Chimère. Féline-Tome 2

Chapitre 30-1

— Pardon ?! m'exclamai-je en saisissant les vêtements et en me levant d'un bond. Après tout ce que tu viens de me sortir sur tes parents, tu veux m'emmener à un dîner protocolaire avec eux ! Tu as perdu la tête ou quoi ?! continuai-je avec colère et incompréhension tout en entrant dans le coin salle-de-bain pour m'habiller.

J'étais trop perturbée et en rogne contre...tout, pour m'habiller devant lui. C'était peut-être idiot, mais j'avais besoin d'un peu d'intimité, même si elle était relative, pour le calmer et ordonner quelque peu mes idées.

— Tu crois vraiment que ça me ravit ?! me répondit-il sans bouger de là où il se trouvait, comprenant certainement qu'une intrusion dans mon espace vital à ce moment précis, serait très malvenue.

— Pourquoi y aller alors ?! lui rétorquai-je tandis que j'essayai d'enfiler le pantalon ultra moulant qu'il m'avait passé.

— Je comprends que tu sois en colère et...perturbée, mais tu sais bien que nous n'avons pas le choix, me dit-il en me rejoignant. Je savais pertinemment ce que j'aurai à affronter en revenant ici...mais le contexte est différent et...je ne suis plus le même homme qu'il y a trente ans.

— Oui...ça, ça me parait évident, lui répondis-je d'un ton agacé alors que je m'évertuai toujours à faire passer mes hanches dans ce foutou pantalon de malheur !

— Tu as besoin d'un coup de main ? me demanda-t-il d'un ton taquin, alors qu'il me regardait me débattre un petit sourire aux lèvres, nonchalamment appuyé contre le mur carrelé de noir.

— Parce que tu trouves ça drôle ?! Je suis loin d'être grosse pourtant, tu m'as filé quoi, du douze ans ?!

— Non c'est la bonne taille, mais nous portons des vêtements très près du corps ici. Comme nous vivons dans les arbres, c'est une question de sécurité. Cela évite de s'accrocher et de succomber à un accident bête et très facilement évitable. Le tissu va se détendre et s'adapter à toi comme une seconde peau...

— Si j'arrive à l'enfiler !

— Oh tu y arriveras ! C'est la première fois qui est compliquée, ensuite...plus de problèmes, expliqua-t-il en s'approchant de moi dans l'intention de me prêter main forte.

— ça va aller, je vais m'en sortir, l'arrêtai-je alors que je parvenais enfin à boutonner ce fichu machin. Les autres sont où ? lui demandai-je alors que je réalisai soudain que je ne m'étais pas souciée de mes amis depuis que j'avais franchis le seuil de cette chambre.

— Ils ont fait comme nous, ils se sont reposés et nous rejoindrons au dîner.

— D'ailleurs pourquoi tu n'arrêtes pas de parler de dîner alors qu'il fait encore jour et que nous venons juste de prendre le petit déjeuner il y a deux heures à peine ?

— Parce que c'était un goûter que nous avons pris en fait et qu'ici, les repas importants commencent tôt et durent longtemps. D'ailleurs regarde, la nuit est en train de tomber.

Effectivement, il avait raison. Maintenant que j'y faisais attention, la luminosité baissait très rapidement nous rappelant que nous étions en automne et que la nuit tombait vite. Voilà qui s'annonçait de plus en plus réjouissant, ruminai-je alors que j'enfilai le tee-shirt noir seconde peau sur une brassière de sport.

— Tout le monde sera habillé comme ça, où je serais la seule à avoir l'air de sortir d'une salle de gym ? demandai-je à Jude qui avait repris sa place contre le mur et regardait dans ma direction, ses yeux flous fixant le vide.

— Depuis quand ton apparence te souci-t-elle ? me demanda-t-il surpris en sortant de ses pensées à priori moroses.

— Depuis que je sais que tu vas me lâcher dans la fosse aux rapaces, où tous les regards seront braqués sur moi, l'étrangère, la bête de foire. Sans compter que je viens d'apprendre que ta mère est la reine des garces et que tu es encore amoureux d'une fille morte depuis trente ans !