Chapitre 31

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Les feuilles sèches parsemant le sol, craquaient sous nos pas, alors que nous avancions d'un pas mesuré et tranquille, tandis que mon instinct me dictait de courir et de fuir cet endroit toxique au plus vite.

Nous nous trouvions dans une immense clairière encerclée de draperies chatoyantes, toutes dans les tons de vert et de bleu, tombant des arbres environnant en cascades moirées. Cela donnait l'impression de pénétrer à l'intérieur d'une salle de bal, alors que nous nous trouvions en fait, en extérieur. Mes pieds entrèrent soudain en contact avec le sable recouvrant le centre de la clairière et formant un sol stable et uniforme.

Des centaines de personnes étaient réunies ici, toutes habillées des mêmes types de vêtement moulant que les miens. Seul changeait les couleurs, qui devait représenter un code social, car...elle ne se mélangeaient pas. Les tables étaient disposées en cercles concentrique, les couleurs fonçant au fur et à mesure que nous nous rapprochions du centre, où une grande table rectangulaire était dressée d'une magnifique nappe bleue et de vaisselles argentés. Alors que les autres tables elles, se contentaient de leurs plateaux de bois et d'assiettes blanches sans fioritures.

Jude me conduisit d'une main de fer vers la table centrale où tous les convives étaient vêtus de bleu, sauf nos amis habillés dans une couleur grise, triste et terne. J'étais tellement heureuse de les revoir que je ne me rendis compte de leurs postures guindés et de leurs visages fermés, qu'à l'instant où nous nous immobilisâmes à deux pas de la table. Worth, visiblement très mal à l'aise dans ses vêtements d'emprunt, nous jeta un coup d'œil mêlant soulagement et inquiétude, tandis que Cassie avait l'air d'avoir envie d'être n'importe où, sauf ici ! Que je la comprenais, me dis-je alors que je me tenais là, comme une potiche, attendant le bon vouloir des maîtres de maison, qui semblaient prendre un grand plaisir à nous faire poireauter.

— Eh bien, mon fils ! Tu daignes enfin te joindre à nous, déclama Iphigénia en se levant dans un mouvement souple et gracieux, aussitôt suivit par toutes les personnes présentent, qui se levèrent comme un seul homme.

Brrr...cette obéissance immédiate et presque mécanique était flippante et me mettait mal à l'aise, surtout qu'aucun son d'aucune sorte ne planait sur la clairière, rendant l'atmosphère lourde et pesante.

— Ne sais-tu pas que c'est terriblement impoli de faire attendre ses gens ? Ton éducation à l'air d'avoir bien régressé durant ton séjour...dans le monde !

— Mon éducation va très bien, je vous remercie, lui répondit Jude sur le même ton condescendant et ironique que sa mère. Vos gens comme vous les appelez, ce qui n'est pas mon cas, comprennent sans doute très bien mon besoin de me ressourcer et de retrouver mes marques. Sans compter que je ne suis absolument pas en retard et que Christina m'accompagne. Ce que vous avez sciemment omis de mentionner, vous rendant donc la moins bien élevée de nous deux, acheva-t-il d'une voix forte et caustique, provoquant les premiers murmures audibles, depuis que nous étions entrés dans cette arène.

Un éclair de colère, ressemblant presque à de la rage, traversa le regard d'Iphigénia quand elle braqua ses yeux froids dans ceux de son fils.

— Surveilles tes propos je te prie...

— Si vous surveillez les vôtres, la coupa-t-il tandis qu'il s'approchait d'elle d'une démarche conquérante en m'entraînant derrière lui.

Non mais il jouait à quoi là ? paniquai-je, de plus en plus mal à l'aise dans cet atmosphère hostile et tendue. Arrivés devant la place voisine de celle de sa mère et occupée par une ravissante jeune femme aux long cheveux noires tressées, il s'arrêta.

— Ceci est la place de Christina il me semble, dit-il à ses parents, alors qu'il invitait d'un geste galant la jeune femme à se lever.

— Aucunement. Cette place n'est en aucun cas la place d'une...invitée provisoire.

Chimère. Féline-Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant