Chapitre 16-1

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J'essayai de soulever mes paupières, mais elles étaient lourdes...tellement lourdes, que je ne parvenais pas à les entrouvrir, ne serait-ce que de quelques millimètres. Ma tête me faisait souffrir le martyr et j'avais la sensation d'avoir la bouche remplie de carton. J'avais conscience de mon corps, mais aucune emprise sur lui. À la seconde où je m'en rendis compte, je sentis la peur et l'adrénaline m'envahirent, sans que cela ne change quoi que ce soit...j'étais paralysée, impuissante, prisonnière de mon propre corps. J'avais été droguée ! Une fois de plus le professeur Shaw avait utilisé sa fameuse drogue spéciale métamorphe sur moi. Mais il avait dû mettre la dose cette fois-ci, parce que d'ordinaire j'y réagissait moins bien qu'une métamorphe classique, ses effets soporifiques et paralysant ayant moins d'effets sur moi. Ce qui, cette fois-ci, n'avait pas l'air d'être le cas, malheureusement !

Je commençai à paniquer, il fallait absolument que je combatte cette saloperie ! Je ne pouvais pas rester comme ça, à la merci de mes ennemis, sans rien pouvoir faire pour me défendre...je devais lutter à tout prix. Au prix d'un effort surhumain, je parvins à bouger les doigts de ma main gauche et quelques secondes ou minutes plus tard, ma main. C'est alors que je sentis des mains m'empoigner et des voix retentir soudain autour de moi, sans que je parvienne à comprendre ce qu'elles disaient.

Ma panique naissante se mua alors en terreur absolue et j'essayai de me débattre, malgré les tentacules invisibles induite par la drogue, qui me maintenait cloué là...à leur merci. Je sentais malgré tous les effets se dissiper lentement et un semblant de force me revenir dans les bras. Décidant de tenter le tout pour le tout, je m'évertuai à raidir mes muscles, prête à l'action...quand quelque chose m'arrêta net.

— Christina !

— Chris...si tu es consciente ouvre les yeux. Allez...je sais que tu peux le faire.

Deux voix anxieuses, que j'aurai reconnu entre mille, pénétrèrent enfin jusqu'à mon cerveau, faisant instantanément grimper d'un cran supplémentaire ma tension artérielle. Non, ce n'était pas possible, ils ne s'étaient pas fait capturés aussi ! À moins qu'ils ne soient là pour me sauver ?! Mon cœur oscillant entre l'espoir et le découragement, je tentai une nouvelle fois d'ouvrir les yeux. La première chose que j'aperçus entre mes paupières entrouvertes, fut le visage anxieux de Jude penché sur moi. Une vague de soulagement m'envahit, vite tempéré par ma conscience. Il fallait que je sache ce qu'il s'était passé, si nous étions prisonniers de Shaw ou non.

— Qu...c...

J'essayai de parler, mais n'arrivai qu'a bredouiller lamentablement sans qu'aucun son cohérent ne sortent de ma bouche. Je tentai une nouvelle fois et ne réussis qu'à crachouiller des syllabes sans sens, sentant même un filet de salive se mettre à couler le long de ma joue...charmant ! J'avais pourtant les idées claires, pourquoi n'arrivai-je pas à m'exprimer correctement, me demandai-je de plus en plus angoissée.

— Chuuut...n'essayes pas de parler, c'est trop tôt, me dit gentiment Cassie en apparaissant soudain dans mon champ de vision.

Mais j'avais tellement de questions et d'inquiétudes que j'essayai une nouvelle fois malgré tout...pour toujours le même résultat.

— Christina calme toi, tout va bien. Tu es en sécurité, intervint Jude en lançant un petit regard de reproche à Cassie, signifiant sans doute que c'était la première chose qu'elle aurait dû me dire.

Dès que ces mots pénétrèrent mon cerveau, je me détendis imperceptiblement, et essayai d'encourager Jude en m'en dire plus par la seule force de mon regard. Il me fit un petit sourire avant de faire signe à Cassie qu'elle pouvait partit, puis il s'assit à côté de moi. C'est au moment où il le fit que je me rendis compte que j'étais allongée sur un lit moelleux et recouverte d'une douce couverture grise.

— Durant notre fuite, Shaw t'a traqué et a tenté de t'enlever en t'endormant à l'aide d'une fléchette tranquillisante...

