Chapitre 6-2

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Jude ne se fatigua même pas à lui répondre et se contenta de l'épingler du regard. Puis se relevant à la seule force de ses jambes, s'approcha de lui d'une démarche souple et volontairement menaçante, pour finir par s'arrêter, son visage à quelques centimètres du sien.

— Vous aimez bien jouer les héros, hein ? attaqua-t-il, un sourire carnassier sur les lèvres. Sauvez les demoiselles en détresse est devenu votre hobbies personnel, ou c'est juste pour vous attirer les bonnes grâces de Christina ? lâcha-t-il enfin, comme s'il n'avait attendu que ça toute la journée.

À t'entente de cette accusation idiote, je ne pus empêcher mon cœur de faire un petit saut de joie dans ma poitrine. S'il était jaloux à ce point-là, c'est qu'il y avait peut-être encore une chance pour nous deux, finalement. À moins que ce ne soit son orgueil blessé de mal dominant qui parle, persiffla ma conscience venant une nouvelle fois me plomber le moral.

— Ah enfin ! J'ai cru que vous n'aborderiez jamais la question de la journée et que nous allions continuer de jouer à celui qui pisse le plus loin jusqu'à « vitam aeternam », contre-attaqua Worth du ton méprisant et sarcastique qu'employait Jude d'ordinaire, ça devait déteindre !

Un silence de mort tomba sur la pièce, tandis qu'il continuait leur joute visuelle, inutile et stérile. Excédée, je me relevai à mon tour et d'un pas décidé, allai m'interposer entre eux.

— Bon on a compris. Vous êtes tous les deux grands, beaux et forts. Moi pauvre femelle chétive ait beaucoup de chance que vous vous chamailliez pour moi, mais maintenant...CA SUFFIT !

À l'entente de mon cri exaspéré, ils s'intéressèrent enfin à moi et parurent surpris de me trouver entre eux, une main posée sur leur poitrine respective. Preuve évidente, qu'ils n'avaient pas écouté un traitre mot de ce que j'avais pu dire avant. C'était bien la peine d'avoir essayé d'y mettre un peu d'humour !

— Vous avez raison Christina, me répondit gentiment Worth. Mais tant que nous n'aurons pas régler cette question, monsieur homme-oiseau des cavernes ici présent, va continuer à me chercher des noises...et j'en ai marre. Sans compter que c'est complètement contre-productif, donc...Il est vrai que j'apprécie Christina, commença-t-il en fixant à nouveau Jude dans les yeux. Mais comme deux personnes que des évènements traumatisants ont rapproché, rien de plus. Ce qui se passe entre vous ne me regarde pas.

Je trouvais tout ce cirque complètement crétin et inutile. Mais à ma grande surprise, je vis Jude se détendre et sentis la tension de la pièce s'alléger sensiblement. Encore un truc de dominance à la métamorphe ! C'était vraiment pénible de ne rien savoir.

— Très bien, répondit Jude d'une voix un peu guindé. Mais il n'y a rien entre Christina et moi, termina-t-il en me jetant un coup d'œil hostile au passage. C'est juste que depuis le début, je trouve votre aide systématique et désintéressé plus que suspecte...et votre réponse n'a fait que confirmer mes soupçons.

— Mais c'est pas vrai ! m'écriai-je soudain, au bord de la crise de nerf.

Leur petite guéguerre puérile m'avait amené à deux pas de l'implosion imminente. Sans compter que la réflexion de Jude, même si elle était vraie, m'avait fait mal. Ce qu'il y avait eu entre nous avait été tellement anecdotique, qu'il n'y avait même pas de nom pour le décrire. Au final nous ne nous étions embrassés qu'une fois, alors qu'il était blessé et à moitié dans les vapes, puis je l'avais abandonné sans un mot d'excuse à peine une heure plus tard. Le seul qualificatif qui me venait spontanément à l'esprit était...gâchis intégral.

— Si personne ne se décide, moi je vais le faire, annonçai-je soudain sur un ton de défi en me rapprochant d'Hannah, qui avait visiblement de plus en plus de mal à respirer. Je ne peux pas la laisser mourir comme ça.

Chimère. Féline-Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant