Je m'approchai d'eux et constatai qu'Hannah était heureusement (pour elle comme pour nous) toujours inconsciente, mais commençait effectivement à s'agiter dans son sommeil risquant, dans ses mouvements désordonnés, de rouvrir sa plaie.
— Vous ne pourrez pas la ramener toute seule là-bas, où que ce là-bas se trouve, sans qu'elle ne se vide de son sang. Je vais devoir vous accompagner, ajouta-t-il d'un ton déterminé.
— Mais...
— Arrêtez d'essayer de me protéger ! Je suis bien assez grand pour le faire moi-même, s'énerva-t-il en me foudroyant de son regard pénétrant. Je vous promets de ne pas me montrer et de repartir, aussitôt après vous avoir déposé...mais vous avez besoin de moi pour vous conduire là-bas, sinon...elle ne survivra pas au voyage.
Je soupirai, comme Hannah tout à l'heure, et lui donnais mon accord réticent d'un signe de tête.
— Vos yeux...ça en est où ?
Pour toute réponse, je baissai à nouveau les lunettes et vu sa petite grimace sarcastique, compris qu'il n'y avait toujours aucun changement majeur à l'horizon. Nous échangeâmes donc nos places, ce qui fût plus simple que je ne le pensais. Worth s'empressa de démarrer, attendant que je lui indique la route à suivre. Nous n'avions pas fait deux mètres, que la luminosité baissa subitement et qu'une pluie diluvienne s'abattit soudain sur la voiture, obligeant l'inspecteur à s'arrêter précipitamment, pour ne pas finir encastrer dans un mur. La visibilité étant désormais nulle.
Décidemment, la chance n'était vraiment pas de notre côté aujourd'hui. Pourtant, ils avaient annoncé une belle journée, fraîche mais ensoleillée ! Franchement, la météo...je n'avais pas fini de penser cela, que la portière de Worth s'ouvrit avec fracas et qu'un bras puissant l'arracha de son siège, pour l'envoyer rouler sur le trottoir. Puis la cause de ce déluge qui n'avait, je m'en rendais compte à présent, aucun rapport avec la météo, passa la tête dans l'habitacle et planta son furieux regard noir dans le miens.
— Sors de la voiture ! m'ordonna Jude d'une voix menaçante, dans un grondement à peine maîtrisé.
J'étais figée. Son visage d'ordinaire si beau, à présent déformé par la rage, me fixait avec hostilité. Je n'avais qu'une envie, lui hurler de ne pas m'en vouloir, que j'avais été une idiote, que je n'avais pas réfléchi, que...mais aucun mots n'arrivaient à sortir de ma bouche. Je me contentai de le dévisager bêtement, comme si je voulais graver à jamais son image dans ma mémoire...typique ! Dès qu'il apparaissait, je me transformai instantanément en midinette décérébrée, c'était juste...risible et pathétique. Je ne pouvais pas rester là, prostrée comme une plante verte...il fallait que je me reprenne.
— Qu'est-ce que tu faisais avec lui ? m'accusa-t-il en fixant sur moi son regard incandescent, sensé sans doute, me faire avouer tous mes péchés dans la seconde.
Ce qui aurait été, de toute évidence, beaucoup plus efficace sans les lunettes de soleil se trouvant toujours sur mon nez.
— Enlèves ces lunettes ! m'ordonna-t-il de nouveau, fort à propos, dans un murmure rauque, qui se voulait de toute évidence menaçant, mais qui à moi me sembla juste...particulièrement sexy !
Non mais qu'est-ce qui m'arrivait, j'étais en manque ou quoi ? Normalement j'aurai dû être morte de trouille, ou plutôt, vu mon charmant caractère, folle de rage ! Au lieu de cela, j'étais là, à me pâmer devant lui. J'avais beau tenir à lui et m'en vouloir de mon comportement passé, ce n'était pas une raison pour le laisser prendre l'ascendant sur moi comme cela.
— Ne me dit pas que tu es jaloux ? le provoquai-je d'un ton moqueur et volontairement un peu méprisant, afin qu'il se rende compte de l'idiotie de sa remarque.
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Chimère. Féline-Tome 2
Paranormal*3ème du concours Award Rentrée 2016* Christina le sait désormais, elle est une métamorphe, mise à l'écart par les siens car elle est incapable de se transformer. Après tout ce qu'il vient de lui arriver, elle est bien éprouvée. Ayant dû abandon...