Ah oui, ça me revenait maintenant, le bruit du fusil que l'on armait, puis la piqure au bras, puis...que c'était-il passé ensuite ?! Mon dieu que c'était frustrant de ne pas pouvoir s'exprimer ! Ne voulant pas m'avouer vaincue et sentant les sensations revenir petit à petit dans mes mains et mes pieds, je retentai l'expérience et tant pis pour la possible humiliation baveuse !

— Qu...que s'...t...t...

Bon, ce n'était toujours pas glorieux, mais tout de même un chouilla plus compréhensible qu'il y avait cinq minutes...il y avait donc de l'espoir !

— Heureusement, Féline veillait sur toi ! Me dit Jude, interrompant mon bafouillage laborieux tout en tournant la tête vers un coin de la pièce que je ne pouvais apercevoir depuis la position semi-allongée dans laquelle je me trouvais.

J'entendis un son feutrée et soyeux puis Féline apparut dans mon champ de vision. Elle s'approcha de moi de sa démarche chaloupée et silencieuse et vint doucement frotter sa magnifique tête noire sur mon bras, en ronronnant. J'essayai de bouger le bras pour la caresser sans succès évidemment ! De frustration je tentai de la contacter via notre lien, sans plus de résultats...Mais que m'avait-il donc injecté bon sang !

— Tu fais une réaction allergique au sédatif ! D'après Charles, ton organisme a été trop en contact avec cette drogue en trop peu de temps et tu y as développé une hyper sensibilité. Il y a encore dix minutes, nous n'étions pas certains que tu te réveilles, continua-t-il d'une voix sourde. Nous étions tous très inquiets.

Il se leva soudain et me tournant le dos, alla prendre quelque chose posé sur un petit guéridon près de la porte. Il revint presque aussitôt, un verre d'eau agrémenté d'une paille, à la main. Reprenant sa place à mes côtés, il inclina la paille et la glissa entre mes lèvres pour que je puisse laborieusement avaler quelques gorgées du liquide frais et délicieux. Cela me fit un bien fou et je me sentis tout de suite mieux.

— Maintenant, il faut que tu dormes...pour de vrai, précisa-t-il avec un petit sourire tendre en voyant que je m'apprêtais à essayer de répliquer. À ton réveil, tu devrais avoir retrouver toutes tes fonctions motrices. Maintenant dors...c'est un ordre, me gronda-t-il gentiment un air soulagé sur son visage fatigué.

C'est au moment où il se pencha vers moi pour déposer un léger baiser sur mes lèvres que je me rendis compte du grand état de fatigue dans lequel il se trouvait. Il m'avait sûrement veillé tout le temps qu'avait durer mon pseudo-coma, sans se soucier de son propre repos à lui.

— Tu dev...te...reposer...

— Ne t'inquiètes pas pour moi, me dit-il en m'embrassant à nouveau. Puis, après m'avoir caressé doucement la joue du dos de sa main, il quitta silencieusement la pièce me laissant au bon soin de Féline.

Cette dernière, d'un bon souple et gracieux, sauta sur le lit et se coucha en boule à mes pieds. Puis, posant sa grosse tête sur mes chevilles, elle commença sa veille, ses yeux jaunes à demi ouvert fixés sur moi.

Je ne sais pas combien de temps je dormis, mais la première chose dont je me rendis compte à mon réveil était que mon état général, à défaut d'être parfait, semblait s'être amélioré. J'avais la gorge moins sèche et semblait avoir retrouvé l'usage normal de mes muscles...à mon grand soulagement ! Seul point noir...une migraine d'enfer qui me vrillaient les tempes et m'amenait au bord de la nausée. Certainement un effet secondaire de leur sédatif trafiqué...super !

J'essayai instinctivement de me redresser pour me mettre en position semi-assise, plus confortable et moins...vulnérable. Mais j'avais beau me sentir mieux et avoir retrouvé l'usage de mes membres, ces derniers n'étaient pas encore assez fort pour me soutenir, même pour un mouvement aussi simple.

Si tu appuis sur le truc carré là, ça se relève...

Surprise par la voix mentale de Féline, je fis un bond dans mon lit, tandis que mon cœur accélérait brutalement, faisant émettre des bips inquiétant à la machine se trouvant à côté de mon lit. 

Chimère. Féline-Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant