Chimère. Féline-Tome 2

Chapitre 9-2

Il s'apprêtait à me répondre, quand des bruits de pas précipités se firent entendre dans l'escalier. Jude réagit en un quart de seconde, se mettant instinctivement entre moi et la porte, arme braquée sur l'ouverture. Worth en jaillit soudain, s'arrêtant net à la vue de l'arme pointé sur sa tête, que Jude s'empressa de baisser à la seconde où il le reconnu. Cassie émergea à son tour, soutenant une Hannah mal en point.

— Vite, il faut partir d'ici ! Nous pressa Worth d'une voix paniqué, une fois le moment de surprise passé. Ils arrivent...

Comme pour faire écho à ses paroles, des bruits de bottes montant des marches au pas de course, se mirent à résonner sinistrement dans la cage d'escalier. Les sons encore étouffés nous indiquaient qu'ils devaient se trouver environ deux étages plus bas. Ce qui, s'ils perdaient du temps à nous chercher dans les étages inférieurs, nous laisserait une petite marge de manœuvre...mais nous ne devions pas traîner pour autant.

— Vite, fermez la porte ! ordonna Jude à Worth, tandis qu'il se mettait à chercher alentours quelque chose susceptible de la maintenir close plus de quelques secondes.

— Ça ne va pas les ralentir longtemps, commenta ce dernier d'un air inquiet.

— Ce sera toujours ça de pris, lui répondit Jude en lui tendant un vieux câble qu'il venait de dénicher derrière une bouche d'aération.

L'inspecteur s'en saisit et sans hésiter un instant, entreprit de bloquer la poignée de la porte avec notre attache de fortune. Jude, qui semblait lui faire toute confiance sur ce point, n'attendit même pas qu'il ait terminé et commença à nous entraîner de l'autre côté du toit d'un pas léger mais assuré, montrant qu'il savait où il allait.

— Attention où vous mettez les pieds ! Tout cet immeuble tombe en miettes, grommela-t-il dans sa barbe avant de se retournant brièvement vers nous, afin d'être sûr que nous avions entendu son avertissement.

Rapidement, mais à pas de loup, il s'engagea sur le toit, nous invitant silencieusement à le suivre. Il slalomait, gracieux mais efficace, entre les antennes, les bouches d'aérations et les blocs de climatisations, en pannes depuis des années. La pénombre qui s'installait en cette fin de journée, associée aux ombres de plus en plus longue, rendait sa silhouette fantomatique difficile à suivre.

Nous étions presque parvenus à l'une des extrémités du toit délabré, lorsque les premiers coups assénés à la porte, résonnèrent dans le silence pesant du crépuscule. Jude, qui avait plusieurs mètres d'avance sur nous, nous fit sèchement signe de nous dépêcher, avant de continuer sa progression plus lentement, pour nous laisser le temps de le rejoindre.

Mais nous aurions beau faire tous les efforts du monde, nous ne pourrions pas aller plus vite, me dis-je en voyant Cassie peiner de plus en plus sous le poids d'Hannah.

— Laisse...ça va aller, me dit cette dernière d'une voix essoufflée, tandis que je m'approchais pour l'aider.

— Ca n'en a pas l'air ! lui répliquai-je, inquiète de son teint livide et de sa voix hachée. On dirait que tu es sur le point de tomber dans les pommes.

— C'est l'hôpital qui se moque de la charité ! T'as pas vu ta tête, me répondit-elle avec un petit sourire, essayant visiblement de détendre l'atmosphère, alors qu'elle s'arrêtait, contrainte de faire une petite pause.

C'est alors que Worth, que je croyais devant avec Jude, arriva derrière nous en courant, fusil à la main.

— Vite, dépêchez-vous...la porte est sur le point de céder ! nous interpella-t-il vivement en arrivant à notre hauteur. Où est Jude ? demanda-t-il finalement en le cherchant du regard.