Chimère. Féline-Tome 2

Chapitre 8-2

Je compris, avec un pincement au cœur, que le feu devait venir de notre appartement à l'instant où j'atteignis la cage d'escalier. Je m'arrêtai quelques secondes pour jeter un dernier coup d'œil à l'endroit où j'avais vécu de si bons moments, quand quelque chose attira mon attention et me glaça le sang. Presque hypnotisée et priant très fort pour que mes yeux me jouent des tours, je m'approchai de notre porte à présent fermée et sur laquelle était cloué...une mèche de cheveux.

Une grande mèche de cheveux noire ne pouvant signifier qu'une chose...Jude était prisonnier à l'intérieur de l'appartement...et ce dernier était en feu.

Même si les chances que ce soit un piège avoisinaient les cent pour cent, je n'hésitai pas une seconde et d'un coup de pied bien placé, enfonçai la porte déjà brutalisée sans problème. L'apport brutal d'oxygène généré par mon geste, agit comme un catalyseur sur les flammes, qui se transformèrent en un brasier impénétrable presque instantanément, m'enveloppant d'un souffle incandescent qui me suffoqua et m'obligea à reculer.

La chaleur intolérable qui s'échappait de l'appartement, ne laissait aucun espoir quant à l'intégrité des objets ou personnes se trouvant à l'intérieur. Les flammes, qui à présent s'approchaient dangereusement de la porte et menaçaient de se déverser dans le couloir, auraient dû m'effrayer et m'inciter à quitter cet endroit dangereux et de plus en plus irrespirable. Mais j'étais comme...subjuguée par la danse infernale et hypnotisante se déroulant devant moi et qui signifiait très certainement la mort de l'homme que j'aimai.

Quelque part au fond de mon cœur, j'avais encore l'infime espoir que Jude soit vivant. Que tout ça n'ait été qu'une mise en scène, un piège savamment orchestré pour me tuer ou...ou quoi ? Toute cette situation était absurde...aussi absurde que moi et ce qu'était devenue ma vie, en fait. Cette prise de conscience déprimante, au lieu de m'achever, me donna l'étincelle de courage qu'il me fallait pour reprendre le dessus et continuer à y croire. Après tout Jude était un métamorphe oiseau, il fallait certainement plus qu'un petit incendie pour le tuer.

Cette dernière pensée positive me sorti de mon marasme et mon instinct de survie prenant le relai, j'allais me mettre provisoirement à l'abri des flammes et de la chaleur, dans la cage d'escalier. Là, un accès de faiblesse me força à m'appuyer contre le mur, d'où je me laissai lentement glisser au sol, tandis que la douleur et le doute m'assaillaient de nouveau, en me faisant payer des intérêts.

Je refusai de perdre espoir, mais n'arrivai pas pour autant à me sortir de la tête l'affreuse idée, que si Jude était bien mort dans cet incendie, la seule et unique responsable...c'était moi. Moi qui avais provoqué l'explosion en ouvrant bêtement la porte, faisant là exactement ce qu'ils s'attendaient me voir faire. Mais dans quel véritable but ?

— Mais dans ce but là...ma chère...

Je sursautai violemment à l'entente de cette réponse froide et sarcastique semblant venir de nulle part. Je n'avais pas parlé à voix haute pourtant ? Et, où était-il...l'homme qui venait de parler de cette voix étrange et déformée ? J'avais beau jeter des coups d'œil frénétiques autour de moi...j'étais seule. Sûrement un effet de mon imagination, où une hallucination dû à ma perte de sang, qui commençait à devenir préoccupante. Je commençai à tenter de me relever quand un homme, un masque à gaz sur le visage, arriva du couloir, son arme braquée sur ma tête.

Finalement ce n'était pas une hallucination...fut la seule pensée cohérente qui me vint à l'esprit, tandis que je regardai impuissante, l'homme s'approcher de moi et plaquer le canon de son arme sur ma tempe, sans que je ne réagisse. Ce n'était pas que je ne voulais pas, je n'en avais juste plus la force. Après tout qu'il me tue, pensai-je cyniquement, ça me ferait des vacances. Et puis dans l'état où j'étais, je ne voyais pas très bien comment j'aurai pu l'en empêcher.