Un silence relatif mais tout de même remarquable, fit suite à mon annonce choc. Le plus surpris semblait être Jude, qui me fixait d'un regard interrogatif et suspicieux, qui paraissait vouloir me dire « Mais à quoi tu joues là ?! ».
— Peut-on savoir ce qui vous permet de porter de telles allégations ? demanda Euclide, dont la voix grave et formelle, fit cessé efficacement les derniers chuchotements indignés résonnant encore dans la salle.
— Lors de ma méta...
— Vous ne voyez donc pas que c'est une ruse ? me coupa Iphigénia d'une voix aiguë et précipitée. Cette fille serait prête à raconter n'importe quoi pour sauver sa tête ! Nous avons déjà perdu trop de temps avec cette histoire. Je suggère donc que nous passions immédiatement aux votes, admonesta-t-elle les conseillers en retournant à son siège d'une démarche nerveuse.
— Ruse ou pas, nous sommes là pour entendre ce qu'elle a à dire, alors écoutons-là ! dit l'une des conseillères en se levant et en me faisant signe de poursuivre d'un geste de la main.
— Les mensonges et les inventions d'une...déséquilibrée, n'ont pas leur place au sein de ce conseil, s'époumona soudain Iphigénia, le rouge commençant à lui monter aux joues, sous le coup de la colère.
— Tout cela suffit à présent ! rugit le père de Jude, (que j'avais complètement oublié tellement il était inexistant depuis le début de cette mascarade), d'une voix tonitruante. Je déclare ce conseil extraordinaire et prierais donc les simples spectateurs de quitter cette salle sur le champ.
Tout le monde parut surpris, mais les gens sortirent dans le calme, sans faire la moindre vague. Je ne savais pas, si ce retournement de situation était à notre avantage ou non, mais un bref coup d'œil à la reine des dindes, me rassura quelque peu. Dire qu'elle semblait contrariée et inquiète était l'euphémisme de l'année. Elle se tordait les mains en un geste compulsif et nerveux, tandis que son regard inquiet cherchait un soutient qu'elle ne trouvait apparemment pas.
Toutes ces constatations m'avaient mis du baume au cœur, jusqu'à ce que je croise le regard inquiet et résigné de Jude qui regardait d'un regard morne et empli de rancœur, les conseillers en train de discuter, comme si nous n'existions pas.
— Et voilà...ils ont eu ce qu'ils voulaient, murmura-t-il plus pour lui-même que pour moi. Maintenant qu'il n'y a plus personne pour les entendre, les magouilles vont pouvoir commencer.
C'était donc comme cela que ça fonctionnait dans leur super système parfait ? Pas si différent de la politique humaine de base en fin de compte, persifflai-je pour moi-même tandis que l'attente pénible se faisait interminable et que ma faiblesse commençait à reprendre le dessus. Pourtant quelque chose me turlupinait...pourquoi la mère de Jude était-elle si inquiète ? Si Jude avait raison...cela n'avait pas de sens.
— Êtes-vous prêt à rendre votre verdict ? demanda le roi d'une voix lasse et ennuyée, au bout de ce qui me sembla des heures.
— Alors c'est comme cela que ça va se passer, père ? Vous n'allez même pas nous laisser une chance de nous expliquer ?
— Il a été établi que ce n'était qu'un tissu de mensonges éhontés et...
— Vous l'avez décrété, mon roi ! Mais rien n'a été établi puisque la jeune femme n'a pas pu s'expliquer, intervint Euclide d'une voix sentencieuse.
— Vous oubliez votre place... !
— Nullement mon roi. Je suis là en tant que juge impartial, je me contente d'exécuter mon rôle du mieux que je le peux, lui répondit-il d'une voix froide.
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Chimère. Féline-Tome 2
Paranormal*3ème du concours Award Rentrée 2016* Christina le sait désormais, elle est une métamorphe, mise à l'écart par les siens car elle est incapable de se transformer. Après tout ce qu'il vient de lui arriver, elle est bien éprouvée. Ayant dû abandon...