Chapitre 2

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Lizzy et moi nous étions finalement endormies sur le canapé. Comme beaucoup de jeunes filles, j'aimais bien tous les films du genre comédie romantique ou comédie dramatique, mais ils leur manquaient de plus en plus quelque chose. Vous savez, ce petit truc qui continue à vous faire rêver même longtemps après que le film soit fini. Désormais, ça ne finissait plus jamais comme ça dans la vraie vie. C'était déjà rare avant, mais maintenant c'était carrément impossible. Certes, les films restaient beaux et émouvants, mais cette petite pointe de frustration nous rattrapait toujours. Pour les rêveurs acharnés comme moi, c'était dur à accepter.

Après m'être réveillée, je repris une douche – j'adorais vraiment les douches ce n'était pas une blague – et me changeai pour aller à mon cours de karaté. J'aimais beaucoup ça, on retrouvait certaines techniques que j'avais déjà pu apprendre au pensionnat, mais ça changeait quand même bien du krav-maga, qui constituait une bonne partie de mon apprentissage. Et puis, le prof n'était pas mal du tout entre nous. Il me répétait que j'étais douée et que j'apprenais vite. C'était bon pour la confiance en soi, mais concrètement, ça avait toujours été le cas – pas la peine de faire de la fausse modestie – seulement les profs de Minneapolis ne vous le disaient jamais de cette manière.

Là c'était aussi un peu différent, je détestais ce terme, mais il était possible qu'on flirte un peu ensemble. Lizzy me rejoignait toujours à la fin de mon cours et quand il me raccompagnait à la porte, j'avais aussi toujours droit à son regard mi-exaspéré et mi-amusé l'air de dire : « À quoi tu joues Anna ? » Et moi je lui répondais quelque chose du genre : « Puisqu'on est ici autant en profiter ! »

Mais cette semaine se passa différemment et j'avais déjà eu comme un mauvais pressentiment. J'en avais évidemment parlé à Lizzy, mais elle me répétait que j'étais parano comme d'habitude et je commençais à me dire ça, moi aussi. Jusqu'à aujourd'hui.
Je m'approchai de la fenêtre de la salle d'entraînement pour prendre ma bouteille d'eau quand j'aperçus un homme au coin de l'immeuble d'en face. Il était vêtu tout de noir, mais son oreillette se reflétait au soleil. C'était un homme grand et musclé. Un Soleil. Il se cacha rapidement après avoir remarqué que je l'avais vu et me confirma son identité par la même occasion. Je ne perdis pas une seconde et sortis mon téléphone de mon sac.

- Savannah ? décrocha Lizzy, inquiète.

- Surtout ne viens pas me chercher, m'empressai-je de lui répondre, rentre vite à la maison, fais-moi confiance, verrouille tout à clé, et...

- Savannah ? m'appela le prof qui devait être surpris de me voir au téléphone en plein cours.

- J'arrive, je suis désolée ! Je dois raccrocher, fais vite, ajoutai-je doucement pour Lizzy.

Je raccrochai et me tournai vers Monsieur Beau Gosse.

- Tout va bien ? me demanda-t-il gentiment.

Ses grands yeux bruns me fixaient et je ne savais que lui dire. Comment lui dire que c'était la dernière fois que nous nous voyons et que je ne pourrais même pas rester jusqu'à la fin du cours ? Ne pas lui dire peut-être ? Pouvais-je faire ça à un garçon qui n'avait toujours montré que de la délicatesse envers moi ? Je savais pourtant à quoi m'attendre en quittant Minneapolis, aucune pitié, aucun attachement. C'était à Lizzy que je devais penser, c'était à elle que je devais tout.

- Pas vraiment, je viens...je viens d'apprendre une nouvelle terrible et je ne pense pas pouvoir rester, lui mentis-je tristement.

- Ne t'inquiète pas, je comprends, me répondit-il avec un sourire compatissant. On se verra la prochaine fois... ou pas, se rattrapa-t-il, prend le temps qu'il te faudra.

- Merci beaucoup, tu...tu es vraiment quelqu'un de bien ! ne pus-je m'empêcher de lui dire.

Il me serra brièvement dans ses bras, puis je récupérai mes affaires et l'embrassai sur la joue une dernière fois. Je finis par quitter le gymnase en vitesse et je me dépêchai de rejoindre notre voiture, garée juste devant.

Fille du SoleilOù les histoires vivent. Découvrez maintenant