Chapitre 61

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Dire que Kyle était un petit con était un euphémisme. Néanmoins, un regard avait suffi à M. Carter pour comprendre qu'il n'était pas dans un état très lucide et que je n'en étais pas responsable. En revanche, je devais « absolument cesser de tabasser les membres de l'Élite », ainsi j'avais tout de même reçu l'interdiction de l'approcher à moins de quinze mètres. Cela me paraissait légèrement ridicule puisque nous vivions tous les uns sur les autres au pensionnat, mais je ne m'attendais pas à ce que M. Carter comprît cela.

Quant à Lizzy et Luke, je n'avais jamais pu entendre la fin de leur conversation. J'ignorais par conséquent s'ils avaient eux-mêmes entendu ce qu'il s'était passé derrière la tente mais le contraire m'arrangeait. Dans tous les cas, les paroles ayant été prononcées ce jour-là m'avaient fait réfléchir. J'étais désormais prête à tout pour qu'il payât pour ses erreurs. Il n'était pas question qu'il écopât du rôle du petit-copain au cœur brisé alors qu'il avait déjà tenté de tuer ma meilleure amie à plusieurs reprises. Non seulement, j'allais ruiner ses plans, mais j'allais aussi me venger. Et nulle vengeance n'était plus froide que celle d'une personne qui n'avait rien perdre.

Je n'allais m'arrêter que lorsqu'il ressentirait ce qu'il m'avait fait ressentir, quand il perdrait ce qu'il m'avait fait perdre. Lorsque Lizzy verrait sa vraie nature, elle me pardonnerait et nous pourrions enfin nous ouvrir à nouveau l'une à l'autre. Aucun garçon, élitiste ou autoritaire, ne s'interposerait entre nous. Je savais ce que je voulais à présent. J'étais désespérément obstinée à reprendre ce que l'on m'avait volé. Bien que beaucoup l'ignorait encore, la partie avait déjà commencé et s'il le fallait pour que je gagnasse, elle finirait en bain de sang.

- Je connais ce regard, déclara Marley, toi ma chère amie, tu prévois quelque chose de dangereux.

Nous nous préparions pour le bal, dans ma chambre, depuis un moment maintenant. Je jubilais. Pour commencer, ma robe était tout simplement parfaite. Tout était là. Je perdrais mon temps en expliquant chacun de ses petits détails, déjà, parce qu'il y en avait des centaines, et ensuite parce que vous n'avez pas besoin de ça pour comprendre l'idée générale. Mais il y avait une chose que vous ne savez pas encore.

À cet instant, je portais bien la robe de ma mère. La soie qui recouvrait mes jupons, la dentelle de ma manche, les perles de ma ceinture. Elle était bien là et pourtant, il fallait l'avoir vue pour savoir que j'en portais les plus beaux éléments. Autrement, vous ne reconnaîtriez jamais la moindre petite ressemblance entre ces deux modèles. Voilà pourquoi ma mère, elle, tomberait des nues en voyant ma photo apparaître dans le journal car bien entendu, qui disait bal, disait photographes.

Pour compléter ma tenue magnifiquement extravagante, Marley me tressait les cheveux en épis de blé sur le côté, en me laissant plusieurs mèches libres, bouclées à la perfection. Elle ajouta ensuite des épingles ornées de petites pierres bleues marines et dorées, en accord avec mes boucles d'oreilles. Et puis, vous la connaissez, elle se débrouilla aussi pour me maquiller de manière à mettre mes yeux en valeur de la plus charmante des manières. Qu'aurais-je fait sans elle ? Ça je me le demandais...

Alors qu'elle donnait à ma tenue ses dernières retouches, elle me lança son regard suspicieux.

- Peut-être bien, lui répondis-je.

Elle pencha la tête sur le côté et m'adressa air réprobateur.

- Mais ne craint rien, tu es mon ange gardien après tout, je sais que tu veilleras sur moi ce soir.

Fille du SoleilOù les histoires vivent. Découvrez maintenant