Marley allait être enterrée au pied du grand arbre dont je parlais à chaque fois qui était en fait un hêtre génétiquement modifié, c'est-à-dire, mélangé à un cerisier japonais.Oui...c'était possible.
Nous étions tous réunis en arc de cercle devant le trou creusé pour elle, au-dessus duquel était maintenant le cercueil. À la droite du prêtre se trouvaient deux photos de Marley, calées sur des chevalets. L'une des deux avaient été prise lors de la Battle, elle était tout simplement splendide. Elle brillait de passion et de joie. Le simple souvenir de ces quatre minutes absolument merveilleuses me donnait les larmes aux yeux. La seconde était la fameuse photo du cadre posé sur le bureau de Jason. Cette photo incroyable, pourtant prise à son insu, nous illuminait plus que le soleil lui-même. Elle était si belle, si rayonnante, si vivante...
J'avais rencontré sa mère pour la première fois la veille. C'était sans aucun doute une femme admirable. Elle ne paraissait ni vieille ni étonnamment jeune, elle faisait partie de ces personnes que l'âge embellissait. Mme Rhodes était une femme charmante dotée d'une élégance et d'une grâce qu'elle avait certainement transmises à Marley, nous l'avions tous deviné. Son père était un grand homme aux cheveux grisonnant mais qui n'avait rien perdu de son charme. Il ne parlait que très peu mais était peut-être le plus bouleversé de la famille. Quand vous voyiez ce genre de famille, il était impossible que vous ne fussiez pas touché rien qu'en tentant d'imaginer la douleur que devait être la leur. Leur petite fille était morte. Leur bébé avait quitté ce monde bien avant eux. Quel monde injuste et cruel...
J'avais beau être dévastée par ce qu'il venait de se passer, j'avais beau avoir perdu espoir, j'avais beau avoir perdu mon cœur dans une mare de sang et de larmes, je ne saurais jamais quelle douleur pouvait être celle de la famille Rhodes. Je ne saurais certainement jamais quelle torture était le fait de perdre son propre enfant. Quelque part, je m'en réjouissais. Jamais je ne pourrais infliger à un innocent bébé la peine de vivre et de grandir dans ce monde de ruines et de cendres.
Chacun avait ses réflexions et qu'elles fussent semblables ou différentes, elles justifiaient le fait que nous étions déjà tous en larme avant que le prêtre ne nous posât une question qui provoqua encore davantage d'émotion.
- M. Rhodes, Mme Rhodes, voulez-vous que j'ouvre le cercueil une dernière fois pour vous ?
Mme Rhodes eut un haut-le-cœur en entendant ces mots et plaça son mouchoir devant sa bouche, bouleversée. Son mari passa un bras autour de ses épaules et l'embrassa sur le front, retenant ses propres larmes. Elle ne cessait de balbutier des paroles inaudibles et tremblait sur ses fines jambes.
- Oui, déclarai-je alors avec assurance.
Tous les regards se tournèrent vers moi et je m'avançai distinctement d'un pas en m'adressant clairement au prête.
- Moi, je le veux.
J'ignorai toutes les petites remarques hésitantes mais sentis le souffle chaud de Jason contre mon oreille.
- Anna, es-tu sûre que ce soit bien ce que tu veux ? me demanda-t-il.
J'étais persuadée qu'il ne faisait que refouler sa propre peur de se confronter aux sentiments qui l'assailliraient en la regardant pour la dernière fois. Et moi ? Étais-je apeurée ? Non. J'étais terrifiée.
- Ils...ils ne m'ont pas laissé la voir depuis...tu sais quoi. (Je hochai tristement la tête) J'en ai besoin.
Le prêtre m'invita à le suivre d'un geste et il souleva le premier couvercle de ce beau cercueil en bois ciré. J'eus immédiatement le souffle coupé et l'impression que l'on m'avait donné un grand coup de massue dans la poitrine. Une partie de moi ne voulait pas arrêter d'espérer qu'elle fût seulement endormie, comme la Belle au bois dormant n'attendant que son prince, mais je savais pertinemment que son sommeil était éternel.
VOUS LISEZ
Fille du Soleil
ParanormalSavannah Teresa Hamilton, dossier n°1617, est une fille du Soleil habitant au pensionnat de Minneapolis depuis l'âge de 12 ans. Elle y a été éduquée et entraînée pour servir et protéger l'Élite. Ordre et discipline ont peut-être aidé à former une co...