Chapitre 38

5.4K 733 206
                                    


C'est presque malgré moi que je me mis à courir, les bruits de la lutte faisant rage derrière moi semblant m'arracher le cœur à chaque pas supplémentaire qui me séparait de Jude. Je continuai néanmoins, louvoyant maladroitement entre les arbres et les racines éparses, ne sachant même pas où j'allais. Je faisais confiance à Féline, la suivant aveuglément, trop concentrée sur ma respiration laborieuse et la douleur dorénavant infernale qui me déchirait la poitrine.

« Petite sœur, il faut continuer...nous y sommes presque ! », m'encouragea Féline un temps indéfini plus tard, quand je tombai lourdement pour la troisième fois et renonçai à me relever.

— Je ne peux pas...sauve-toi...continue sans moi, lui murmurai-je d'une voix sans force alors que des larmes de douleurs et d'impuissances commençaient à couler le long de mes joues.

La panthère s'arrêta net et me faisant ressentir toute son inquiétude et sa désapprobation, commença à descendre de l'arbre sur lequel elle avait grimpé pour me rejoindre. Rassemblant mes dernières forces, autant physique que psychique, je l'arrêtai d'une pensée et d'un geste de la main.

« Pars...va retrouver les autres et aides-les. Sauves-les eux...on se retrouvera...je te le promet... »

L'émission de ses pensées à la fois sincères et désespérées, fut la dernière chose que mon esprit et mon corps épuisés et ravagés par la douleur parvinrent à faire. Puis, avant que je n'aie eu le temps de savoir si Féline avait obéis à mon ordre mental ou non, mon organisme, dans un dernier instinct de survie prit les commandes, me plongeant dans l'inconscience et le néant.

Je revins à moi en me sentant encore plus mal qu'avant mon évanouissement ! La douleur dans ma poitrine était toujours là, mais à présent combinée avec celles de mes bras étroitement ligotés derrière mon dos. D'instinct je testai mes liens, cherchant à me libérer et le regrettant aussitôt, quand la douleur que cela provoqua faillit me renvoyer illico dans les limbes. Je n'avais pas la moindre idée d'où je me trouvais, mais je devais rester consciente si je voulais avoir une chance de m'en sortir, me motivai-je pour lutter contre la torpeur.

J'ouvris les yeux, mais ma vue trouble et mon champ de vision plus que limité, ne me permirent pas de voir autre chose que le sol en bois brut sur lequel je me trouvais. J'allais prudemment retenter un mouvement, quand des voix et des bruits de pas se rapprochant de moi, m'arrêtèrent net. Une des deux personnes, s'approcha et me saisissant sans ménagement par les bras, me mit brutalement debout.

— Je sais que tu es réveillée, je t'ai vu bouger. Alors ne me donne pas un bon prétexte pour utiliser la force, me susurra Jax à l'oreille d'une voix menaçante et satisfaite.

Je n'eus même pas le temps d'obéir à son ordre et d'ouvrir les yeux, qu'il me giflait violemment, m'ouvrant la lèvre au passage. Ma vision encore plus brouillée qu'auparavant eut du mal à faire le point sur son visage goguenard, avant qu'il ne me pousse en avant.

— Avance ! m'ordonna-t-il en m'obligeant à entrer dans la pièce d'à côté.

La chambre dans laquelle je pénétrai était magnifique. Un grand lit à baldaquin en bois, drapé de vaporeux tissus rouges et or, occupait presque tout le mur du fond qui était recouvert d'une fresque époustouflante. Mais la seule chose dont je ne pouvais détacher le regard, était les trois personnes debout devant la cheminée ouvragée. Un homme que je ne connaissais pas vêtu d'un uniforme militaire, Iphigénia et...le professeur Shaw !

— Comment pouvez-vous être de mèche avec lui ?! explosai-je avant d'avoir pu m'en empêcher. C'est un monstre...

— Taisez-vous petite idiote ! Vous ne savez et ne comprenez rien ! s'écria la mère de Jude en me jetant un regard de pure haine. Cela fait des mois que j'œuvre pour tenter d'éviter une guerre entre les humains et les métamorphes ! Et vous et mon imbécile de fils, avaient failli tout gâcher !

Chimère. Féline-Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant