Chapitre 5

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- Que veux-tu faire cet après-midi ? me demanda Lizzy après que j'eusse fini de faire la vaisselle.

Elle était elle-même en train de plier notre linge et vous pouvez parfaitement comprendre que les corvées ménagères ne passionnaient deux jeunes filles de 17 ans.

- Je sais que ce n'est pas très glamour, mais il faudrait qu'on aille en repérage et surtout qu'on trouve un nouveau plan, lui expliquai-je. Ça a marché une fois et ils ont beau être stupides et ils ne se feront pas avoir deux fois.

- En effet ce n'est pas très glamour..., rechigna-t-elle. Et si pour cette fois on faisait du shopping à la place ?

Je la félicitai mentalement pour la manière dont elle avait réussi à glisser un « pour une fois » tout à fait naturellement dans sa phrase alors que nous en faisions presque toutes les semaines.

- Tu en as vraiment envie ? Je veux dire, je ne serais jamais contre une séance shopping, mais c'est ton argent Lizzy, on en aura sûrement besoin pour autre chose.

Je n'avais peut-être pas suivi des cours d'économie, mais je savais bien que l'argent ne tombait pas du ciel et qu'il finissait toujours par s'écouler. Être prudentes était nécessaire.

- Oh Savannah s'il te plaît, me supplia-t-elle avec son air de chien battu.

J'hésitais. Nous avions bien plus de priorités, mais je savais que Lizzy faisait déjà beaucoup d'efforts et puis, nous pourrions toujours réfléchir à un plan en faisant les emplettes. La facilité avec laquelle cette jeune Princesse avait raison de moi était quelque peu inquiétante, mais passons...

- D'accord, mais discrètement ! finis-je par céder.

Je relevai mes cheveux et enfilai ma perruque. Lizzy se retenait de rire.

- Plutôt que de te moquer de moi, tu devrais t'occuper de ta perruque ! me défendis-je.

Elle se mit à rire délibérément, mais suivit tout de même mon conseil. Sa perruque était d'un brun clair qui allait bien avec sa peau, cependant les cheveux étaient bouclés d'une manière grossière, ce qui lui déplaisait énormément, mais convenait parfaitement à la situation. Lizzy me surprit alors en train de la fixer.

- D'accord c'est bon ! admit-elle. Tu as le droit de rire.

Je m'autorisai à pouffer quelques instants, puis recouvris mon sérieux.

Une heure plus tard, nous nous trouvions au centre commercial Opry Mills. Comme d'habitude, je me perdis toutes les trente secondes parmi les nombreuses allées et les dizaines de magasins et restaurants. Voilà le genre d'orientation que le pensionnat ne m'avait pas enseigné. À l'inverse, Lizzy était une boussole humaine dans ce genre d'environnement ce qui s'avérait très utile.

Après Chicago, la comparaison était dure, mais Nashville se défendait admirablement. Certes le choix était plus restreint, mais ici les gens étaient là en famille ou entre amis, personne ne se bousculait et l'extravagance des enseignes ne faisait pas mal aux yeux. Cela rendait encore plus navrante mon incapacité à profiter de ce qui m'entourait, tant j'étais préoccupée par notre besoin d'un nouveau plan de secours.

- Alors, qu'est-ce qui te ferait plaisir ? me demanda Lizzy.

- Trouver un fichu plan ! rétorquai-je, frustrée. Les semer dans les boutiques risque d'être compliqué, pensai-je à voix haute.

Eliza m'attrapa alors par les épaules et me força à la regarder.

- Je parlais des vêtements, Anna. Je sais que tu t'inquiètes pour nous, mais ça va aller. Pour commencer, les Soleils n'ont pas la moindre idée que nous sommes à Nashville, encore moins au centre commercial alors laisse-moi te faire plaisir, s'il te plaît.

Fille du SoleilOù les histoires vivent. Découvrez maintenant