Chimère. Féline-Tome 2

Chapitre 16-2

— Féline...tu m'as fait peur ! Lui dis-je d'une voix rauque et tremblotante, tandis que mon cœur s'apaisait, calmant ainsi la machine infernale à laquelle j'étais reliée par tout un tas de fils sortant de sous mes draps.

— Peur ?! Pourquoi...ce n'est pas dangereux ? me répondit la panthère d'une voix mentale perplexe, ne comprenant de toute évidence pas ma réaction à l'entente de sa voix dans ma tête.

C'est vrai que j'aurai dû y être habitué depuis le temps, mais là...l'entendre subitement...ça m'avait surprise ! Sûrement un effet de mon réveil difficile ! Je fixai mon amie, qui venait de relever la tête, d'un regard attendrit et me contentai d'un « Ne t'inquiètes pas, tout va bien » avant d'appuyer sur le bouton d'un doigt tremblant. La tête de lit se releva et je poussai un soupir de soulagement lorsque je fus enfin en position assise, beaucoup plus confortable si vous voulez mon avis.

— Pourquoi je ne t'ai pas senti près de moi, lorsque Shaw m'a attaqué ? Lui demandai-je mentalement avec effort, tellement j'avais mal à la tête.

— Je suis arrivée au moment où tu étais déjà...à terre ! Je l'ai fait fuir...me transmis Féline, accompagné d'un grondement sourd exprimant toute la frustration qu'elle ressentait, au fait de n'avoir pas pu le déchiqueter à l'aide de ses crocs et de ses griffes.

Les sensations et impressions que je recevais me faisait frémir. C'était instinctif, brut...animal et j'avais encore du mal à me faire à cet aspect-là de notre connexion. J'essayai de ne pas lui montrer que cela me dérangeait, je savais qu'elle ne comprendrait pas et je ne pouvais pas lui en vouloir. Avec un soupir à la limite du geignement, je reposai doucement ma tête douloureuse sur l'oreiller et fermai les yeux, espérant qu'un peu de pénombre apaiserait ma migraine...on pouvait toujours rêver !

— Merci Féline...Il paraît que je dois une fière chandelle, lui dis-je d'une voix que j'espérai reconnaissante à défaut d'être agréable et normale.

— Maintenant que cette horrible drogue est partie, nous pouvons communiquer à nouveau. Tu n'es donc pas obligée de parler à voix haute, me répondit féline. Et...qu'est-ce qu'une...chandelle ?! Me demanda la panthère d'un ton perplexe qui me fit rire doucement.

Ce qui était une très mauvaise idée, me dis-je au moment où mes soubresauts irradièrent mon corps de douleurs diverses et variées. C'était comme si l'on m'avait roué de coups...ou que je venais d'être victime d'un accident de la route. Diffus, intense et très, très désagréable ! Je geins avant d'avoir pu m'en empêcher, inquiétant Féline qui sauta prestement du lit et vint approcher sa tête de la mienne en émettant un ronronnement apaisant.

— Ne t'inquiètes pas...ça va ! Je n'aurai pas dû rire c'est tout...ça m'apprendra. Je voulais juste te dire...que je te remerciais de m'avoir sauvé.

— De rien...entre sœur de meute c'est normal. Tu aurais fait la même chose pour moi, me répondit-elle d'un ton assuré.

Puis elle s'éloigna un peu du lit, s'assit en entourant ses pattes de sa queue et tournant son regard de sphinx vers la droite, se mit à contempler la porte d'un air concentré.

Elle n'était pas restée plus de deux secondes dans cette position que la poignée tourna, livrant passage à Jude qui avançait prudemment, tête baissée, un plateau entre les mains. Il le posa doucement sur le meuble, tout en prenant bien garde de ne pas renverser la carafe et le verre s'y trouvant déjà. Tandis qu'il s'affairait en me tournant toujours le dos, ne s'étant de toute évidence pas encore rendu compte que j'étais réveillée, j'en profitai pour l'observer.

Il devait sortir de la douche, car ses cheveux mi-long et brillants lui tombaient dans le dos, laissant des traces humides sur son tee-shirt blanc, qui moulait son corps comme une seconde peau. Mon cœur qui avait commencé à accélérer dès son entrée dans la pièce, s'emballa pour de bon, me plongeant dans un embarra abyssal, lorsque les bips se remirent à résonner avec violence dans la pièce silencieuse.