Chapitre 25-2

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— Vas-y ! Je vais te suivre en restant à distance pour ne pas perturber ta bête plus que nécessaire. Mais sache que je serai là, me dit-il en me couvant d'un regard tendre, bien que légèrement réticent.

Ne pouvant pas lui exprimer ce que je ressentais, je m'engageais rapidement dans l'étroite ouverture sans attendre une seconde de plus.

— Christina...m'arrêta-t-il à nouveau. N'oublie pas qui est aux commandes ! Ce doit être toi et personne d'autre. Ne te laisse pas envahir par tes sentiments.

Je lui jetais un dernier regard et me laissai tomber dans l'herbe grasse et humide se trouvant sous la fenêtre. Mes coussinets apprécièrent de retrouver enfin la nature et c'est ivre de la liberté que me procurait mes nouveaux sens exacerbés, que je me ruai à toutes pattes au secours de mon amie.

*La première chose que je ressentis fut le vent de ma course dans mon pelage et surtout...dans mes moustaches ! Ces dernières, hypersensibles, captaient le plus infime changement de trajectoire ou de densité de l'air, c'était...différent et terriblement intense. Sans oublier mes oreilles, qui captaient le moindre son à des mètres à la ronde et pouvaient s'orienter à volonté, me permettant même d'entendre le bipède maladroit qui s'évertuait à me suivre en faisant un bruit d'enfer ! De toute manière qu'il fasse du bruit était le cadet de ses soucis, puisque je l'aurai repéré à l'odeur à cent mètres...c'était monsieur Poulet !

Cette dernière pique sarcastique, me fit comme un électrochoc et m'aida à reprendre le contrôle, qui m'avait de nouveau échappé l'espace d'un instant, tant cette première course m'avait grisé. Maintenant que c'était de nouveau mon esprit qui menait la danse, tout me paraissait subtilement différent, bien que je ressente toujours les choses avec autant d'intensité. J'étais juste plus consciente de l'urgence de la situation, qui me fit encore accélérer l'allure.

Je courrai à toutes pattes, slalomant entre les bâtiments et prenant bien garde à éviter la zone du carnage. Je trouvai ça grisant, mais lorsque j'arrivai à l'orée de la forêt, cela devint...magique ! Les odeurs d'humus, de champignons et de tout un tas d'autres choses plus ou moins sympathiques envahissaient mes sens, tandis que je survolais le sol de la forêt, par petits bonds souples et gracieux. Prenant appuis du bout de mes coussinets sur des branches mortes tombées au sol, allant même jusqu'à grimper d'un saut sur un arbre, avant de bondir sur un autre pour éviter une marre de boue immense et nauséabonde. Je me sentais vivante et... incroyablement libre.

Je fus soudain stoppée dans mon élan par une odeur de sang qui vint chatouiller mes narines, ralentissant instantanément ma course et me faisant me tapir telle une ombre silencieuse sur la branche touffue d'un très vieux chêne. J'avançai prudemment et silencieusement, mes griffes plantées dans l'écorce tendre pour ne pas tomber dans la clairière en contrebas. Clairière où se jouait une scène qui me fit frémir et presque bondir sans réfléchir au milieu de la mêlée.

Féline était là. Plusieurs blessures sanguinolentes déparaient sont magnifique pelage, désormais sale et terne, tandis qu'elle tenait courageusement tête aux trois énormes loups qui l'encerclaient, ne lui laissant pas la moindre chance de repli. Mon côté animal était prêt à bondir au secours de cette sœur en détresse, alors que mon esprit humain, cherchait la meilleure approche pour ne pas que nous y laissions notre peau.

Dans un premier temps je tentai de contacter « Féline », mais...rien ! Un peu comme si mon cerveau, ou celui de mon côté panthère en l'occurrence, n'était plus câblé pour ça ! Il fallait que je trouve une solution et vite ! Car je sentais mon contrôle précaire m'échapper de plus en plus souvent, signifiant qu'il allait falloir que j'inverse la transformation rapidement, si je ne voulais pas finir mes jours dans la peau d'une panthère immature et sauvage !

Chimère. Féline-Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant