, manquant le faire tomber dans mon impatience à décrocher. Ce coup de fil était important, je le sentais au fond de moi, sans toutefois parvenir à me l'expliquer clairement. C'est donc d'une main tremblante, que je me saisis du téléphone et appuyai sur le bouton d'appel.

— Oui, dis-je d'une voix hésitante, ne sachant pas vraiment à quoi m'attendre.

— Chris...c'est toi ?

La voix était tellement fluette et tremblante, que je ne la reconnus pas immédiatement.

— Cassie ?! Demandai-je, plus par acquis de conscience qu'autre chose, tout en sentant la déception et la tristesse déferler sur moi comme une vague.

Même si je ne voulais pas me l'avouer, j'avais tellement espéré que ce soit Jude. Ou même Adam, pour me donner des nouvelles de Féline. Même Hannah, cela m'aurait fait plaisir...c'est dire ! Mais les chances qu'elle appelle ici, étaient proche du néant absolu, alors...

— Qu'est-ce que tu veux ? Lui demandai-je un peu sèchement, en me forçant à sortir de ma mélancolie passagère.

Il faut dire que Cassie et moi n'étions pas dans les meilleurs termes en ce moment. Depuis que je l'avais sauvé des griffes du professeur Shaw et de sa bande...elle n'était plus la même. Ce qui n'avait rien d'étonnant. Ce qui me dérangeait, en revanche, était que cela ne semblait être qu'avec moi. Elle m'évitait, dès que j'entrais dans une pièce, elle en sortait. Nous ne nous croisions quasiment plus et je commençais à lui en vouloir terriblement. D'où le ton pas très amène de ma réponse.

— Il...faut...viens me chercher. Me répondit-elle d'une voix bizarre, un peu haletante, comme si elle avait du mal à respirer.

— Cassie, que ce passe-t-il ? Tu vas bien ?

À l'évidence non, me morigénais-je. Moi et mes questions idiotes !

— Oui...non...je ne sais pas...c'est cet homme. Mais...il faut que tu viennes...arriva-t-elle à articuler difficilement et d'une voix pâteuse.

— Cet homme, quel homme et où es-tu ? Cassie, réponds-moi, criais-je dans l'appareil d'une voix paniquée, sentant la peur et l'adrénaline inonder mon corps, me rappelant de mauvais souvenirs. 

— Dans la ru...

Un cri sauvage et inarticulé, vint interrompre ses paroles bredouillantes, me pétrifiant sur place. Bon sang, mais que ce passait-il encore ?!

— Dans la rue, c'est ça ? Mais dans quelle rue ? Cassie, Cassie ? Répond-moi, réussis-je enfin à hurler dans le combiné, sans qu'aucune réponse ne me parvienne. Seul des bruits étranges et indistincts sortaient du téléphone, me donnant la chair de poule. Puis la tonalité prit le relais.

— Christina, que ce passe-t-il ? Me demanda Worth, d'une voix inquiète. Cassie à des ennuis ?

— Se pourrait-il que Shaw ait refait surface ? Lui demandai-je d'une voix blanche, tandis que je reposai le téléphone sur sa base et cherchai machinalement dans le pot mes clefs de voiture (que je ne trouvai pas, bien entendu).

— Non. Mes collègues ont ordre de m'avertir à la seconde où ils auront connaissance de la moindre information le concernant. Pourquoi, elle vous a parlé de lui ?

— Non, mais...je ne sais pas. Bon désolée, mais...il va falloir que j'y aille, lui dis-je tout en me dirigeant vers la porte d'entrée, lui faisant comprendre clairement qu'il était grand temps qu'il s'en aille.

Évidemment, monsieur n'était pas de cet avis et me le fit comprendre efficacement en me saisissant le poignet, me coupant dans mon élan.

— Pas si vite, vous comptez allez où comme ça ?

— Arrêtez Worth, je n'ai pas de temps à perdre. Il y a vraiment quelque chose qui cloche avec Cassie. Il faut que j'aille la chercher.

— Pas de problème, je vous accompagne. Me dit-il tout en saisissant sa veste sur le canapé.

— Merci c'est gentil mais je n'ai pas besoin de votre aide, lui répondis-je fermement tout en essayant de me dégager de sa prise.

— Pourquoi êtes-vous si compliquée à la fin, s'énerva-t-il, un air peiné traversant son visage. Vous ne me faites toujours pas confiance ?

— Mais non, ce n'est pas ça. Dis-je pour le rassurer, car je n'aimais pas le voir triste. J'ai juste...l'habitude de me débrouiller seule.

— Bon arrêtez vos mensonges avec moi. Vous savez très bien que ça ne fonctionne pas de toute manière. Me dit-il en me relevant une nouvelle fois la tête, pour plonger son inquisiteur regard vert, dans le mien.

Pourquoi rechignai-je donc tant à lui en parler ? C'était ces cris bizarres qui me retenaient et si des métamorphes étaient impliqués ? J'avais déjà assez d'ennuis comme ça avec la communauté, sans impliquer de nouveau un flic dans leurs affaires. D'un autre côté, il n'avait pas tort, je ne savais pas où elle se trouvait et j'irais beaucoup plus vite dans mes recherches en voiture qu'en bus. Mais la même question se posait à nouveau...pouvais-je me risquer à tout lui dire ? J'avais été à deux doigts de craquer, avant que le coup de fil de Cassie ne m'interrompe et à nouveau, je ne savais plus quoi faire...une vraie girouette !

— Alors ?!

— Alors, je ne sais pas ! Elle était très bizarre, elle m'a juste demandé de venir la chercher. Mais sa voix était étrange, un peu comme si elle était saoule...et puis il y a eu ce cri, cette sorte de grognement étrange...

— Vous pensez que des métamorphes sont impliqués, conclu-t-il de lui-même dans un souffle résigné, tout en me lâchant du regard.

Même si il avait essayé de me le cacher, j'avais vu l'éclair de peur et d'appréhension qui avait traversé son regard. Après ce qu'il venait d'endurer à cause de nous, je ne pouvais vraiment pas le lui reprocher. C'était d'ailleurs l'une des raisons principales de mon hésitation.

— Et vous savez comme ils détestent que la police se mêle de leurs affaires. Alors je crois...

— En ce moment je ne suis plus flic, me dit-il sur un ton résolu. Je suis en congé maladie. De plus, vous n'êtes pas sûre que ce soit lié, de près ou de loin, aux métamorphes. Elle a peut-être seulement bu un verre de trop. Après ce qu'elle vient de vivre, ça pourrait se comprendre. C'était dans ses habitudes récemment ?

— Franchement aucune idée. Nous ne nous parlions plus beaucoup ces derniers temps, lui répondis-je d'un ton que je ne pus empêcher d'être amer. Mais vous avez sûrement raison.

— Alors...je vous emmène ?

Je crois que c'est le petit sourire qu'il me fit à la fin de sa phrase, qui me fit céder. Il était tellement mignon quand il souriait, qu'on ne pouvait presque rien lui refuser. Le pire était qu'il le savait très bien et en jouait à la perfection...une véritable arme de destruction massive, si vous voulez mon avis.


______________________________________________


Voilà nouveau chapitre, dont je ne suis pas très satisfaite d'ailleurs ! Je le reprendrai ultérieurement. Je me suis dépêchée de le mettre en ligne pour ne pas trop vous faire attendre, alors soyez indulgent si quelques fautes subsistent ?! Merci à tous de me lire et bonne lecture :-)

Chimère. Féline-Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant